Observatoire français des tornades et orages violents

Nouveau : ajout des radars Doppler sur la carte temps réel

Un complément indispensable pour observer en direct la structure interne des orages

Rotations, mésocyclones et tornades

Les radars Doppler ont pour vocation d’évaluer la vitesse de circulation des météores au sein des nuages, ainsi que leur direction. Ils mesurent leur « vitesse radiale », c’est-à-dire leur vitesse d’approche ou d’éloignement par rapport au radar.

Cette information est particulièrement intéressante pour le suivi et l’analyse des orages, dans la mesure où ces radars permettent de sonder en profondeur la structure et l'organisation des cellules orageuses, et d’identifier notamment les mésocyclones ainsi que les tornades potentielles.

Les images issues de ces radars sont mises en ligne sur le site depuis le 15 mai dernier. Elles viennent désormais d’être intégrées à la carte de suivi en temps réel.

Des images Doppler qui bénéficient de tous les atouts de la carte temps réel

Créée par Keraunos en 2012, régulièrement améliorée et complétée, la carte interactive en temps réel est un outil unique en son genre, qui permet de superposer librement une multitude d’informations météorologiques (images radars, foudre, températures, vents, instabilité, potentiel de tornades, …) et de suivre ainsi de manière précise et interactive l’évolution des conditions météorologiques sur toute la France.

L’ajout des images de vitesses radiales sur ce support démultiplie les possibilités de suivi :

•    les images Doppler peuvent être zoomées librement pour repérer précisément la localisation des zones de rotation ou d’accélération des vents ;

•    il est possible de superposer les images Doppler et les analyses temps réel des profils atmosphériques, notamment l’hélicité relative (SRH) ou le Significant Tornado Parameter (STP), ce qui permet par exemple d’évaluer le potentiel d’évolution tornadique à court terme dans une zone où évolue une signature radar suspecte ;

•    l’ergonomie a été pensée pour pouvoir passer en un clic d’un radar Doppler à l’autre, mais aussi de basculer en un instant de la mosaïque réflectivités au radar Doppler,  ce qui permet d’analyser une même cellule orageuse par une multitude de points de vue et par différents canaux.

Ce nouveau dispositif offre ainsi un suivi précis, pratique et en temps réel des orages les plus violents.

Nouveau : ajout des radars Doppler sur la carte temps réel

Exemple d'image radar Doppler (radar de Plabennec), superposée à l'hélicité relative (SRH 0-3 km). La superposition des deux, en contexte orageux, peut renseigner sur le potentiel d'évolution supercellulaire à courte échéance.

Comment interpréter une image radar Doppler ?

Sur les images Doppler, les plages de couleur verte indiquent que le vent se rapproche de l’antenne radar, quand les plages de couleur rouge indiquent que le vent s’en éloigne. Cette mesure ne peut être effectuée qu’en présence de météores (gouttes de pluie typiquement), ce qui explique que les images soient lacunaires et ne fournissent des données qu’en présence d’un système perturbé (perturbation pluvieuse, cellule orageuse, …).

On recherche principalement dans les images de ce type des signes d’accélération du vent, ou des signes de rotation du vent au sein de cellules convectives actives, préalablement identifiées via les réflectivités radars classiques. Ainsi, au radar Doppler :

•    une accélération du vent se repère habituellement par une zone concentrée de fortes vitesses d’approche (vert clair/bleu) ou de fortes vitesses d’éloignement (rouge clair/orange). Lorsque ces signaux sont détectés dans le courant descendant d’une cellule orageuse, l’imminence de puissantes rafales de vent au niveau du sol doit être surveillée.

•    une rotation du vent se repère généralement par un dipôle de vitesses radiales. Ceci trahit en effet l’existence de vents de directions contraires dans un périmètre restreint. Ce dipôle se manifeste typiquement par la juxtaposition axisymétrique d’un noyau de fortes vitesses d’approche (vert) et d’un noyau de fortes vitesses d’éloignement (rouge). Dans les faits, ce dipôle est parfois délicat à repérer, dans la mesure où la vitesse de translation de la cellule orageuse influence la vitesse d’éloignement ou d’approche des météores par rapport au radar. Dès lors, un dipôle peut être constitué par un noyau de faible éloignement et un noyau de fort éloignement (teinte rouge/orange tous les deux), ce qui est nettement plus délicat à repérer visuellement. Lorsqu’une telle rotation est détectée de manière persistante dans la zone d’alimentation d’une cellule orageuse, il est possible d’établir l’existence d’un mésocyclone et dès lors d’une supercellule. Lorsque le dipôle est très concentré et très marqué, un potentiel de tornades est à surveiller à court terme dans l’axe de transit du dipôle.

Nouveau : ajout des radars Doppler sur la carte temps réel

Exemple typique d’une signature de fortes rafales descendantes : une plage de fortes vitesses radiales s’étire dans le courant descendant d’un système orageux. Image source NOAA.

Nouveau : ajout des radars Doppler sur la carte temps réel

Exemple typique d’un dipôle de vitesses radiales : deux noyaux de vitesses radiales contraires se juxtaposent. Une forte rotation est présente dans cette zone, avec risque élevé de tornade. Image source NOAA.

L’analyse et l’interprétation de ces images n’est certes pas toujours aisée, demande une certaine expérience, et peut être rendue complexe par de fréquents artefacts et autres biais de détection. Néanmoins, leur apport dans le cadre du suivi en temps réel des orages est considérable, et optimal lorsque plusieurs sources radars peuvent être analysées conjointement pour une même cellule orageuse, ce que permet désormais de faire instantanément la carte en temps réel.