Supercellules et chutes de grêle entre Aquitaine et Limousin
De puissants orages ont balayé le nord de l'Aquitaine, le sud de Poitou-Charentes et le nord du Limousin en milieu de nuit du 19 au 20 octobre 2013.
Orages virulents s'évacuant en direction du nord du Limousin, le 20 octobre 2013 à 02h00 locales. (c) Eumetsat
Des chutes de grêle localement marquées, notamment sur la Haute-Vienne
C'est en fin de soirée du samedi 19 octobre, vers 21h30 locales, que des développements orageux se sont initiés sur le nord de la Gironde, à l'avant d'une limite frontale peu active, à caractère de front froid.
Ces orages se sont rapidement multipliés, pour circuler sur un axe Gironde / Charente / Haute-Vienne en milieu de nuit. Ces cellules orageuses, très actives, ont produit de fortes pluies et des chutes de grêle. Les grêlons ont localement atteint 2 à 3 cm de diamètre, comme par exemple dans la région de Limoges, où ils ont produit des dommages, ainsi que dans le nord de la Dordogne, où des accumulations de grêle sur plusieurs centimètres ont été signalées.
Des grêlons de ce diamètre sont peu fréquents en octobre, ce qui confère un caractère atypique à cette offensive orageuse, certes d'extension géographique limitée, mais d'intensité marquée.
Si, vous aussi, vous avez été témoin de ces phénomènes, n'hésitez pas à nous contacter.
3 supercellules simultanées
De fait, l'analyse des structures convectives qui ont produit ces forts orages nocturnes montre que 3 supercellules se sont formées presque simultanément, peu après 23h00 locales, entre le nord de la Gironde et le sud du département de la Charente. Ces cellules orageuses rotatives ont eu des durées de vie typiquement assez longues, allant de 2h30 jusqu'à 3h45 pour la plus durable d'entre elles. Les éléments recueillis pour le moment permettent de considérer qu'elles ont pour l'essentiel développé des structures de type classique.
L'une de ces supercellules a pu être photographiée depuis Brantôme, en Dordogne, par Maxime Villaeys :
Une autre supercellule a également laissé entrevoir sa structure depuis les environs de Bordeaux :
Les supercellules constituent des orages particulièrement propices à la formation de la grêle, ce qui s'est encore confirmé durant cet épisode. Ainsi, malgré une instabilité modérée et une heure nocturne bien avancée, la convection s'est avérée suffisamment virulente pour générer une forte production de grêle, avec des diamètres significatifs (> 2 cm).
De fait, le lien entre orages supercellulaires et fortes chutes de grêle est assez régulièrement établi ; ceci constitue d'ailleurs l'un des faits saillants de l'étude publiée en début d'année sur les orages de grêle extrêmes dans le sud-ouest de la France (Berthet, Wesolek, Dessens, Sanchez, 2013. Extreme hail day climatology in Southwestern France. Atmos. Res., 123, 139-150.).
Une situation météorologique dynamique et instable
Cette offensive orageuse nocturne s'est mise en place au sein d'un rapide flux de sud-ouest, piloté par un minimum d'altitude positionné au large de l'Irlande. Comme le montrent les deux champs du modèle WRF Europe 16 km ci-dessous, ce flux gagnait alors en cyclonisme sur la façade occidentale du pays, tout en s'accélérant sensiblement (courant-jet positionné à même la France).