Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Saint-Antoine du 3 septembre 2024 apparaît sur le flanc sud d'une cellule convective qui se développe vers 10h40 TU (12h40 locales) en bordure nord-est d’une autre cellule convective déjà en activité. En moins de dix minutes, la structure s'intensifie nettement et présente de fortes réflectivités, ainsi qu’un dipôle de vitesses radiales bien identifiable au radar Doppler, comme l'illustrent les deux images radars ci-dessous (radar de Montancy). L'intensité du dipôle culmine entre 12h50 et 12h55 locales et témoigne d’une zone de rotation marquée au sein de la cellule convective à cet instant. Il constitue la signature tornadique dans le cas présent : 

Le tourbillon présente un vortex très peu condensé, et s’est surtout fait remarquer au loin par les feuilles et menus débris qui tournaient en son sein. Plusieurs vidéos prise depuis Métabief en direction du Bief Rouge, et partagée par @Meteo_FC_ (Météo Franc-Comtoise), permettent toutefois d’identifier un buisson, voire une condensation temporaire au niveau du sol, comme en témoignent les captures d'écran ci-après : 

A distance, la tornade présente les caractéristiques habituelles d'un tuba bien développé, mais sans contact au sol a priori visible. Le phénomène est ainsi aperçu depuis Métabief, les Hôpitaux-Neufs, Jougne, la Planée et même Mouthe, à plusieurs kilomètres de distance : 

La tornade de Saint-Antoine a pu faire l'objet d'une enquête de terrain par Météo Franc-Comtoise. A l'appui des vidéos disponibles et des dommages observés, il apparaît que la tornade parcourt une distance de 800 mètres, principalement le long du ruisseau du Bief Rouge à Métabief et sur l'un des coteaux du ruisseau du Bief Bleu à Saint-Antoine.

Dans ce périmètre, les dégâts restent limités : arbres endommagés, petite construction (ossature bois) de 150 m² effondrée, rangées de tuiles délogées dans plusieurs propriétés et projections à quelques dizaines de mètres, débris de faible dimension emportés, mobilier de jardin emporté à plusieurs mètres. 

Les dommages relèvent d'un niveau d'intensité EF0 (haut de l'échelon) sur l'échelle de Fujita améliorée. Concernant plus spécifiquement le bâtiment endommagé qui servait de lieu de stockage, la structure n'était constituée que d'une ossature en bois très ajourée (aucune maçonnerie en brique ou en pierre) surmontée d'une toiture. Le bâtiment, qui offrait une très forte prise au vent (il n'était pas totalement clos), s'est manifestement effondré sous son propre poids par la rupture des éléments de soutien (indicateur E-1, degré DOD-5).
 
Photographies des principaux dommages : 

La cellule à l'origine de la tornade de Saint-Antoine s'est formée au sein d'un flux de SSO cyclonique, à l'avant d'un vaste thalweg d'altitude étiré depuis l'ouest de l'Ecosse jusqu'au Portugal. Le Doubs se situe alors à l'écart d'une branche de courant-jet positionnée entre Pyrénées et Hauts-de-France (ci-dessous à gauche), et conséquemment dans un contexte relativement peu cisaillé en profondeur comme en basses couches.

Ce flux de SSO advecte en direction de l'est de la France une masse d'air d'origine subtropicale, chaude et fortement chargée en humidité (thêta'w > 18°C à 850 hPa, ci-dessous à gauche). L'instabilité latente est dès lors marquée, avec des valeurs de MUCAPE qui dépassent déjà 1500 J/kg aux abords du Jura à la mi-journée (ci-dessous à droite).