Observatoire français des tornades et orages violents

Un épisode orageux de grande ampleur a concerné une grande partie du pays le samedi 29 juin 2024, avec des pluies intenses et des rafales localement supérieures à 100 km/h dans le nord-est du pays.

La France est soumise à un rapide flux de sud-ouest, dynamisé par la remontée d’un vigoureux thalweg depuis les Pyrénées vers l’Auvergne puis jusqu’au nord-est du pays. Au sol, un creusement dépressionnaire s’organise sur les régions centrales ; il accentue la convergence humide de l’Occitanie à la Lorraine, au sein d’une masse d’air tropicale extrêmement instable. Des valeurs de MUCAPE souvent supérieures à 3000 J/kg sont ainsi fréquemment observées l’après-midi de la Franche-Comté à la Lorraine.

L’épisode orageux s’est organisé en trois systèmes successifs :

•    Les premiers orages se sont formés en cours de nuit dans le sud-ouest du pays, entre Landes et Gironde, avant de gagner les Charentes et le Poitou à l’aube. Organisés à proximité d’une limite à caractère de front chaud, ils se sont avérés localement forts, et ont principalement produit des pluies intenses, associées à quelques chutes de grêle, observées notamment au sein de structures supercellulaires. Ces orages se sont ensuite décalés vers la Normandie puis les Hauts-de-France au fil de la journée.

•    Un second système orageux s’organise par ailleurs à la mi-journée en Occitanie. Très actif, localement très électrique et très pluvieux, il se décale lentement vers le Massif Central en cours d’après-midi. C’est principalement le Tarn qui est concerné par des pluies intenses, avec des lames d’eau qui dépassent parfois 60 mm en quelques heures.

•    Enfin, un troisième système orageux se met en place en deuxième partie d’après-midi entre Saône-et-Loire et Yonne, dans l’air le plus chaud et le plus instable. Les orages se généralisent rapidement à l’ensemble de la Bourgogne, de la Champagne et de la Lorraine. Une vaste structure multicellulaire enveloppe toutes ces régions, avec quelques brèves supercellules localisées en amont. Des rafales de vent localement violentes sont observées sous ces orages, avec par exemple 130 km/h à Tonnerre dans l’Yonne, et 107 km/h à Troyes dans l’Aube. Des fortes chutes de grêle sont également observées de manière ponctuelle, avec des diamètres maxi qui dépassent très localement 5 cm. Les pluies associées sont intenses, avec des lames d’eau particulièrement significatives en Haute-Marne, où elles dépassent localement 80 mm en quelques heures.

Ci-dessous l'animation radar de la journée montre bien les trois phases successives :

Les données radar du radar de Blaisy témoignent de l'activité orageuse massive observée en fin de journée dans le nord-est du pays :

Au total, on dénombre 42.755 éclairs au cours de cette journée. La Haute-Marne, la Gironde et la Meuse arrivent en tête des départements les plus foudroyés (voir ici les statistiques foudre complètes). Il s'agit de la journée la plus électrique de 2024 pour le moment.

Les précipitations associées aux orages ont été parfois intenses, avec des cumuls qui dépassent localement 70 mm dans le Tarn et même 100 mm en Haute-Marne.

La vidéo ci-dessous (communiquée par Ylber KRASNIQI) montre l'intensité des précipitations au passage de l'une des cellules orageuses sur la commune de Dijon, en Côte-d'Or :

Le système orageux qui s’est développé en fin de journée sur le nord-est de la France, avant de progresser sur le nord de l’Allemagne, a présenté des dimensions massives, avec des sommets particulièrement étendus. De fait, cet agglomérat de plusieurs MCS (Systèmes Convectifs de Mésoéchelle) répond aux critères de Maddox qui définissent un MCC, ou Complexe Convectif de Mésoéchelle (en savoir plus sur les MCC). On désigne ainsi les systèmes convectifs extratropicaux de très grande ampleur, qui déploient des sommets nuageux extrêmement étendus et froids, comme en témoigne l’animation satellite ci-dessous (source Météored) :