Les pluies intenses associées aux orages sont un phénomène relativement fréquent en France, particulièrement dans le sud-est du pays. Le déclenchement de ce type d’orage très pluvieux nécessite une conjonction d’éléments qu’il est souvent plus aisé de réunir dans les régions méditerranéennes : la proximité de la Mer Méditerranée - qui fournit en abondance chaleur et humidité -, et la topographie particulière de cette région - accidentée - fournissent plus fréquemment qu'ailleurs les ingrédients nécessaires à ce type d'épisodes. L'influence des reliefs, qui favorisent le développement d’orages très pluvieux par modification des champs de vent près du sol et forçage des ascendances, y est prépondérante. Les régions qui s'étirent du Roussillon jusqu'à la Côte-d'Azur constituent donc, de loin, la région française la plus souvent concernée par ce type d'épisodes.
C'est notamment ce qu'illustre la carte présentée plus bas. Celle-ci repose sur la climatologie des précipitations extrêmes sur notre territoire. Stricto-sensu, le seuil de pluies diluviennes est défini conventionnellement par l'observation d’une lame d’eau supérieure à 190 mm en 24h. De tels cumuls sont, dans la plupart des cas, observés uniquement dans le sud-est de la France, essentiellement à l’automne. Afin d'élargir le spectre de l'étude des orages très pluvieux sur le territoire français, la carte ci-dessous est basée sur un seuil d’orage très pluvieux fixé à 100 mm en 24h.
L’exposition au risque des départements métropolitains peut s’évaluer avec les quantités d’eau déversées en de brefs laps de temps, notamment les lames d’eau en 1h relevées sur chaque département. Même si les valeurs brutes dépendent du maillage en pluviomètre des départements, plus ou moins homogène, elles permettent, après extrapolation, de distinguer efficacement les zones davantage soumises au risque de cellules orageuses diluviennes.
Si l’on observe les lames d’eau en 1h sur chaque département (toutes stations météorologiques confondues), on remarque plusieurs aspects :
>>> Un peu plus de 10% des départements métropolitains ont déjà relevé plus de 100 mm en 1h. Ces derniers sont tous situés dans les régions méditerranéennes, à l’exception notable de la Haute-Loire et du Lot-et-Garonne.
>>> 50% des départements ont déjà relevé une lame d’eau en 1h supérieure à 60 mm. Ces départements sont très majoritairement situés entre le sud-ouest et le nord-est du pays, à quelques exceptions près très ponctuelles dans le nord-ouest.
Ainsi, sur l’ensemble des données climatologiques disponibles, il ressort que les régions méditerranéennes sont très fortement exposées aux orages très pluvieux. L’automne, et particulièrement les mois de septembre et octobre, rassemble l’immense majorité des occurrences sur ces secteurs.
Une autre zone s’étendant de l'Aquitaine et des Pyrénées jusqu'au Massif Central et au Jura est également régulièrement exposée à ce type d'orages. La saisonnalité sur ces secteurs diffère des régions méditerranéennes. On observe certes des orages très pluvieux par débordements d’épisodes méditerranéens automnaux, mais la majeure partie des orages très pluvieux s'y développent en saison estivale, lors de dégradations orageuses typiques de l’été (orages en V dans le Massif Central par exemple).
Enfin, on note une exposition aux orages très pluvieux faible à modérée du centre-ouest aux plaines centrales, jusqu’aux frontières belges et allemandes. L’absence de reliefs et la géographie de ces secteurs ne jouent en effet pas en faveur du déclenchement d’orages très pluvieux.