Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade d'Agris, qui se développe au sein d'une intense cellule convective dans un contexte de traîne, a pu être identifiée à l'appui d'une enquête de terrain réalisée par Gwenaël Milcareck. Cette dernière met en évidence un axe de dégâts convergents sur un parcours total de 2,9 kilomètres et une largeur moyenne de 80 mètres. Les premiers dégâts sont identifiés dans la forêt domaniale de la Braconne (intersection des allées Forestière et de la Biche), où de nombreux petits arbres sont déracinés ou sectionnés dans les parcelles 89, 88, 97, 96 et 78. On note que l'essentiel des sens de chute suit d'abord un axe S > N à SE > NO, preuve d'un axe de convergence asymétrique au démarrage du phénomène (cette asymétrie disparaît ensuite jusqu'à la dissipation de la tornade).

La tornade traverse ensuite un champ de maïs qui conserve les stigmates du phénomène pendant quelques jours (les images fournies par le réseau Sentinel-2 mettent en évidence un sillon large d'environ 80 m). Dans le bois suivant, quelques arbres sont déracinés en lisière, tandis qu'un champ de maïs contigu est couché par le vent. Les dégâts convergents s'illustrent à nouveau dans ce périmètre : branches d’un arbre projetées jusqu’à 80 m vers l'ESE, arbres couchés vers le NNE.

La tornade s’abat ensuite sur une propriété de Chez Pelet où une personne livre le témoignage suivant : "D'un coup, un gros bruit aigu qui a fait trembler toute la maison. J'ai d'abord cru que c'était un tremblement de terre. Je me suis levée [...] tout a commencé à trembler [...] ça a duré une ou deux secondes [...] et c'était déjà terminé." [Charente-Libre du 28 septembre 2024]. Les dégâts restent limités sur l'habitation (quelques tuiles arrachées), mais la tornade brise ou déracine de nouveau quelques arbres (un projectile transperce également le flanc d’une piscine pliable). Le phénomène frôle le centre équestre Foeller et continue sa course en direction du territoire communal de Rivières.

A l'intersection de plusieurs chemins communaux limitrophes avec Rivières (chemin du Taillis-de-Jeannette, chemin des Pinnones), la tornade provoque quelques dégâts sur la végétation (arbres et champ de maïs). On note un évasement temporaire du phénomène (jusqu'à 150 m) jusqu'au bois du Châtelar (commune de Rivières) où les dégâts sont limités en lisière nord-ouest. Au-delà, la tornade perd rapidement en intensité : seules quelques tôles d’un hangar sont emportées au Mônac. Le phénomène se dissipe avant la Tardoire. 

Après analyse des dommages, la tornade d'Agris est classée en intensité EF0 (ponctuellement haut de l'échelon), les nombreux arbres couchés présentant une faible circonférence/un enracinement peu important/une faible résistance naturelle au vent dans un sol gorgé d'eau.

Photographies des principaux dommages (flèches rouges discontinues : sens de déplacement de la tornade) : 

La tornade d'Agris s'est développée au sein d'un rapide flux de secteur OSO, à proximité d'un fond de thalweg étiré de la Scandinavie à l'Espagne. La Charente se situe alors sur le flanc nord d'un jet-streak, axé sud Aquitaine - Bavière - Pologne (ci-dessous à gauche). Cette configuration très dynamique est associée à des advections froides à l'étage moyen, qui s'organisent en une goutte froide (-24°C à 500 hPa, ci-dessous à droite), qui abordent la région par le Golfe de Gascogne en début d'après-midi (ci-dessous à droite).

En basses couches, plusieurs limites frontales se succèdent dans un flux rapide, où une masse d'air d'origine tropicale cède peu à peu la place à une masse d'air polaire maritime en provenance de l'Atlantique Nord (ci-dessous à gauche). Dans ce contexte, l'instabilité la plus significative est observée de l'Aquitaine au Centre et aux Ardennes (ci-dessous à droite).