Observatoire français des tornades et orages violents

L'année 2023 s'est révélée modérément orageuse en terme de fréquence, affaiblie par un début d'année et des mois d'août et septembre peu orageux. Des phénomènes parfois sévères ont été observés, sur le plan de la grêle, des tornades et des rafales de vent. Bilan complet.

Au niveau national, on dénombre 232 jours avec orage en 2023, soit une valeur inférieure à la moyenne. 64% des journées de l'année ont ainsi été marquées par au moins un orage sur la France.  Il faut toutefois noter que ce score est sensiblement tiré vers le bas par un début d'année et des mois d'août et septembre peu orageux.

Comme les quatre années passées, aucun département ne dépasse la barre des 100 jours avec orage sur l'ensemble de l'année. C'est dans le sud-ouest et près des reliefs de l'est que la fréquence des orages a été la plus forte cette année. Le département de la Gironde enregistre ainsi 93 jours d'orage. Suivent ensuite les départements de l'Ain (92 jours), des Landes et de la Savoie (89 jours), de l'Isère (86 jours), du Doubs et du Jura (82 jours). On a enfin dénombré 80 jours d'orage en 2023 en Haute-Garonne et dans les Pyrénées-Orientales. 

De manière plus conforme à la climatologie, ce sont les départements du nord de la France qui comptent le plus faible nombre de jours avec orage cette année encore. Hormis Paris et la petite couronne, dont le chiffre est à considérer en regard de leur très faible superficie, ce sont globalement les départements proches de la Manche, à savoir des Côtes d'Armor (28 jours), de la Seine-Maritime (30 jours), le Territoire de Belfort et l'Eure (31 jours), la Somme et le Finistère (36 jours) qui ressortent avec le nombre de jours avec orage le plus faible.

Par rapport à la moyenne, la France enregistre un déficit de jours d'orage qui s'élève à -13 jours. A l'échelle départementale, on observe des déficits généralisés au nord de la Seine et en particulier près de la Manche ainsi que près de la Méditerranée, notamment sur l'est de la Provence. Les déficits les plus importants sont observés aux deux extrêmités de la France, en Seine-Maritime et dans les Alpes-Maritimes avec -20 jours d'orage par rapport à la moyenne.

A l'inverse, les excédents sont notables, accentués par une séquence orageuse régulière au début de l'été, entre l'ouest du pays et les reliefs de l'est. Des excédents assez remarquables sont à noter en Gironde (+30 jours) ou en Charente-Maritime par exemple (+26 jours).

Au total, on dénombre en 2023 : 70 jours d'orage fort (grêle > 2 cm ou rafale > 90 km/h ou tornade ou lame de 50 mm en 1h), soit un score un peu plus élevé qu'en 2022 et surtout concentré durant l'été et le début d'automne. On comptabilise par ailleurs 25 jours avec orage violent (grêle > 5 cm ou rafale > 120 km/h ou tornade >=EF2 ou lame de 100 mm en 1h) et 5 jours avec orage extrême (grêle > 10 cm ou rafale > 150 km/h).

Pour plus d'informations, consultez les bilans mensuels de l'année 2023, et les données détaillées par département.

L'analyse de l'indicateur de sévérité orageuse (I.S.O) montre clairement, comme chaque année, que plusieurs vagues orageuses ont concerné la France durant cette année. L'activité la plus significative a été relevée essentiellement sur les deux premières décades de juin. Par la suite, quelques pics parfois intenses mais plus espacés sont identifiés.

Au niveau national, l'I.S.O moyen annuel ressort à 3,11 soit une valeur supérieure à la moyenne 2009-2022. A noter que la journée la plus orageuse en terme d'I.S.O est située en automne, le 17 septembre, avec un score de 28.

31 tornades certaines (liste 1) ont été recensées en 2023, dont deux d'intensité EF2 à Pontarion dans le Creuse le 9 mars et à Juvigné en Mayenne le 17 septembre. On relève par ailleurs près de 390 rafales convectives > 90 km/h (+40% par rapport à 2022), environ 3500 chutes de grêle > 2 cm (en baisse d'un peu plus de 10% par rapport à l'année dernière), près de 1600 lames d'eau significatives sous orages (niveau en baisse de 10% par rapport à 2022) et 181 dégâts significatifs dus à la foudre (+25% par rapport à 2022).
 
