Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Pont-Aven du 7 octobre 2024 se développe au sein d'un système convectif intense (mais non orageux) qui se déplace assez rapidement du SO (tendance SSO) au NE. La cellule à l'origine de la tornade se distingue par un léger dipôle de vitesses radiales temporairement identifiable au radar Doppler après 15h TU (17h locales).

Une vidéo, prise en direction de l'ESE dans une propriété de Kerman, montre la fin de l'épisode venteux (la tornade doit vraisemblablement s'évacuer vers la gauche et à l'arrière de l'observateur). Ses derniers effets sont marqués par un vent modéré qui agite de la végétation selon une orientation OSO > ENE à ONO > ESE.

La nature du phénomène est confirmée par plusieurs témoignages, enrichis d'une analyse des dommages au niveau du sol, et qui mettent en évidence un couloir de dégâts convergents sur une largeur moyenne estimée à 100 mètres (projections vers le SE, l'ONO, le N ou le NNE selon le positionnement des dégâts au sein du couloir). A Coat Nizon, Frederik Claeys livre le témoignage suivant : « Je l’ai vu arriver dans le champ d’en face [...] Ça a tourné dans le maïs en accélérant. Mon mobilier de jardin a volé au bout de mon terrain. ». A Kergoanten, Louis Le Naour renchérit : « Ça a cassé mes arbres, les maïs ont souffert, mais j’étais dans ma maison, à quelques dizaines de mètres et, de là, je n’ai rien perçu, confie-t-il. J’ai quand même retrouvé une tôle chez moi, qui ne vient pas de chez moi. » [article détaillé du Télégramme du 8 octobre 2024].

En l'absence d'enquête de terrain, la trajectoire minimale retenue pour cet événement est limitée à 4,4 kilomètres, de Pont-Aven (Coat Nizon, Kergoanten, Keréo, Kerman, Kercutulic, Pontored) au confluent de l'Aven et du Ster Goz où des arbres déracinés ont dû être dégagés dans le secteur du pont de Keramperchec à Bannalec (le travail a été mené par des bénévoles de l’Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique du pays de Quimperlé).

Les dégâts relèvent d'une intensité EF0 (haut de l'échelon) sur l'échelle de Fujita améliorée (les arbres déracinés étant de faible dimension, plantés dans des talus ou le long de berges humides, ce qui les rend vulnérables).

Photographies des principaux dommages :

La tornade de Pont-Aven s'est développée au sein d'un rapide flux de secteur SO, piloté par un vaste thalweg étiré sur le proche Atlantique, en lien avec un cut-off positionné au sud-ouest de l'Irlande (ci-dessous à gauche). Le courant-jet associé est virulent, avec des vitesses de vent supérieures à 200 km/h entre Bretagne et Normandie. A l'étage moyen, un thalweg thermique se présente par le sud-ouest de la Bretagne à la mi-journée (ci-dessous à droite).

Au sol, un minimum dépressionnaire est en place au sud-ouest de l'Irlande. Il pilote un rapide flux de SO en direction de la Bretagne ; plusieurs limites frontales circulent en journée sur la zone. Elles sont bien alimentées en air très doux et humide d'origine tropicale, comme l'illustre le champ de thêta'w (ci-dessous à gauche). Par conséquent, les profils verticaux sont instables, notamment dans l'ouest du pays (ci-dessous à droite).