Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Saint-Sernin du 23 février 2024 a pu être identifiée à l'appui d'une enquête de terrain menée par Gwenaël Milcareck. L'inventaire des dommages met en évidence un axe de dégâts convergents sur un parcours de 13 kilomètres, selon un sens de déplacement de l'ouest vers l'est (270°), même si l'on note quelques inflexions en fin de trajectoire.

Les premiers dégâts certains sont observés en limite du département de la Gironde, commune d'Esclottes. Près de la Moulinasse, une grosse branche de pommier est brisée au bord d'une retenue d'eau. Durant les deux premiers kilomètres, la tornade reste d'une très faible intensité et les dommages concernent presque exclusivement la végétation : branches brisées, arbres de faible dimension étêtés, arbres fruitiers déracinés. Sur le territoire de Savignac-de-Duras, le phénomène gagne temporairement en intensité le long de la route qui mène à la Jardinière, où deux poteaux électriques sont pliés. Dans un bois qui longe la route d'accès à Montour, plusieurs arbres sont brisés et une clôture est enfoncée. Des traces d'aspirations périphériques sont par ailleurs perceptibles à Montour, où quelques tuiles d'une annexe sont délogées et aspirées vers le centre du phénomène qui passe plus au sud.

Après une nouvelle phase temporaire d'affaiblissement jusqu'à la D203, la tornade regagne en intensité et subit un net évasement. De Millepieds jusqu'au ruisseau de Canterane (limitrophe avec Saint-Sernin), le phénomène atteint ponctuellement le niveau d'intensité EF1 : arbres (parfois de bonne dimension) déracinés ou sectionnés, tôles emportées jusqu'à 70 m, un ballot de paille roulé à 45 mètres de distance. A Millepieds, un cheval est même blessé par la chute d'une branche. En plusieurs points de la trajectoire, un axe de convergence est parfaitement identifié dans les sens de chute (OSO > ENE à S > N en périphérie sud, principalement NO > SE en périphérie nord).

Arrivée dans le territoire de Saint-Sernin, la tornade conserve une intensité ponctuellement EF1 jusqu'à Malardeau et produit des dommages comparables, tant sur la végétation que sur des bâtiments. Outre les arbres déracinés ou brisés (avec un axe de convergence maintenu dans les sens de chute), plusieurs couvertures sont en partie soufflées mais les charpentes tiennent bon. Un poteau électrique en bois est également brisé le long de la route du Coup, avant Malardeau. 

De Malardeau aux Barthes, le phénomène perd de nouveau en intensité pour rejoindre un niveau EF0 (haut de l'échelon). Aux Barthes, un témoin évoque une durée extrêmement brève (5 secondes) ; il aperçoit son mobilier de jardin se soulever "d'un seul coup" dans les airs. Les dégâts sur les bâtiments sont également moins prononcés (quelques tuiles faîtières ou tôles emportées).

La tornade regagne légèrement en intensité au Barrail. Deux hangars perdent quasiment toutes leurs tôles, avec des projections allant jusqu'à 130 m (on retrouve d'ailleurs des tôles repliées à contre-flux). Plusieurs arbres sont déracinés et brisés dans cette propriété. Des pommiers situés en face subissent également quelques dégâts. Au-delà de ce point, la tornade s'affaiblit progressivement, avec un contact au sol qui semble de plus en plus anarchique (la largeur diminue également sensiblement). On retrouve encore des dommages sur la végétation au sud des Savoyes, puis dans des bois jusqu'à la D19.

A Saint-Jean-de-Duras, la tornade traverse le lieu-dit "Briquet" où un hangar perd quelques tôles, et un arbre quelques branches. Les dernières traces du phénomène sont visibles au Charrier, où un objet est projeté contre la façade en tôles d’un hangar. Une des tôles est également emportée (il peut s'agir de la tôle elle-même qui a provoqué les marques sur la façade de ce hangar).

Photographies des principaux dommages :