Observatoire français des tornades et orages violents

La supercellule à l'origine de cet épisode de macrorafales prend naissance sur le flanc nord d'une ligne convective, qui s'étire du nord du Lot à l'ouest du Puy-de-Dôme à 14h30 TU (16h30 locales). Alors que la ligne se déstructure en franchissant la plaine de l'Allier après 15h30 TU, un noyau convectif plus intense persiste au nord du système en cours de dissipation. Il atteint le sud de Roanne (Loire) à 16h50 TU, avant d'amorcer une transition supercellulaire vers 17h00 TU.

A 17h50 TU, la supercellule traverse Villefranche-sur-Saône (Rhône) et connaît un développement rapide : en moins de 15 minutes, les intensités pluviométriques atteignent entre 250 et 300 mm/h, avec des chutes de grêle. De 18h00 TU à 18h30 TU, la supercellule génère un premier épisode de macrorafales D1 dans les Dombes (Villeneuve, Villars-les-Dombes, Chalamont, Crans, Villette-sur-Ain*), avec des arbres déracinés et des dégâts légers sur quelques bâtiments et du mobilier de jardin. La foudre est également à l'origine d'un début d'incendie dans une habitation à Sandrans.

Dans le Bugey, la supercellule marque surtout sa présence par de fortes précipitations et des chutes de grêle (diamètre peu important mais forte quantité). En franchissant la Haute-Savoie, la composante venteuse s'accélère fortement dans la vallée des Usses, et des dégâts significatifs sont observés sur la végétation entre 19h25 TU et 19h40 TU (macrorafale D2). La structure supercellulaire est filmée et photographiée à plusieurs reprises dans le secteur de Saint-Blaise.

A 20h00 TU, la composante supercellulaire semble s'atténuer dans la vallée de l'Arve (Bonneville), en liaison avec une seconde cellule convective qui prend naissance au nord immédiat vers 19h45 TU dans la direction du bassin genevois. Le premier système, qui reprend des caractéristiques classiques, s'évacue vers la Suisse à 20h40 TU.

* liste non exhaustive

Les investigations de terrain menées par Igor Hollman et Anthony Martinet dans la vallée des Usses, complétées par de nombreux témoignages, permettent d'attester de vents linéaires ou divergents à l'origine de plusieurs macrorafales entre l'Ain et la Haute-Savoie, et d'une intensité maximale D2 : arbres déracinés ou sectionnés, cultures couchées, quelques objets emportés (dont du mobilier de jardin), dommages très superficiels sur quelques bâtiments. La supercellule à l'origine de cet épisode venteux, d'une durée de vie d'environ 3 heures, produit des rafales notables sur un parcours total de 90 kilomètres et selon une trajectoire Ouest/Est.

L'intensification notable des vents dans la vallée des Usses semble être en lien avec un effet de relief et de cisaillement local près du sol, sans remettre en cause le caractère descendant des rafales (caractéristique que l'on retrouve de façon beaucoup plus marquée lors de l'épisode survenu le matin même dans la vallée du Doubs jusqu'à la Chaux-de-Fonds).

La supercellule à l'origine de cet épisode de macrorafales fait suite à d'autres orages destructeurs qui ont pu être observés plus tôt dans l'après-midi dans les mêmes secteurs : 

- microrafale D1 à Villereversure (Ain) à 11h50 TU avec des dégâts sur la végétation,

- dégâts liés à la grêle (diamètres de 3 à 4 cm localement) de Valromey-sur-Séran (Ain) à Cruseilles (Haute-Savoie) via Seyssel et Chilly (13h00 TU à 13h30 TU) avec des dégâts venteux dans le Valromey sous cette même cellule,

- nouvelle cellule grêligène au sein du même couloir (Vieu à Cruseilles de 13h45 TU à 14h30 TU) avec des dégâts cumulés très importants dans les cultures.

On dénombre par ailleurs près de 150 communes grêlées dans les quatre départements de l'Ain, de l'Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie pour cette seule journée du 24 juillet 2023.