Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Saint-Paul-lès-Dax se développe au sein d'une supercellule de type HP qui atteint l'agglomération de Dax peu après 12h50 TU (14h50 locales). La structure, déjà identifiée avant 11h30 TU à l'ouest de Pampelune (Espagne, Navarre), souffre d'une mauvaise résolution sur l'imagerie radar, en raison d'une panne du site de Momuy et de données uniquement exploitées avec le radar de Bordeaux. En bordure de zone de couverture, les réflectivités se trouvent fortement atténuées et souffrent d'une résolution réduite ; la recherche d'un éventuel dipôle de vitesses radiales s'avère dès lors non pertinente sur l'imagerie Doppler. La structure convective semble toutefois conserver des caractéristiques supercellulaires jusqu'à 15h TU (17h locales) dans le secteur de Gensac (Gironde), avant qu'elle ne s'agglomère dans un système convectif de plus grande ampleur.

La tornade de Saint-Paul-lès-Dax prend naissance sur le flanc gauche d'un puissant courant descendant arrière (RFD) également à l'origine de dommages diffus dans l'agglomération dacquoise. Une minutieuse enquête de terrain, menée par Gwenaël Milcareck, atteste d'un phénomène tourbillonnaire sur un parcours total de 6,9 kilomètres, suivant un sens de déplacement de plus en plus dévié du flux (220° puis 190° puis 170°) en raison de l'enroulement du RFD, jusqu'à une dissipation complète du phénomène. L'axe de convergence, totalement asymétrique, est refoulé à l'extrême nord-ouest du couloir de dégâts, avec une large prédominance de dommages selon une orientation assez logique du Sud vers le Nord, puis du SE vers le NO, enfin quasiment de l'Est vers l'Ouest avant la dissipation.

Dans cet environnement particulier, marqué par une absence de témoins visuels et par la coexistence de deux phénomènes violents et producteurs de dommages, un couloir de dégâts convergents a pu être mis en évidence au moins entre les Cardenaux et le nord-ouest de Harran, via les quartiers habités de la Pince et de la Pigneraie.

Aux Cardeneaux, un arbre de faible circonférence est brisé à la lisière d'un bois, puis quelques arbres feuillus (de faible dimension également) sont brisés ou ébranchés de part et d'autre de la D459. Après avoir traversé le nord du camping "Les Pins du Soleil", la tornade traverse la D524 (avenue de l'Océan) où quelques branches d'arbres sont brisées. Un peu plus loin, le tourbillon franchit l'avenue des Lacs (D16) où un arbre sectionné endommage dans sa chute la toiture d'une habitation neuve. Quelques projections de branches sont observées (une trentaine de mètres). Dans le quartier de la Pigneraie, les tuiles faîtières de deux maisons sont en partie arrachées. Rue des Ecureuils, une autre toiture est davantage touchée, avec une projection de laine de verre retrouvée jusque dans la rue des Cerfs. Dans ce même quartier, des abres sont ébranchés, et quelques pins sectionnés dans un bois contigu. Les témoins interrogés sur place évoquent un phénomène de quelques secondes, sans grêle, et apparu peu de temps après le début de la pluie.

Au-delà de la Pigneraie, la tornade conserve le même niveau d'intensité, en brisant des pins, notamment à l'approche de la D824 (sens de chute : SE > NO en moyenne). Quelques aspirations périphériques sont également observées. L'inflexion de la trajectoire se poursuit, avec une orientation désormais Sud > Nord (180°). Après un parcours sans dégâts notables, le tourbillon traverse un bois adjacent au chemin des Abesses, proche du lieu-dit Harran. Dans ce périmètre, plusieurs arbres sont brisés, dont des chênes d'un faible diamètre. Près de Harran, un hangar en tôles de 38 m de longueur, reposant sur des pieux parfois fixés au sol par du béton, est en partie emporté et soulevé ; des tôles sont arrachées et projetées contre des arbres situés en lisière de bois. 

Après une ultime inflexion vers le NNO (170°), la tornade continue de déraciner ou de sectionner des pins au nord d'une ligne à haute tension. Dans une exploitation forestière plus récente située dans la continuité de la parcelle précédente, le phénomène ne produit aucun dommage. Une branche est toutefois retrouvée au NO de cette zone, actant la fin du phénomène tourbillonnaire.

L'analyse des dommages permet d'attester d'un phénomène d'intensité EF0 sur l'échelle améliorée de Fujita, les pins étant des essences habituellement moins résistantes.

La tornade de Saint-Paul-lès-Dax s'est formée dans un contexte dépressionnaire dynamique, lié à l'enfoncement d'un vaste thalweg d'altitude depuis l'Ecosse jusqu'au Portugal. Celui-ci a piloté un rapide flux de SSO sur la France, associé à un courant-jet étiré de l'Andalousie à l'Allemagne (ci-dessous à gauche). A l'étage moyen, un thalweg secondaire très dynamique remonte d'Espagne et dirige de fortes advections froides à 500 hPa en direction de l'Aquitaine (ci-dessous à droite).

Dans le même temps, au sol, un minimum dépressionnaire évolue au large de l'Aquitaine. Il génère un puissant flux de sud en basses couches, dans lequel est advectée une masse d'air tropicale depuis l'Afrique du Nord (ci-dessous à gauche). Les thêta'w sont plus particulièrement élevées à 850 hPa dans le quart sud-ouest de la France, là où se présentent par ailleurs les advections froides en altitude. C'est ainsi entre Aquitaine et Centre que les profils verticaux s'instabilisent le plus nettement en cours d'après-midi (ci-dessous à droite).