Bilan de l'activité orageuse de l'été 2019
La compilation des données kérauniques de l'été 2019 est achevée, un bilan de l'activité orageuse observée au cours des mois de juin, juillet et août 2019 peut être établi. Cet été 2019 se révèle contrasté, surtout très orageux dans le centre-est.
Supercellule dans la Marne le 9 août --Christophe ASSELIN (Chroniques Chaotiques)
Un été contrasté, plus orageux sur le centre-est
L'été 2019, ponctué de canicules exceptionnelles, a connu une activité orageuse un peu plus fréquente que la moyenne des étés précédents. Le nombre de jours avec orage est malgré tout en nette baisse par rapport à l'été 2018. Ainsi, 83 jours d'orage ont été enregistrés, soit une valeur donc légèrement supérieure à la moyenne 2009-2018.
Au total, 90% des journées estivales ont été orageuses sur le territoire français.
Malgré une activité globale ponctuellement soutenue, l'activité orageuse s'est révélée irrégulière durant ces trois mois d'été, et a surtout été dominante sur la moitié est de la France, en particulier sur le centre-est du pays. Si l'on considère les mois de manière indépendante, on constate une activité moins virulente que la moyenne, malgré une fréquence de jours avec orage plus élevée que la moyenne.
Au total, 90% des journées estivales ont été orageuses sur le territoire français.
Malgré une activité globale ponctuellement soutenue, l'activité orageuse s'est révélée irrégulière durant ces trois mois d'été, et a surtout été dominante sur la moitié est de la France, en particulier sur le centre-est du pays. Si l'on considère les mois de manière indépendante, on constate une activité moins virulente que la moyenne, malgré une fréquence de jours avec orage plus élevée que la moyenne.
D'une manière relativement classique en cette saison, on rencontre un nombre maximal de jours avec orage près des reliefs, tandis qu'une activité orageuse plus faible est constatée en allant vers le nord-ouest. De manière conforme à la climatologie, les Alpes du Sud ont connu des orages plus fréquents. C'est en effet sur les Alpes-Maritimes que les orages ont été les plus fréquents avec 47 jours, ce qui est néanmoins bien loin des exceptionnels 70 jours de l'été dernier. Suivent ensuite la Savoie avec 43 jours et l'Isère avec 42 jours puis les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence avec 41 jours et enfin l'Ain avec 40 jours.
Contrairement aux années passées, les Pyrénées ne ressortent pas particulièrement avec une fréquence élevée cette année. Ce n'est pas le cas du Massif-Central, très concerné par les orages de manière générale sur l'été (37 jours sur la Loire et le Puy-de-Dôme).
A l'inverse, près d'un tiers des départements de métropole relèvent moins de 20 jours d'orage sur l'été. Ils sont tous situés sur le nord-ouest et le centre du pays, jusqu'à l'ouest de la Lorraine.
Si l'on confronte ces données à la moyenne 2009/2018, on remarque que la fréquence des orages cet été présente une anomalie peu marquée à l'échelle nationale (+3 jours).
On observe à l'échelle départementale un excédent dominant sur la moitié sud et ponctuellement sur le nord-ouest du pays. A contrario, le déficit est significatif sur le centre du pays, le nord et le nord-est ainsi que ponctuellement sur le Languedoc.
Nombre de jours avec orages durant l'été 2019 et écart à la moyenne 2009/2018 (c) KERAUNOS
Si l'on considère le bilan foudroiement à l'échelle départementale, on constate que l'activité électrique a été bien plus sensible sur le sud des Alpes et le Massif-Central. Les Alpes-de-Haute-Provence (climatologiquement la zone la plus foudroyée de France) a relevé plus de 45 000 éclairs, la Loire arrive en deuxième position avec plus de 41 000 éclairs et le Puy-de-Dôme clôture le podium avec près de 40 000 éclairs.
