Observatoire français des tornades et orages violents

Les orages en France en 2020 : bilan national d'une année peu orageuse

L'année 2020 s'est révélée moins orageuse que la moyenne de ces 11 dernières années au niveau de la fréquence et de l'intensité des orages. Déjà faible en 2019, l'activité électrique s'est montrée encore plus faible en 2020. Bilan complet.


Superposition de deux photos (intervalle de 2 min) montrant la fréquence de foudroiement depuis les hauteurs du Fort de Six-Fours dans le Var le 9/9/2020 par Janis BROSSARD


Seulement 235 jours avec orage en France en 2020

Au niveau national, on dénombre 235 jours avec orage en 2020, soit une valeur inférieure à la moyenne de ces 11 dernières années64% des journées de l'année ont ainsi été marquées par au moins un orage sur la France. 
 
Comme l'année dernière, aucun département ne dépasse la barre des 100 jours avec orage sur l'ensemble de l'année. C'est, comme à l'accoutumée le département des Alpes-Maritimes qui a enregistré la plus forte valeur avec 96 jours d'orage. Suivent les Pyrénées-Atlantiques (87 jours) et les Alpes-de-Haute-Provence (81 jours), les Pyrénées-Orientales (78 jours), les Hautes-Alpes et les Hautes-Pyrénées (74 jours) et les Landes (72 jours).

De manière conforme à la climatologie, ce sont les départements du nord-ouest de la France qui comptent le plus faible nombre de jours avec orage en 2020. Hormis Paris, la petite couronne et le Territoire de Belfort, dont le chiffre est à considérer en regard de leur très faible superficie, ce sont les départements du Morbihan, des Côtes-d'Armor et de la Loire-Atlantique qui ressortent avec le nombre de jours avec orage le plus faible (34 jours). 
Fait remarquable, les départements du nord-est (Haut-Rhin, Aube, Ardennes, Meuse, Vosges) n'enregistrent eux que 35 jours d'orage cette année, soit un score exceptionnellement bas, qui fait suite à une année 2019 déjà anormalement peu orageuse.

Par rapport à la moyenne de ces 11 dernières années, la France enregistre un déficit de jour d'orage qui s'élève à 13 jours. A l'échelle départementale, seuls 19 départements observent un excédent en 2020, qui s'étend de +1 à +9 jours. C'est sur les Pyrénées-Orientales que l'excédent est le plus marqué avec +9 jours par rapport à la moyenne de ces 11 dernières années. 
Tous les autres départements sont en déficit, parfois sévère, notamment sur le nord-est avec jusqu'à -24 jours sur les Vosges, -22 jours en Alsace, -20 en Meuse, -18 dans la Marne, -17 en Moselle et dans l'Aube.




 
On dénombre en 2020 68 jours d'orage fort (grêle > 2 cm ou rafale > 90 km/h ou tornade ou lame de 50 mm en 1h), soit un score inférieur de près de 30 jours aux deux années précédentes. On comptabilise par ailleurs 16 jours avec orage violent (grêle > 5 cm ou rafale > 120 km/h ou tornade >=EF2 ou lame de 100 mm en 1h).

L'analyse de l'indicateur de sévérité orageuse (I.S.O) montre clairement, comme chaque année, que plusieurs vagues orageuses ont concerné la France durant cette année. L'activité la plus significative a été relevée de manière assez hétérogène durant l'été, avec une succession de bouffées orageuses généralement brèves. On note également un pic d'activité marqué en début d'automne, notamment en deuxième partie de septembre.

Au niveau national, l'I.S.O moyen annuel ressort à 2,28 soit une valeur inférieure à la moyenne 2009-2019. Ce score confirme donc qu'en plus d'une fréquence moindre, les orages ont été moins sévères qu'à l'ordinaire. A noter qu'aucune journée n'a connu de dégradation orageuse de très grande ampleur en 2020 (ISO > 30).
 
