Le 17 septembre devient la journée la plus orageuse de septembre depuis le début de nos relevés
Un contexte météorologique très dynamique et bien instable
Le cut-off qui s’est isolé samedi 16 au large du Portugal est remonté dimanche 17 septembre vers la France et a piloté trois thalwegs secondaires successifs.
L'un d'eux est remonté rapidement de l’Aquitaine au Centre et aux Hauts-de-France en fin d’après-midi, soirée et début de nuit, et le troisième a abordé le sud-est du pays en fin de nuit suivante. C’est ainsi un contexte très dynamique qui s'est mis en place, d’autant que le renforcement associé d’une dorsale d’altitude du nord de l’Afrique à la Corse et au nord de l’Italie a fortement accéléré la circulation entre Espagne et France : deux jet-streaks ont circulé successivement sur l’ouest du pays puis des Pyrénées à la Lorraine, avec des pointes > 200 km/h à 250 hPa, produisant une configuration d’entrée droite / sortie gauche répétée et intense sur l’ouest et le nord du pays, puis sur le sud-est la nuit suivante.
Dans le même temps, de fortes advections d’air chaud et humide se sont s’organisées en basses couches jusqu’aux Hauts-de-France (thêta’w > 20°C à 850 hPa), à l’avant d’un front froid qui s'est rabattu par l’ouest du pays en fin de journée. La convergence associée, sur la limite frontale et à l’avant immédiat au sein d’un thalweg de surface préfrontal, a renforcé le soulèvement synoptique lié à la dynamique d’altitude.
L’ensemble a affecté des profils verticaux fortement instables, avec MUCAPE et MLCAPE souvent > 1000 J/kg, localement > 1500 J/kg dans l’ouest et le sud-est du pays. Une activité convective profonde et intense a donc pu se produire en deuxième partie d’après-midi, soirée et début de nuit de l’Aquitaine à la Normandie, puis du Limousin et du Centre jusqu’aux frontières du nord et du nord-est.
Les forts cisaillements profonds associés (> 20 m/s), les réservoirs de SRH constitués à l’avant du front froid (> 300 m²/s² sur 0-3 km, 100 à 150 m²/s² sur 0-500 m), la constitution d’un jet de basses couches du sud-ouest au nord-est du pays (parfois > 120 km/h entre 900 et 700 hPa) et les très forts contenus en eau précipitable (> 40 mm quasi généralisés) ont rendu la situation propice à la formation d’orages puissants, en structures multicellulaires à tendance linéaire (MCS – QLCS), précédées ou associées à des développements supercellulaires localisés.
Forte grêle, tornade et puissantes rafales localisées
Les phénomènes observés sous les orages ont été multiples. Les différentes supercellules qui ont éclos sur le tiers ouest du pays ont produit de violentes chutes de grêle, atteignant jusqu'à 10 cm de diamètre sur le Gers par exemple, jusqu'à 5 cm en Normandie. Les cas de grêlons géants (10 cm) sont rarissimes en automne en France. C'est d'ailleurs la première fois que de tels diamètres sont recensés dans notre base de données depuis le début du recensement systématique en 2006.
De telles chutes ne sont pas très fréquentes passée une mi-septembre, surtout de manière aussi étendue à une portion significative du territoire.
Une tornade filmée en Mayenne
Outre la grêle, de multiples phénomènes venteux se sont produits sous ces orages. Une tornade a été filmée en Mayenne (cf. page dédiée à ce cas pour de plus amples informations).
Des rafales de vent parfois virulentes se sont déclenchées sous des structures supercellulaires ou sous les échos en arc qui se sont organisés plus tard. Quelques valeurs de 90 à 110 km/h peuvent être mentionnées, comme dans l'Orne, la Vendée ou le Cher.
A Pau, une rafale à 135 km/h a été relevée en ville (et non à la station de l'aéroport). Les dégâts occasionnés sont parfois importants.
La journée la plus orageuse de septembre depuis au moins 15 ans
Conséquence de l'étendue spatialie importante et de l'intensité de ces orages, la journée du 17 septembre est devenue la journée de septembre la plus orageuse depuis le début de nos relevés en 2009.
En effet, l'indicateur de sévérité orageuse (ISO), mesuré depuis près de 15 ans, ressort pour la journée à plus de 25. Cette valeur est temporaire car tous les pointages de dégâts n'ont pas encore eu lieu à l'heure de la rédacation de cette actualité. Mais la valeur dépasse déjà celle de 24,94 relevée le 16 septembre 2015.
L'animation radar ci-dessous montre l'évolution de la dégradation avec de multiples supercellules et une évolution en plusieurs systèmes linéaires ou arqués en soirée sur l'ouest et le centre du pays. Au total, sur la journée climatologique du 17 septembre, plus de 35.000 éclairs ont été détectés par le réseau Blitzortung.