Observatoire français des tornades et orages violents

Orages parfois forts avec neige, grêle et fortes rafales les 29 et 30 janvier

Comme annoncé, des orages producteurs de chutes de neige, de grêle, de pluie et de fortes rafales de vent se sont manifestés sur le nord du pays dès le 29 janvier 2015.

Arrivée d'averses orageuses neigeuses par la Manche en fin d'après-midi du 29 janvier. © EUMETSAT
Arrivée d'averses orageuses neigeuses par la Manche en fin d'après-midi du 29 janvier. © EUMETSAT
 

 

Neige, grêle, pluie et fortes rafales sous orages le 29 janvier

Zones concernées par les orages de neige jusqu'à 0h TU le 30 janvier - KERAUNOSA l'arrière d'un front froid très dynamique, la traîne s'est comme prévu activée de manière significative jeudi soir et la nuit suivante. A la faveur d'une advection froide particulièrement marquée en altitude, la convection profonde a fréquemment évolué jusqu'à l'orage, entre le nord Bretagne, la Normandie, l'Ile-de-France, la Champagne et le nord de la Bourgogne.
En raison de profils verticaux très froids à tous les niveaux, les précipitations associées à ces orages se sont manifestées sous forme de grésil, de petite grêle, de pluie et fréquemment de neige.
 
Ainsi, des orages de neige ont été observées en Normandie, sur le nord de la Bretagne, entre Val-d'Oise, Seine-Saint-Denis, Yvelines et Somme ou bien encore de la Marne à l'Yonne. De fortes rafales convectives ont également accompagné les orages les plus développés (90 km/h à Auxerre, 98 km/h à Sens). Notons que la proportion importante d'impacts positifs sous ces orages est caractéristique de ce type d'orages.
 
L'image satellite vapeur d'eau de 23h TU présentée ci-dessous à gauche montre clairement l'enfoncement d'une profonde anomalie de basse tropopause vers le nord de la région Centre. Vers 5000 d'altitude, la masse d'air s'est refroidie jusqu'à -37°C (cf. carte ci-dessous à droite). La convection de masse d'air froid a pris de l'ampleur et la température des sommets nuageux, proches de -35 à -40°C (-45°C sur le nord Bretagne) indique que les niveaux d'équilibre très bas (vers 5 à 6 km d'altitude) n'ont pas empêché l'électrisation des Cumulonimbus.
 
Image satellite vapeur d'eau de 23h locales - NRL   Température vers 5000 m d'altitude le 29 janvier à 23h © KERAUNOS / WRF 7 km
Image satellite vapeur d'eau de 23h et température à 500 hPa à la même heure (WRF 7 km)



De nouveaux orages de neige le vendredi 30 janvier

Un minimum de surface secondaire (aussi appelé "polar low") a migré de l'Ecosse vers la Manche au petit matin du 30 janvier. Au fil de la journée, le front froid qui lui est associé, de nature convective, progressait vers le sud.  
 
Minimum secondaire au NO de l'Ecosse le 29 janvier en début d'après-midi - EUMETSAT

Minimum secondaire au NO de l'Ecosse le 29 janvier en début d'après-midi - EUMETSAT

Les profils verticaux sont devenus particulièrement instables près des côtes de la Manche. Ainsi, de nouveaux orages de neige ont été observés, parfois accompagnés de grésil. L'activité électrique, dominée par des impacts positifs très puissants (de nombreuses coupures d'électricité ont été signalées) s'est montrée particulièrement marquée du nord Bretagne à la Normandie. Des rafales convectives parfois proches de 100 km/h ont été enregistrées.

Activité orageuse observée le 30 janvier 2015 jusqu'en début d'après-midi    Activité orageuse observée le 30 janvier 2015 jusqu'en début d'après-midi

 

Avant l'arrivée de ce front froid secondaire, des averses de neige ont gagné vers le sud du pays dans le courant de la nuit de jeudi à vendredi. Des orages ont frappé l'Isère, la rive gauche de la basse vallée du Rhône et la Corse.

 

Les orages de neige, des phénomènes relativement rares

Les orages de neige sont des phénomènes relativement rares, car ils nécessitent la présence d'une masse d'air très froid dans toute l'épaisseur de l'atmosphèreOr, les profils atmosphériques très fortement refroidis jusque dans les basses couches (masse d'air polaire maritime, voire arctique) ne sont pas aussi propices à une convection forte et profonde que les profils associés à des masses d'air d'origine océanique ou tropicale.
 
Dans ces conditions, c'est généralement la présence simultanée d'une intense advection froide d'altitude (goutte froide) et d'apports d'humidité en basses couches qui permettent la formation de ces orages de neige. Dès lors, les régions proches des littoraux sont les plus exposées, en France, au risque d'orage de neige. Classiquement, deux situations s'y prêtent plus particulièrement en France : les traînes actives en flux polaire, et les systèmes perturbés froids et instables.
 
Les traînes actives en flux polaire de secteur NNO à NE, qui peuvent alors produire classiquement des orages de neige du Nord - Pas de Calais à la Normandie. Ces régions sont climatiquement propices aux orages de neige, par leur caractère septentrional d'une part, qui les expose aux masses d'air les plus refroidies lors des "coulées polaires", et par la proximité de la mer du Nord et de la Manche d'autre part, qui assurent une forte humidification des basses couches.