Une première quinzaine de mai marquée par les phénomènes tourbillonnaires
La première quinzaine de mai a été marquée en France par une succession de phénomènes tourbillonnaires, avec une période particulièrement active entre le 10 et le 13 mai. Au total, au cours de cette quinzaine, on dénombre 1 tornade certaine, 5 tornades très probables, 4 trombes marines et 27 tubas, ce qui en fait une période exceptionnellement active sur ce plan.
Jusqu’à 14 tourbillons pour la seule journée du 11 mai
Au cours de la première quinzaine de mai, 8 journées ont été concernées par des phénomènes tourbillonnaires :
• le 5 mai : 1 phénomène (1 tuba)
• le 6 mai : 1 phénomène (1 tuba)
• le 7 mai : 5 phénomènes (5 tubas)
• le 10 mai : 5 phénomènes (1 tornade certaine, 2 tornades très probables, 2 tubas)
• le 11 mai : 14 phénomènes (1 tornade très probable, 1 trombe marine, 12 tubas)
• le 12 mai : 5 phénomènes (1 tornade très probable, 2 trombes marines, 2 tubas)
• le 13 mai : 5 phénomènes (1 tornade très probable, 1 trombe marine, 3 tubas)
• le 15 mai : 1 phénomène (1 tuba)
La période du 10 au 13 mai concentre l’essentiel de l’activité tourbillonnaire, avec 29 phénomènes en 4 jours, dont 14 pour la seule journée du 11 mai, ce qui constitue un nouveau record en France en termes de recensement. Il faut toutefois garder à l’esprit que le recensement de ces phénomènes est de plus en plus exhaustif au fil des années grâce à l’essor des smartphones, qui permettent à un nombre croissant de témoins de partager leurs observations rapidement et précisément. Il n’est donc pas possible de tirer des conclusions climatologiques sur le caractère réellement exceptionnel ou non de cette période.
Une tornade certaine dans l’Aisne
Plusieurs tubas particulièrement développés ont fait l’objet d’investigations plus poussées et ont permis de classer en tornades très probables les phénomènes de Cerny-lès-Bucy (Aisne) et de Bussy-Lettrée (Marne) le 10 mai, celui de Bellicourt (Aisne) le 11 mai, celui de Laubressel (Aube) le 12 mai et enfin celui d’Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence) le 13 mai. Ces cas apparaissent donc en « tornades liste 2 » dans notre recensement ; cette « liste 2 » rassemble les phénomènes pour lesquels la preuve irréfutable d’un contact au sol n’a pu être mise en évidence (absence de buisson identifiable, aucun dommage au sol), alors même que les caractéristiques du phénomène rendent ce contact au sol hautement probable.
Une tornade certaine a pu être validée en revanche dans la commune de Lehaucourt, dans l’Aisne, le 10 mai à 17h20 locales. Un dossier dédié a été publié.
Tornade EF0 à Lehaucourt (Aisne) le 10 mai 2023. Vue du phénomène avec buisson visible © Isabelle Havet
La région des Hauts-de-France la plus concernée
La répartition géographique de ces phénomènes n’a pas été homogène sur l’ensemble du territoire et principalement concerné le quart nord-est du pays. On dénombre ainsi :
• 13 cas dans les Hauts-de-France
• 7 cas dans le Grand-Est
• 5 cas en Bourgogne-Franche-Comté
• 4 cas en Provence-Alpes-Côte-d’Azur
• 3 cas en Auvergne-Rhône-Alpes
• 2 cas en Centre-Val-de-Loire
• 1 cas en Bretagne
• 1 cas en Ile-de-France
• 1 cas en Normandie
Répartition géographiques des tornades, tubas et trombes marines observées en France au cours de la première quinzaine de mai 2023. © KERAUNOS
Une anomalie froide calée sur la France
La première quinzaine de mai a été dominée sur la France par un contexte dépressionnaire en altitude, associé à l’isolement d’une masse d’air froid en altitude (situation de « goutte froide »). Ce type de configuration assure classiquement des conditions instables et de ce fait propices au développement d’orages.
La période du 10 au 13 mai illustre parfaitement cette configuration, avec une forte anomalie froide en altitude centrée sur la France :
Dans le même temps, la présence de vents faibles et parfois convergents près du sol, notamment sur le nord-est de la France, a favorisé la formation de phénomènes tourbillonnaires nombreux, mais peu intenses et généralement brefs. Ils se développent alors le plus souvent sous les cellules convectives les plus actives, au moment où elles atteignent leur pic d’activité, puis se dissipent rapidement. Ils restent dès lors généralement au stade de tuba, sauf de manière ponctuelle où un contact au sol et une phase tornade peut être brièvement observée.