Observatoire français des tornades et orages violents

Au cours de ces derniers jours, avec un peu de retard par rapport aux projections ayant fait l'objet d'un précédent article, la convection s'est organisée dans le sud du Golfe du Bengale. Ainsi, ce 10 mai 2013, l'ensemble s'est organisé en une dépression tropicale active.
L'imagerie satellite infra-rouge travaillée par la météorologie indienne (illustration ci-contre) met en évidence une organisation de la convection profonde sur une superficie remarquable au sud immédiat de l'archipel d'Andaman. Signe que la convection s'accentue, les températures au sommet des nuages atteignent à présent -80°C (contre -70°C 24 heures auparavant). La convection a par ailleurs adopté une circulation cyclonique close et bien organisée.

 

La prévision concernant l'évolution du système cyclonique demeure délicate. Si le modèle GFS a remarquablement anticipé le signal de formation du phénomène, tous les modèles numériques ne sont pas en accord quant au devenir du cyclone, tant au niveau de son intensité que de sa trajectoire. Les modèles anglais et européens n'ont pas anticipé de formation cyclonique dans le secteur.

Les modélisations proposées par le modèle américain sont relativement agressives quant au potentiel de phénomène cyclonique significatif dans ce bassin nord-Indien.

Le cyclone évolue au sein de conditions thermodynamiques favorables à son développement. L'énergie disponible au niveau océanique s'avère modérée à forte ; les valeurs de TCHP oscillant entre 50 et 100 kJ/cm² au dernier pointage effectué à 00h TU ce 10 mai par l'AOML (Atlantic Oceanographic and Meteorology Library).

TCHP le 10 mai à 00z (AOML)

De plus, bien que les cisaillements profonds soient encore soutenus au sud-ouest d'Andaman-et-Nicobar, ceux-ci devraient rapidement faiblir dans les prochaines heures. 
Ainsi, le modèle GFS suggère pour les prochains jours une intensification en cyclone de catégorie 1 (les versions WRF NMM ou ARW étant bien plus agressives) d'ici le 12 mai à 12h TU. Des rafales proches de 170 km/h pourraient alors se produire dans le quadrant sud du système (a priori le plus actif).

Les champs GFS 0.5° ci-dessous témoignent de la mâturité du système cyclonique le 12 mai à 12h TU, avec une disponibilité intacte en instabilité latente au coeur même du cyclone (figure de gauche). Le contenu en eau précipitable pourrait alors osciller entre 70 et 75 mm, augurant d'un risque de pluies diluviennes (figure de droite). 

 

Au niveau de la trajectoire finale du cyclone, de grosse incertitudes demeurent. Depuis 48h, GFS écarte la possibilité d'un impact sur la côte indienne et privilégie un point d'impact situé entre le Bangladesh et la Birmani à l'horizon du 15 mai. C'est à cette heure l'option la plus probable, retenue par le RSMC.