Les cartes ci-dessous (vert : fortes chutes de grêle, jaune, orange et rose : rafales convectives > 90 km/h, micro/macrorafales, bleu : pluies intenses, rouge : dégâts dus à la foudre) présentent la répartition géographique de chaque phénomène observé.

On note une activité grêle encore assez marquée cette année avec de multiples fortes chutes qui ont provoqué des dégâts significatifs notamment sur le sud-ouest du pays mais également sur un vaste secteur centre-est de la France.
Les événements venteux sont quant à eux assez bien répartis sur l'ensemble du territoire français mais les occurrences de micro/macrorafales sont bien plus importantes sur le centre-est du pays. La répartition spatiale des événements pluvieux intenses est typiquement plus fortement représentée sur les régions du sud-est.

L'année 2023 a été plus instable que la normale sur la majeure partie de l'Europe, de l'Orient et de l'Amérique du Nord.  A l'inverse, l'instabilité a été moins marquée qu'à l'ordinaire sur certaines portions de l'Atlantique Nord, de l'Afrique et sur une grande partie de la Russie.

La France a donc été concernée par un excédent d'instabilité en 2023. Et cet excédent s'est avéré significatif : l'année 2023 ne bat pas le record d'instabilité établi en 2022, mais arrive néanmoins en deuxième position des années les plus instables en France depuis au moins 80 ans. L'anomalie positive a été particulièrement marquée sur le sud du pays, notamment entre Pyrénées et Massif Central où l'on note des rapports à la normale proches de 100%, c'est-à-dire une instabilité moyenne plus de deux fois supérieure à la normale. Plus on se dirige vers le nord du pays, plus les excédents d'instabilité ont été limités ; mais l'excédent est néanmoins généralisé.

Au total, l'année 2023 est une année remarquable en France en termes d'instabilité, et fait suite à une année record. A noter qu'il faut remonter à 2010 pour observer une instabilité moyenne inférieure aux normales 1991-2020.
Malgré cet excédent d'instabilité, l'activité orageuse n'a pas été particulièrement fréquente et intense, comme on l'a vu plus haut, en raison principalement d'un défaut de forçages ou de cisaillements durant les journées les plus instables. Toutefois, lorsque ces forçages se sont présentés sur le pays, la très forte instabilité en présence a permis la formation d'orages parfois violents.

Sur un plan thermique, la majeure partie de l'Europe a connu a connu des températures supérieures aux normales, autant dans les basses couches (vers 1500 mètres ci-dessous à gauche), qu'en altitude (vers 5500 mètres ci-dessous à droite). Cette situation s'inscrit dans la continuité de l'année 2022, qui avait déjà présenté une situation excessivement chaude sur l'Europe. En Europe, seul le sud de la Suède a présenté en 2023 une température moyenne en léger déficit à 1500 mètres d'altitude, dans le prolongement d'une anomalie fraîche étirée principalement du sud du Groenland à l'Islande.
A grande échelle, les excès de chaleur les plus remarquables en basses couches ont été observés entre Maghreb et Europe, ainsi que de la Russie au Canada en passant par les régions polaires. A l'inverse, les températures ont été anormalement fraîches en Libye, en Inde et au coeur de l'Atlantique Nord :

Sur un plan dynamique, on note en 2023 un contexte nettement plus dépressionnaire qu'en 2022 de l'Atlantique Nord jusqu'au nord de l'Europe. Même si certaines périodes de l'année ont connu des conditions anticycloniques stables et très sèches, celles-ci ont alterné avec des périodes de pressions basses associées à un flux océanique perturbé, à la fois venteux et bien pluvieux.

Corollaire de cette configuration, les contenus en eau précipitable ont été plus élevés qu'à l'ordinaire sur l'Europe, ce qui a pu favoriser la survenue ponctuelle de pluies particulièrement intenses sous orages :