Supercellules le 6 juin entre Auvergne et Rhône

08 Juin 2024

Des orages localement forts ont affecté, en fin d'après-midi du 6 juin 2024, l'est du Massif Central et le nord de la vallée du Rhône, avec grêle et fortes pluies.

Situation synoptique

La France est située au carrefour entre un minimum d’altitude en transit au nord de Madère et un second minimum localisé au nord de l’Ecosse. Le premier pilote un flux de sud depuis le nord de l’Afrique jusqu’au sud de la France, le second un flux océanique plus frais au nord de la Loire.  Le contraste entre les deux masses d’air est marqué, avec des thêta’w proches de 5°C à 850 hPa de la Normandie aux Hauts-de-France, et à l’inverse localement supérieures à 20°C entre  Pyrénées, Massif Central et Alpes.

La zone de contact présente des caractéristiques de pseudo front froid, et c’est en bordure sud, dans une zone de convergence localisée aux abords du Massif Central que la convection se déclenche en profondeur en fin d’après-midi, dans une masse d’air chaud, humide et très instable.

Résumé de l'épisode orageux

Avant l'aube, des orages à bases élevées, alimentés à l'étage moyen, circulent entre Aquitaine et Limousin :

Ils gagnent en matinée le Massif Central, avant de se disperser en milieu de journée en abordant la Bourgogne. Ils présentent des intensités localement modérées.
Au fil de l’après-midi, l’instabilité se renforce aux abords du Massif Central, et deux zones se distinguent par un potentiel supercellulaire plus significatif, le premier entre Cantal et Aveyron, et le second entre Haute-Loire et Ardèche :

En fin d'après-midi, la convection reprend de manière nettement plus franche sur le sud-est de la Haute-Loire, dans les environs du Puy-en-Velay. Rapidement, plusieurs structures supercellulaires parviennent à se former ; elles produisent des orages forts, avec pluies intenses et grêle, tout en migrant vers l'Ardèche :

Peu après, une division cellulaire (split) s'opère dans le sud-est du Cantal. Le moteur gauche, très dynamique, balaie la Loire, puis le Rhône, à hauteur de l'Arbresle, avant de se dissiper sur l'Ain. Il produit de fortes chutes de grêle. Le moteur droit produit également un orage fort, et circule sur la Loire puis le Rhône :

En fin de soirée, l'activité orageuse décline partout. Les empreintes laissées par les trois principales supercellules de la fin d'après-midi sont bien visibles sur les lames d'eau, qui affichent 15 à 40 mm :

Activité foudre et lames d’eau

Au total, on dénombre 1.796 éclairs au cours de cette journée. La Haute-Loire, la Loire et la Dordogne arrivent en tête des départements les plus foudroyés (voir ici les statistiques foudre complètes).
Les précipitations associées aux orages ont été localement intenses, mais les cumuls sont généralement restés modestes en raison d’un déplacement assez rapide des cellules orageuses.

Retour sur le split et la supercellule moteur gauche

Vers 19h00, une division cellulaire (« split ») parfaitement caractéristique est observée dans le sud-est du Cantal. Les deux supercellules produites à la suite de ce processus s'avèrent virulentes, et tout particulièrement la cellule moteur gauche, qui produit de fortes chutes de grêle.

L’image radar haute définition ci-dessous, issue du radar de Sembadel, montre au nord la supercellule moteur gauche, avec un crochet inversé typique, et au sud la supercellule moteur droit (réflectivités et vitesses radiales mesurées à 19h50, sur le tour d’antenne de 0,4°, avec indication des deux mésocyclones) :

L’animation ci-dessous présente la naissance de la cellule primaire à 18h20 locales, le split à 19h00, puis l’évolution des deux supercellules induites. On note d’ailleurs que la supercellule moteur gauche a subi une subdivision secondaire vers 20h00 :

Sélection de photos du 6 juin