Observatoire français des tornades et orages violents

Le 9 juin 1935 vers 18 heures locales, une tornade d'intensité modérée (EF2) ravage une partie de la forêt de Loray (Doubs) ainsi que les abords du ravin de Martinvaux. Le phénomène a fait l'objet d'une étude complète dans La Météorologie (volume 78, page 526), avec une photographie aérienne des dommages, chose très rare pour l'époque. 

* commune traversée : LORAY (Aige des Sapins, ravin de Martinvaux)
* département : DOUBS (25)
* altitude moyenne du terrain : 680 mètres
* type de terrain : territoires agricoles, forêt et milieux semi-naturels

* principaux dégâts : 50 hectares de gros sapins de 20 à 30 mètres de hauteur couchés sur le sol, "pêle-mêle, en un inextricable fouillis" (arbres de toute grosseur déracinés, brisés, dépouillés) ; toitures arrachées sur deux maisons inhabitées

  

 
Cette trajectoire approximative a été établie en fonction des informations disponibles (publications scientifiques, reconstitution du flux pour la journée du 9 juin 1935).

 

Un périmètre de dévastation restreint

La tornade de Loray du 9 juin 1935 présente des caractéristique peu ordinaires. En dépit d'une intensité significative (EF2), la distance totale parcourue se limite à 2,4 kilomètres, selon la reconnaissance de terrain effectuée par René Baillaud (La Météorologie). Surtout, la tornade présenterait une largeur remarquable de 1200 mètres, largeur que l'on peut supposer être maximale (où avec des aspirations périphériques) dans la mesure où les clichés des dégâts montrent une giration complète dans un rayon de 300 à 400 mètres seulement. Pour ces raisons, la largeur de la tornade de Loray est considérée comme indéterminée à ce jour. 

D'après le Progrès de la Côte-d'Or, la tornade se manifeste au terme d'une chute de pluie assez abondante : "on aperçut une formidable trombe d'eau qui tournoyait au-dessus des magnifiques sapins couvrant les pentes du vallon". Accompagnée d'un "bruit sinistre", la tornade dévaste 50 hectares de forêt, ce qui n'est pas sans rappeler les "douloureux paysages de Verdun pendant la guerre" (sic).

 
TROMBE DE LORAY par René Baillaud

Dimanche, 9 juin, vers 18 heures, une trombe s'est abattue sur la commune de Loray (Doubs), au lieu-dit « L'Aige des Sapins », et sur la bordure du ravin de « Martinvaux ». J'ai pu me rendre sur les lieux le 11 juin avec M. le Conservateur des Eaux et Forêts Fauveau et avec M. l'Inspecteur Billet. Nous avons constaté que le sinistre s'était étendu sur un espace restreint, 1 200 mètres de large et 2 400 mètres de long environ ; la longueur dans le sens de la marche du phénomène (de l'Ouest à l'Est). La contenance de la forêt de Loray étant de 309 hectares, 50 hectares environ ont été détruits.

 
Les arbres ont été soit arrachés et renversés à terre sans subir alors de grands dommages, soit, et pour la plupart, sectionnés comme par une faux, à 4 mètres environ au-dessus du sol, la trombe ayant laissé debout après son passage  d'immenses chandelles ébranchées. Les arbres dont il s'agit sont de fort beaux résineux de 25 mètres environ de hauteur. Beaucoup de troncs sont fendus dans le sens longitudinal comme si ces arbres, avant d'être cisaillés comme nous venons de le dire, avaient subi un extraordinaire effort de torsion. Chose curieuse, de rares bouquets d'arbres sont restés absolument intacts au milieu de cette désolation

Sur trois maisons qui se trouvaient sur les lieux du sinistre, deux étaient inhabitées et ont eu leur toiture arrachée ; une était habitée et est restée intacte. Aucun accident de personne n'a été signalé. Les photographies reproduites ici (fig. 3 et 4) ont été prises par M. l'Inspecteur Billet, qui a bien voulu nous les communiquer.

Le garde forestier Pegeot nous a exposé que deux orages de grêle avaient éclaté avant le sinistre, l'un au sud sur Flangebouche, l'autre au nord sur la Sommette, s'étaient dirigés l'un vers l'autre, et s'étaient d'après lui rencontrés sur Loray.

Le compte-rendu des dégâts permet de valider une intensité EF2 pour la tornade de Loray : certes, les dommages infligés à la végétation sont spectaculaires, mais ils concernent des essences fragiles par nature, qui plus est dans un environnement forestier dense (phénomène d'entraînement). Par ailleurs, aucune mention de fortes projections à distance n'est signalée. 

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