Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Chevanceaux du 27 octobre 2023 est observée vers 12h25 TU (14h25 locales), au passage d'une cellule orageuse active qui balaie le nord de la commune d'ouest en est. Bien identifiée au radar de 11h35 TU dans le secteur de Vertheuil (Gironde), la cellule connaît une nette intensification en traversant Mérignac (Charente-Maritime) à 12h15 TU, avant de prendre part à un système linéaire à maturité vers 13h TU à la frontière entre la Charente et la Dordogne.

Une vidéo du phénomène, prise depuis la N10 en direction du NNE, montre une masse nuageuse (avec une faible rotation) accompagnée de feuilles d'arbres, et qui circule de gauche à droite. Le phénomène, qui se manifeste en bordure de cellule, est mieux visible en début de séquence où il présente toutes les caractéristiques d'un vaste tourbillon peu structuré : 

Quelques instants après le phénomène, Jonathan Boisson parvient à filmer les principaux dégâts, alors qu'il remonte l'avenue de Paris en direction du NNE (Chez Castellan). Il découvre des branches arrachées, des arbres déracinés, des éléments de toitures de bâtiments arrachés (tôles, plaques en éverite), et une tôle enroulée autour d'un poteau électrique. Ce type de dommages relève du niveau d'intensité EF1 en raison des projections à distance. L'analyse de la séquence permet par ailleurs d'identifier un couloir de 200 mètres de large.

En l'absence d'enquête de terrain, la trajectoire du phénomène est limitée à 800 mètres (distance qui sépare la N10 du lieu-dit l'Orangerie, où au moins un chêne est déraciné selon la Charente Libre).

Photographies des dommages au niveau de l'avenue de Paris : 

Autres dommages dans une propriété des Prés de Jean Baud : 

La tornade de Chevanceaux s’est formée au sein d’un flux zonal dépressionnaire et fortement perturbé, piloté par un minimum calé au large de l’Irlande. Une grande moitié sud du pays est positionnée en journée sur le flanc nord du courant-jet (ci-dessous à gauche), qui présente un axe virulent entre Baléares et Croatie. Un thalweg d’altitude secondaire circule dans ce flux à l’étage moyen en cours d’après-midi. Il est associé à une petite goutte froide (-26°C à 500 hPa), qui se prolonge jusqu’aux Charentes et au Limousin en un thalweg thermique bien marqué (ci-dessous à droite).

En basses couches, une langue d’air d’origine tropicale ne s’évacue que progressivement de la façade Atlantique en cours d’après-midi (ci-dessous à gauche). La conjonction avec la circulation froide en altitude génère des profils de masse d’air instables sur une grande partie du pays, avec une MUCAPE qui dépasse parfois 500 J/kg et des indices de soulèvement proches de -2 à -3 K. Dans le quart sud-ouest du pays, la présence de forts cisaillements près du sol comme en profondeur a permis la formation d’aux moins deux tornades en quelques heures.