A l'échelle communale, la carte de la densité des éclairs fait ressortir les zones soumises au foudroiement le plus intense durant l'été. On observe ainsi que les communes du nord des Alpes, de l'est du Massif-Central et ponctuellement d'Alsace ou Toulouse ont connu une activité électrique intense durant cet été avec parfois plus de 300 à 500 éclairs au km² :
Une instabilité remarquable près de la vallée du Rhône
A échelle nationale, cet été 2019 a présenté un fort excédent d'instabilité, avec une MUCAPE supérieure de +73% par rapport à la normale 1985-2016 ; il se positionne de fait au 4ème rang des étés les plus instables en France depuis la fin des années 1940, juste derrière les étés 1983, 2018 et 1975.
Cet excédent d’instabilité latente est particulièrement marqué de la Haute-Loire et de l'Ardèche jusqu'à la Savoie et aux Hautes-Alpes. Sur ces régions, l'été 2019 arrive en deuxième position des étés les plus instables depuis au moins 70 ans. D'une manière générale, ce sont les régions de la moitié sud et celles qui bordent l'Atlantique qui ont connu l'anomalie instable la plus significative.
A l'inverse, sur le Centre, l'Ile-de-France, la Normandie et les Hauts-de-France, l'instabilité s'est relativement peu écartée de la normale 1986-2015 durant cet été, avec des excédents plus modestes, voisins de 20 à 30%. Ainsi, comme durant l'été 2018, un contraste nord / sud assez net a caractérisé cette saison estivale en matière d'instabilité.
Les journées les plus instables de l'été 2019 ont été observées le 27 juin, le 30 juin et le 25 juillet.
Pour ce qui concerne la pression atmosphérique, on constate d’une manière générale que cet été 2019 a été un peu plus dépressionnaire que la normale, notamment sur les régions de l'ouest, qui enregistrent un écart d’environ -1,5 hPa par rapport à la normale 1971-2010. Ceci a conduit les dépressions à se caler régulièrement au large de la Bretagne et de l'Irlande. Cette configuration a de fait assuré des remontées régulières d'air chaud en basses couches depuis le nord de l'Afrique et la Méditerranée vers le nord de la France, en générant des flux de sud parfois particulièrement chauds.
En altitude, on note également une configuration particulièrement propice aux vagues de chaleur sur la France. Une anomalie dépressionnaire marquée est en effet bien identifiable au large de la Bretagne, adossée à des hauts géopotentiels plus marqués qu'à l'ordinaire de l'Italie à la Pologne. Cette configuration atypique des centres d'actions explique la récurrence d'épisodes de chaleurs parfois extrême jusque sur le nord de la France. C'est dans la zone de contact entre ces deux anomalies récurrentes que l'activité orageuse s'est déclenchée le plus régulièrement durant cet été, soit de l'Occitanie à Rhône-Alpes.
Enfin, sans surprise, cet été 2019 qui s’est illustré par des pics de chaleur parfois historiques au sol a également enregistré une forte anomalie chaude vers 1500 mètres d’altitude (ci-dessous à droite), avec un excédent moyen sur la France d'environ 1 à 2°C sur les normales récentes. Ceci le positionne au 3ème rang des étés les plus chauds à cette altitude sur la France depuis la fin des années 1940, derrière 2003 et 2015. Néanmoins, même si la moyenne saisonnière n'arrive pas en première position, les records absolus de chaleur à cette altitude ont été largement battus durant cet été, et ce sur l'ensemble de la France, à l'exception notable de la Corse.
Le 26 juillet, journée la plus orageuse de l'été
L'analyse de l'indicateur de sévérité orageuse permet d'établir que la journée du 26 juillet 2019 a été la plus orageuse de l'été avec un ISO de 26.
Avec un ISO moyen de 5,65, cet été 2019 s'est révélé moins orageux que l'été 2018, retrouvant le niveau de l'été 2017. On distingue sur le graphique ci-dessous, traçant l'ISO quotidien national, plusieurs pics d'activité orageuse,. L'ISO mensuel est resté assez constant tout au long de l'été, avec un score toutefois plus élevé en juillet.