Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Gournay-en-Bray du 8 janvier 2023 survient au sein d'un système convectif quasi linéaire (QLCS) qui traverse l'est de la Seine-Maritime entre 17h35 et 17h40 TU (18h40 TU). Le phénomène, qui a pu être identifié à l'appui d'une enquête de terrain menée par Gwenaël Milcareck et Julien Avalet, parcourt une distance de 2,1 kilomètres selon un sens de déplacement du sud-ouest vers le nord-est (240°).

Les premières traces du tourbillon sont mises en évidence à proximité d'un haras à Avesnes-en-Bray. Le long du chemin de la Route-Verte, quelques branches sont brisées et des arbres de faible dimension déracinés. Un axe de convergence est d'emblée observé dans les divers sens de chute. Les mêmes dommages se reproduisent jusqu'à l'entrée de la côte de Saint-Aubin à Gournay-en-Bray, où on observe fréquemment de très légers dommages sur la végétation : branches brisées, arbres de faible dimension sectionnés ou déracinés. Les dégâts relèvent du niveau d'intensité EF0 sur une bande de terrain large d'à peine quelques dizaines de mètres. 

Dans la direction du nord-est (240°), la tornade traverse la côte de Saint-Aubin puis le lotissement du Chemin Vert, où plusieurs propriétés sont atteintes. Les dommages restent toutefois limités : rangées de tuiles emportées et projetées à faible distance (l'une d'elles percute une voiture), pignons faiblement endommagés, panneaux de clôtures détachés et envolés (l'un d'eux est transporté à 360 mètres de là). Une petite construction en bois est également soufflée. La végétation subit le même sort, avec au plus fort de l'intensité, un conifère de taille moyenne sectionné mais dont la cime retombe presque sur place. Dans ce périmètre, le haut de l'échelon EF0 est atteint.

De la rue Jean-Moulin au chemin des Morues, on retrouve quelques dégâts sur la végétation (dont un arbre déraciné, mais dont l'analyse du tronc n'a pas pu être effectuée). Dans une pâture, l'un des panneaux du n°36, côte de Saint-Aubin est déposé après un parcours de 360 mètres. Au chemin des Morues, quelques constructions sont touchées, et des effets d'aspiration ou de projections sont identifiés dans une propriété en chantier (bâche en plastique, polystyrène, sac de gravier vide). Un axe de convergence est toujours identifié sur une rangée d'arbres qui est traversée par le tourbillon. Parmi les dommages les plus significatifs, une grosse branche maîtresse est arrachée et retombe au pied de l'arbre atteint.

Au-delà du chemin des Morues, c'est un phénomène un peu plus évasé et en cours de dissipation qui semble encore endommager quelques branches dans le périmètre de la rivière de la Morette. Les investigations sont rendues complexes par un environnement marécageux dans lequel plusieurs arbres semblent déjà avoir souffert avant le phénomène. Au-delà de ce point, plus aucun dégât convergent n'est identifié. 

Il est à noter que quelques dégâts sont observés à Hardencourt, commune de Ferrières-en-Bray. Certes situés dans l'axe de la tornade de Gournay-en-Bray, ils ne présentent aucun caractère convergent et ne permettent donc pas de les relier au phénomène de façon certaine.

La journée du 8 janvier 2023 est marquée sur la France par un rapide flux zonal, dans une configuration simultanée d’entrée droite et de sortie gauche de jet bien diffluente. Dans ce contexte dynamique, plusieurs impulsions d’air froid s'organisent à l'étage moyen sur le nord-ouest du pays.

Dans le même temps, en basses couches, la masse d’air qui évolue sur le nord-ouest de la France est bien humidifiée et présente au fil de l’après-midi des thêta’w en hausse à 850 hPa, à l’avant d’un front froid qui s’enfonce par la Bretagne en deuxième partie d’après-midi. Le secteur chaud s’instabilise et le front froid finit par développer une activité orageuse parfois marquée.