Observatoire français des tornades et orages violents

La microrafale de Gouy-en-Artois du 8 avril 2024 a pu être identifiée à l'appui d'une enquête de terrain menée par l'équipe de Keraunos. L'analyse des dommages met en évidence un axe de dégâts linéaires - voire divergents - à l'ouest du village. Les projections (tôles, branches, tuiles) sont organisées principalement dans le sens du flux (SO > NE), avec quelques divergences notables (O > E), ce qui écarte d'emblée l'hypothèse d'une tornade où les observations auraient été inverses (convergence des dommages). Le phénomène n'en est pas moins impressionnant, comme l'attestent les témoignages suivants : "J'ai eu l'impression qu'une moissonneuse-batteuse passait dans la rue tellement le grondement était fort et tellement il y avait de vibrations dans le sol", "ça a commencé à siffler, un bruit infernal, et ensuite ça a claqué de partout, j'ai eu peur !", "J'ai entendu un énorme bruit : c'était le hangar du voisin qui s'envolait et les arbres qui s'arrachaient !" [Ici du 9 avril 2024].

A mesure de sa progression vers le nord-est (rue de Fosseux, rue Bultel, rue du Mont-Coteau, rue de Bavincourt, rue de Monchiet, rue de Wanquetin, rue de Simencourt), la microrafale semble progressivement s'évaser pour atteindre plus de 300 mètres de front (contre 100 à 150 mètres au point de départ). Les dégâts relèvent d'un niveau d'intensité D2+ (rafales proches de 150 km/h) : arbres sectionnés, arrachés ou déracinés ; couvertures de hangars (tôles) arrachées ; faibles portions de couvertures (habitations) emportées ; cheminées renversées ; projections de débris. Les dommages sont la conséquence de la forte composante descendante constatée pour cette microrafale, qui a propagé jusqu'au ras du sol des vitesses de vent élevées (les rafales linéaires classiques présentent généralement un gradient vertical de vitesse de vent important, avec une forte décroissance de la vitesse du vent à proximité du sol, tandis que les microrafales assurent un transfert de très fortes rafales jusqu'au niveau du sol).

L'environnement agricole, encore marqué par de nombreuses parcelles à nue, n'a pas permis d'identifier d'autres dommages en amont de Gouy-en-Artois. Même constat en aval, malgré la présence de champs de colza et de bois (Fond de Simencourt, le Chemin Vert, les Quatre Baudrin, la Voie de Proyate à Wanquetin ; le Mont de Wanquetin à Montenescourt). Tout porte à croire que la microrafale s'est déclenchée à proximité immédiate du village, sans présenter un caractère durable. 

Photographies des principaux dommages :