Medicane le 17 septembre en matinée, vu du satellite MODIS/TERRA de la NASA
Une goutte froide peu profonde s'est isolée entre Sicile et Grèce ces derniers jours. Ce précurseur (air froid en altitude) a ainsi favorisé le développement d'orages sur la zone.
Dès le 15 septembre, un minimum dépressionnaire s'accompagnant d'une zone convective persistante s'est développée sur ce même secteur.
Ajout du 2 octobre 2020 : les services météorologiques grecs ont validé une valeur de rafale à 194 km/h sur l'île de Céphalonie, avec vent moyen sur 1 min de 158 km/h, soit l'équivalent d'un ouragan de catégorie 2. De plus, un cumul total de 644 mm a été enregistré.
Point du 18 septembre à 17h00 :
Ce soir, le medicane Ianos se trouve positionné au nord-ouest immédiat du Péloponnèse. Les pluies sont intenses et provoquent des dégâts que ce soit sur les îles Ioniennes ou sur le continent. Des lames d'eau supérieures à 140 mm en 24h sont relevées sur le centre de la Grèce.
Carte des cumuls de pluie relevés par l'Observatoire National d'Athènes (Grèce) à 17h20 le 18 septembre
Les dégâts sur l'île de Céphalonie sont très importants, si bien que de nombreux renforts de secours sont attendus sur place :
Point du 18 septembre à 11h00 :
Des dégâts significatifs sont observés sur les îles Ioniennes ce matin suite à l'arrivée du medicane Ianos. Outre les vents violents (112 km/h relevés à l'aéroport de Céphalonie avec une pression mini de 994 hPa), des phénomènes de submersion marine, causés par la forte houle soulevée par Ianos sont également signalés. Des vagues de 6 m étaient en effet modélisés sur le littoraux des îles Ioniennes pour cette journée.
Ianos stagne en cette fin de matinée sur le même secteur, près de l'île de Céphalonie. Au fil des heures, il devrait graduellement faiblir en migrant vers le sud/sud-est à faible vitesse.
Les coupures d'électricité sont fréquentes, ainsi les reports de stations météo au sol sont très parcellaires.
Point du 18 septembre à 7h30 :
Ianos touche l'ouest de la Grèce tôt ce matin. Les îles grecques à l'ouest de la péninsule sont particulièrement concernées. Des rafales de vent de 100 à 110 km/h sont relevées par les rares stations sur ces mêmes îles. La pression est tombée à 999 hPa. Il apparaît que les modèles de prévision ont quelque peu surestimé le phénomène. Les vents estimés par satellite sont également de l'ordre de 50 noeuds, ce qui correspond à un équivalent tempête tropicale.
Image satellite visible Windy
De violentes rafales de vent étaient observées depuis le lever du jour à Zakynthos avec de fréquentes coupures électricité :
La houle est également marquée sur le littoral grec, avec quelques phénomènes de submersion marine :
Point du 17 septembre à 20h :
En ce début de soirée, Ianos approche de l'ouest de la Grèce progressivement, toujours très lentement. Des rafales de vent de 80 km/h sont pour l'heure relevées sur l'aéroport de Kefalhnia avec une pression à 1004 hPa. Le cœur du medicane est encore éloigné des côtes comme le montre les dernières images satellite.
Image satellite METEOSAT / CIRA
La dernière sortie du modèle ARW 5 km envisage que le medicane longe les côtes ouest de la Grèce, concernant de plein fouet les îles à l'ouest de la péninsule. La tendance à tangenter l'ouest de la Grèce était déjà amorcée sur les précédents runs de modèles et tend donc à se confirmer. Des rafales de vent de 130/150 km/h sont prévues sur les îles, plutôt 100 à 120 km/h sur le littoral de la péninsule :
Point du 17 septembre à 14h :
Les dernières données satellite estiment les vents entre 40 et 50 noeuds au sein du medicane, toujours bien organisé en ce début d'après-midi. L'imagerie satellite visible montre par ailleurs que la convection concerne durablement trois des quatre quadrants de Ianos avec des orages persistants.
Les dernière sortie du modèle ARW en résolution 2 km envisage des rafales de vent jusqu'à 200 km/h en mer (il en est de même sur d'autres modèles à mailles plus larges) :
Prochain point en début de soirée du 17 septembre
Point du 17 septembre à 9h :
Au petit matin, le medicane présente une structure bien nette même si la convection a quelque peu diminué avec la nuit.
Le modèle ARW 5 km simule une structure particulièrement nette, digne des systèmes tropicaux que l'on trouve dans l'Atlantique. Le medicane, de petite taille, est prévu se creuser jusque vers 990 hPa en évoluant vers l'est. Il devrait concerner la façade ouest de la Grèce en journée de vendredi avec un œil bien persistant :
Des rafales de vent proches de 150 km/h sont modélisées sur la côte grecque. Quelques pointes supérieures à 160 km/h sont même envisagées en mer :
Le processus de tropicalisation devrait atteindre son paroxysme en matinée de vendredi. La température à 500 hPa devrait en effet excéder 0°C au cœur du système, ce qui est caractéristique des structures tropicales :
Prochain point dans l'après-midi du 17 septembre
Point du 16 septembre à 18h :
Ainsi, au cours de la journée du 16 septembre, le réchauffement du cœur de la dépression s'est amplifié. En cours d'après-midi du 16 septembre, c'est une dépression subtropicale qui évoluait entre la Sicile et la Grèce :
Image satellite EUMETSAT le 16 septembre
Les cisaillements profonds étaient encore significatifs en cours de journée sur le secteur. De fait, la convection est restée déplacée vers le nord du système. En fin de journée, une nouvelle poussée convective s'est produite autour du centre dépressionnaire, signe d'une possible intensification.
Ce medicane nommé Ionas générait des vents analysés par satellite proches de 35 à 40 nœuds soit l'équivalent de vents de force tempête tropicale :
Prochain point en début de matinée du 17 septembre avec la sortie des modèles haute résolution (ARW 2 et 5 km sur la zone).
Qu’est-ce qu’une dépression subtropicale ? Est-ce dangereux ?
Les dépressions subtropicales, désignées habituellement sous l’acronyme TLC pour « Tropical-Like Cyclone », sont des phénomènes hybrides :
• comme les dépressions extratropicales, typiques de nos latitudes, elles se développent généralement en réponse à une forte dynamique d’altitude (anomalie de tropopause interagissant avec un cut-off) ;
• comme les cyclones tropicaux, elles ne présentent pas de système frontal dans leur partie centrale, sont associées à une forte activité convective jusqu'en périphérie immédiate du minimum dépressionnaire, et développent un noyau d'anomalie chaude en surplomb du minimum de surface.
Quelle est la conséquence ? Ce caractère hybride à dominante tropicale rend ces dépressions parfois très virulentes, dans la mesure où elles peuvent produire conjointement de très fortes pluies et des rafales de vent violentes. Il arrive parfois qu’elles développent un œil, comme les cyclones tropicaux.
Elles sont plus particulièrement connues en France en raison de leur développement périodique en Méditerranée ; elles peuvent alors, dans de rares cas, affecter temporairement les zones littorales du sud-est de France ou la Corse. On parle alors de « Medicane » (pour « Mediterranean Hurricane »).