Observatoire français des tornades et orages violents

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

L'été 2024, un peu plus chaud que la normale et bien pluvieux, a été caractérisé par une activité orageuse contrastée, très faible sur un grand quart nord-ouest, plus conforme à la climatologie en allant vers les reliefs de l'est. Bilan complet.

Des orages plus fréquents du sud-ouest au Jura

L'été 2024 est resté assez maussade dans sa première partie, avec des températures proches des normales et des précipitations excédentaires. La deuxième partie de la saison, et plus particulièrement la période entre la fin juillet et la fin août, s'est révélée plus chaude, et plus propice aux dégradations orageuses actives. 

Malgré tout, l'activité convective de l'été a été relativement bien répartie sur les trois mois de la saison, avec des dégradations orageuses assez régulières. Les pics d'activité mis en évidence par le graphe des indicateurs quotidiens de sévérité orageuse montrent cette régularité dans les périodes orageuses, ainsi que l'absence d'épisodes réellement très sévères et de grande envergure (les valeurs d'ISO sont toujours restées inférieures à 30). 

Au total, 79 jours d'orage ont été enregistrés, soit une valeur conforme à la moyenne. 87% des journées estivales ont été orageuses sur le territoire français.

On observe sur le graphique ci-dessous l'évolution des indicateurs de sévérité orageuse quotidiens, qui combinent fréquence et sévérité des orages. 

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Indicateurs de sévérité orageuse quotidiens de l'été 2024

On rencontre au cours de cet été 2024 un nombre maximal de jours avec orage près des reliefs des Alpes. Le dégradé ouest/est est assez marqué avec une activité nettement plus rare sur un bon quart nord-ouest du pays. 

Une fois n'est pas coutume, c'est la Savoie qui a relevé le nombre de jours d'orage le plus élevé de la saison avec 40 jours. Viennent ensuite la Haute-Savoie (38 jours), les Alpes-Maritimes (37 jours), l'Ain, le Doubs et le Jura (35 jours).  On constate pour le troisième été consécutif une climatologie contrariée sur le sud des Alpes, habituellement davantage soumis aux orages.

A l'inverse, deux tiers des départements de métropole relèvent moins de 30 jours d'orage sur l'été. Ils sont très globalement situés sur le nord-ouest du pays, mais également autour de la Méditerranée. Globalement, à l'ouest d'une ligne Midi-Pyrénées/Lorraine, les orages ont été peu fréquents durant cette saison estivale.

Si l'on confronte ces données à la moyenne, on remarque que la fréquence des orages cet été ne présente pas d'anomalie significative à échelle nationale. On observe toutefois à l'échelle départementale des déficits très majoritaires, et parfois sévères, notamment sur l'est de l'Occitanie et du centre-ouest aux côtes de la Manche. Les déficits atteignent parfois 10 à 11 jours sur le Poitou, 9 jours du Calvados à l'Orne et à la Vienne ainsi que sur l'Hérault.

D'une manière générale, les excédents sont très localisés et peu marqués, cantonnés aux reliefs du nord des Alpes, au Jura et à la Corse. Ils culminent à +4 jours sur la Corse-du-Sud et à +3 jours sur l'Aube, la Haute-Savoie ou les Landes.

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Nombre de jours d'orage durant l'été 2024

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Ecart à la moyenne du nombre de jours d'orage durant l'été 2024

Les régions situées entre le sud-ouest et les massifs de l'est ont été davantage concernées par des phénomènes intenses sous les orages. Outre la grêle, bien plus fréquente en juillet - et qui comptabilise à lui seul plus de la moitié des fortes chutes de la saison -, les rafales de vent violentes ont également ponctué ce trimestre sur ce même axe.

On retiendra notamment de cet été la séquence orageuse très active des 18 au 20 juin ainsi que l'épisode orageux localement violent du 29 juin. C'est en juillet que les fortes chutes de grêle ont été les plus fréquentes, avec plus de la moitié des cas de la saison. On retiendra durant ce mois les orages virulents et très pluvieux du 31 juillet. 

En août, les conditions ont été plus clémentes avec une chaleur sèche plus fréquente et des épisodes orageux moins sévères. Seulement 15% des cas de fortes chutes de grêle de la saison estivale ont été relevés durant ce mois.

Au total, sur l'été, plus de 5000 fortes chutes de grêle ont été relevées, dont une grande majorité d'entre elles sur le centre sud de la France. Au niveau des rafales (micro ou macrorafales), plus de 150 occurrences ont été enregistrées.

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Fortes chutes de grêle recensées durant l'été 2024

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Rafales linéaires (en jaune), microrafales (en orange) et macrorafales (en rose) recensées durant l'été 2024

Un été fortement instable, sauf dans le Nord

A échelle nationale, l'été 2024 a présenté une instabilité excédentaire, avec une MUCAPE supérieure de 55% à la normale 1991-2020. Il s'agit du deuxième été le plus instable des 20 dernières années en France, et le 8ème été consécutif à présenter un excès d'instabilité.

Ce sont principalement les régions qui s'étirent du sud-ouest au nord-est du pays qui ont présenté l'instabilité la plus marquée durant cet été. A l'inverse, on note un déficit près de la Méditerranée, et plus encore entre le nord de la Bretagne et la Manche. De fait, la plupart des épisodes orageux ont affecté cet été un axe Limousin - Auvergne - Lorraine, avec des scénarios souvent voisins d'un épisode à l'autre.

Les journées les plus instables de l'été 2024 ont été observées les 30 et 31 juillet, ainsi que les 12 et 13 août.

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Ecart à la normale de l'instabilité durant l'été 2024. © KERAUNOS

Quels types de temps ont dominé durant cet été ?

La pression atmosphérique a été plus basse que la normale sur l'ensemble de l'Europe durant cet été 2024, avec des déficits plus marqués en allant vers la Méditerranée d'une part, et vers l'Islande et la Scandinavie d'autre part. Cette configuration explique la succession récurrente de systèmes perturbés sur la France, avec des épisodes pluvio-orageux réguliers et parfois actifs. De fait, les périodes de temps calme, anticyclonique et sec ont été rares et brèves.

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Ecart à la normale de la pression réduite au niveau de la mer durant l'été 2024. © KERAUNOS

En altitude, on note la présence d'une anomalie basse de pression entre Islande et Groenland. Celle-ci a étendu son influence en direction de la France, avec par conséquent une fréquence plus marquée qu'à l'accoutumée des flux à dominante océanique, notamment près de la Manche, d'où le déficit d'orages enregistré sur le nord-ouest du pays.

La masse d'air en présence dans cette configuration a été en moyenne un peu plus chaude que la normale sur la France, avec un excédent d'autant plus fort que l'on se dirige vers les Alpes et la Méditerranée. Ce fort gradient thermique entre le nord-ouest et le sud-est du pays a été l'un des déclencheurs récurrents d'orages dans la zone de contact entre masses d'air océanique et subtropicale, soit le plus souvent entre Pyrénées, Massif Central et Lorraine. On note que l'air le plus chaud a été éjecté en direction de la Grèce d'une part, et de l'extrême nord du continent d'autre part (Laponie, Svalbard), tandis qu'un déficit a été observé de l'Ecosse au sud du Groenland.

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Ecart à la normale du géopotentiel à 500 hPa durant l'été 2024. © KERAUNOS

Eté 2024 : une activité contrastée, très faible dans l'ouest

Ecart à la normale de la température à 850 hPa durant l'été 2024. © KERAUNOS