 

Graphe des ISO quotidiens en 2020
 
 

Des phénomènes sous orages plus fréquents au sud

Une trentaine de tornades certaines (liste 1) ont été recensées en 2020, soit le score le plus élevé depuis plusieurs années. On relève par ailleurs près de 330 rafales convectives > 90 km/h (- 30% par rapport à 2019), environ 550 chutes de grêle > 2 cm (en nette baisse par rapport aux deux dernières années), plus de 2300 lames d'eau significatives sous orages (niveau en baisse par rapport à 2019) et 130 dégâts significatifs dus à la foudre (+ 25% par rapport à 2019).
 
Les cartes ci-dessous (vert : fortes chutes de grêle, jaune,orange et rose : rafales convectives > 90 km/h, micro/macrorafales, bleu : pluies intenses, rouge : dégâts dus à la foudre) présentent la répartition géographique de chaque phénomène observé.

On note une activité grêle plus marquée sur la moitié sud du pays. Les événements venteux sont quant à eux assez bien répartis sur l'ensemble du territoire français. La répartition spatiale des événements pluvieux intenses est typiquement plus fortement représentée sur les régions du sud-est.





Une année plus instable que la normale, sauf dans le nord-est

L'année 2020 a été plus instable que la normale sur le sud-ouest et le nord de l'Europe, et à l'inverse plus stable que la normale dans sa partie centrale. La France s'est située au carrefour entre ces deux influences, avec par conséquent une instabilité plus particulièrement excédentaire sur les régions de la moitié sud du pays, où la MUCAPE moyenne présente un bilan souvent supérieur de plus de 40% aux valeurs normales. C'est en particulier des Pyrénées aux Cévennes et à la Corse que l'instabilité s'est révélée la plus excédentaire : 2020 arrive souvent sur ces régions entre le 6ème et le 10ème rang des années les plus instables depuis 70 ans.
Ailleurs en France, l'excédent est plus modéré (+20 à +30%), et seules la Lorraine et l'Alsace ressortent avec une instabilité moyenne déficitaire.

Au total, l'année 2020 a été moins instable que l'année 2019 en France, qui était elle-même moins instable que l'année 2018. Mais avec un excédent national moyen de +37%, 2020 se place malgré tout en France au 10ème rang des années les plus instables depuis 1948 ; elle constitue par ailleurs la 10ème année consécutive avec instabilité excédentaire sur notre pays. Il faut en effet remonter à 2010 pour observer une instabilité moyenne inférieure aux normales 1981-2010.
Malgré cet excédent d'instabilité, l'activité orageuse est restée généralement modeste sur la France, comme on l'a vu plus haut, en raison principalement d'un défaut de forçages durant les journées les plus instables.

Sur un plan thermique, l'ensemble de l'Europe et des régions environnantes ont enregistré un fort excès de chaleur en 2020, autant dans les basses couches (vers 1500 mètres ci-dessous à gauche), qu'en altitude (vers 5500 mètres ci-dessous à droite). L'écart à la normale a été plus particulièrement excédentaire aux latitudes polaires, notamment aux abords de la Sibérie. On note à l'inverse un déficit sur le Canada, ainsi que sur certaines portions du Groenland ou encore du nord de l'Afrique :


Sur un plan dynamique, on note des pressions en moyenne plus basses que la normale sur la majeure partie de l'Océan Arctique et sur le nord de l'Europe. Cette anomalie dépressionnaire a influencé faiblement le nord de la France, tandis que les pressions se sont avérées en moyenne plus élevées que la normale au sud de la Loire. Dans l'ensemble, cela s'est traduit sur notre pays par une alternance de flux océaniques modérément dynamiques, surtout présents en hiver et à l'automne, et de périodes anticycloniques durablement sèches, notamment entre printemps et été.
Les précipitations présentent pour leur part un bilan légèrement excédentaire sur la plupart des régions européennes, avec des excédents plus marqués aux abords du Golfe de Gascogne ainsi qu'en Espagne et en Italie. On note à l'inverse un déficit pluviométrique marqué sur l'Allemagne, avec une influence sèche jusque sur le nord et le nord-est de la France :