Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Brive-la-Gaillarde du 8 octobre 2024 se développe en bordure sud d'une supercellule qui est interceptée par Tom Geoffre à l'occasion d'une chasse. Les clichés disponibles ne montrent aucun contact au sol, mais ils confirment un abaissement significatif de la base nuageuse lorsque celle-ci approche de l'agglomération par l'ouest :  

Née vers 16h45 TU (18h45 locales) en bordure méridionale d'un amas convectif qui traverse la Dordogne, la supercellule dévie nettement vers l'est (265°), en prenant la direction de la Corrèze et de Brive-la-Gaillarde. Pendant que l'agglomération essuie de fortes précipitations (jusqu'à 150 mm/h), une tornade se développe vers 18h15-18h20 TU sur le flanc sud de la supercellule. Un habitant sinistré livre le témoignage suivant : "Il y avait de l’orage au loin quand ça s’est mis à souffler tout d’un coup. Ce qui est étonnant, c’est que c’était très localisé, car il y a eu de gros dégâts à l’arrière de la maison, mais quasiment rien à l’avant de la maison." [La Montagne du 9 octobre 2024].

Les nombreux témoignages, enrichis d'une analyse minutieuse de l'orientation des dégâts par Corentin Augris, permettent d'identifier un axe de dégâts convergents d'au moins 1,9 kilomètre entre le golf de Planchetorte et le quartier des Quatre-Vents. En amont (Lissac-sur-Couze) et en aval (chemin des Dastres à Brive-la-Gaillarde), d'autres dégâts sont mentionnés, mais ils ne peuvent pas être rattachés de façon certaine à la tornade.

La tornade de Brive-la-Gaillarde présente des similitudes avec la tornade EF1 de Dampniat du 27 octobre 2023, survenue dans le même département. Le relevé des dommages semble indiquer une emprise au sol irrégulière et caractéristique des tornades de relief (avec une structure de tourbillon influencée dans sa trajectoire au niveau du sol). Ce comportement se vérifie dans la zone du golf, où la superficie touchée couvre une bonne partie de la vallée de Planchetorte (200 mètres de largeur). Sur les deux-tiers sud du couloir de dégâts, les aspirations sont généralisées avec des sens de chute identifiés selon une orientation SO > NE à SE > NO (quelques chutes dans le sens du flux). La circulation du coeur du tourbillon semble être rejetée en bordure nord du couloir, cas fréquemment rencontré lors de phénomènes à déplacement assez rapide rapide (55 km/h dans le cas présent).

Compte tenu des dégâts observés, la tornade de Brive-la-Gaillarde est classée en intensité EF1 sur l'échelle de Fujita améliorée.

Photographies des principaux dommages :

La tornade de Brive-la-Gaillarde s'est développée au sein d'un flux général de secteur OSO, à l'arrière d'un thalweg d'altitude dont la trace est bien identifiable jusqu'en haute troposphère (ci-dessous à gauche). Un thalweg thermique circule conjointement à l'étage moyen sur le nord-ouest de la France, et se prolonge jusque sur le Limousin, avec des advections froides qui se propagent en Corrèze en fin de journée (-19°C, ci-dessous à droite).

Au sol, le contexte est dominé par la présence de plusieurs minimums dépressionnaires à proximité de la France, le principal se situant entre Irlande et Cornouailles (ci-dessous à gauche). Ce dernier pilote sur la France un flux de basses couches à dominante S à SSO, qui advecte plusieurs impulsions d'air doux et humide en provenance des régions tropicales (ci-dessous à droite).

Les images du radar de Bordeaux confirment que la tornade est issue d'une structure convective de nature supercellulaire, persistante et bien organisée. Les données de vitesses radiales sont en revanche peu exploitables (et non présentées ici) compte tenu de l'éloignement du radar par rapport à la zone de transit de la tornade.