Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Saint-Rémy-de-Provence du 7 septembre 2024 se développe peu avant 22h00 TU (minuit locale le 8), au sein d'une petite cellule convective qui évolue juste à l'avant d'un QLCS (Quasi-Linear Convective System). Dans les mêmes circonstances, une première tornade EF1 est observée au sud-ouest de Saint-Etienne-du-Grès ; elle précède la tornade de Saint-Rémy-de-Provence de quelques minutes à peine. Les dégâts produits sont très similaires, dans un environnement de relief toutefois nettement moins marqué. Une telle configuration est rarement observée en France, les deux phénomènes n'étant séparés que d'une dizaine de kilomètres.

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La tornade de Saint-Rémy-de-Provence du 7 septembre 2022 a pu être identifiée à l'appui d'une enquête de terrain réalisée par Darian Martens et Florian Tourrette peu de temps après l'événement (les observations au niveau du sol sont également enrichies de vues aériennes postérieures à la tornade). Le tourbillon présente toutes les caractéristiques d'une tornade de relief, plus encore qu'à Saint-Etienne-du-Grès en raison de points culminants plus imposants (jusqu'à 300 mètres d'altitude à l'ouest du Rocher des Deux Trous), ce qui semble avoir perturbé la circulation du tourbillon au niveau du sol. De la même manière, ce sont les flancs exposés au vent qui subissent le plus de dommages, à l'exception du versant nord de la ligne de crête (par l'étroite vallée du Gaudre de Valrugue) qui semble avoir subi un gros effet d'aspiration sous le vent.

Sur un parcours de 3 kilomètres, la tornade traverse le massif des Alpilles en prenant naissance le long d'une ancienne piste d'altitude menant aux Baux-de-Provence. Entre gaudres (petits ruisseaux) et points culminants, le phénomène déracine environ 800 arbres sur une superficie estimée à 5 hectares. L'axe de convergence, plus ténu qu'à Saint-Etienne-du-Grès, s'illustre par une disposition similaire des sens de chute, au sein d'un couloir potentiellement plus évasé (largeur maximale de 300 mètres). 

Dans la plaine de la Durance, la tornade traverse plusieurs propriétés, des terrains cultivés et quelques parcelles boisées (aucune habitation n'est directement touchée). La trajectoire du tourbillon, nettement moins instable, se poursuit quasiment en ligne droite de Séraillet au Mas de Beauchamp, pour atteindre 6,9 kilomètres sur ce dernier point. Outre les nombreux pins déracinés, on relève les principaux dommages suivants : lignes électriques tendues ou rompues par des chutes d'arbres, autres essences (genévriers, cyprès adultes, érables, gros platanes) déracinées ou parfois sectionnées, tôles d'un abri envolées, panneau publicitaire plié, serres tunnels endommagées, ruches déplacées. Dans le secteur du Val de Joas, un riverain rencontré lors de l'enquête mentionne également une gouttière arrachée de sa maison, et signale qu'un olivier en pot aurait été soulevé chez un voisin. 

Les dommages relèvent d'un niveau d'intensité EF1 sur l'échelle de Fujita améliorée. Si la qualité de l'enracinement en altitude peut éventuellement faire l'objet d'interrogations, on note la solidité de la plupart des arbres qui ont été déracinés en plaine.

La tornade de Saint-Rémy-de-Provence s'est formée dans un contexte très dynamique, au passage d'un thalweg d'altitude piloté par un minimum positionné sur l'Irlande. L'axe de thalweg a généré une cassure nette du jet en abordant la vallée du Rhône ; celle-ci s'est alors retrouvée dans une configuration d'entrée droite / sortie gauche simultanée (ci-dessous à gauche). Le fort soulèvement dynamique associé à ce type de configuration a été renforcé par la constitution d'une ligne de convergence de basses couches en vallée du Rhône. Celle-ci s'est organisée au sein d'une advection massive d'air chaud et humide d'origine tropicale (dont témoigne les hautes valeurs de thêta'w à 850 hPa, ci-dessous à droite).

L'analyse détaillée via le modèle ARW 3 km en configuration reforecast confirme la forte convergence de basses couches entre Gard et Bouches-du-Rhône notamment, à l'heure de formation de la tornade (ci-dessous à gauche). Les forts cisaillements associés à ce type de configuration ont généré une hélicité significative près du sol (SRH 0-1 km de 130 à 160 m²/s² sur la zone concernée par la tornade) :

Ainsi, en début de nuit du 7 au 8 novembre 2022, les forçages les plus dynamiques se présentent en basse vallée du Rhône et génèrent de puissants cisaillements. Ils s'appliquent à ce moment-là sur des profils verticaux rendus fortement instables par les apports en air chaud et humide générés par le flux de sud en basses couches : en pleine nuit, les valeurs de MUCAPE dépassent 2000 J/kg sur la zone (ci-dessous à gauche). Conséquemment, le potentiel de tornade est devenu significatif sur ce secteur, comme en témoigne la réaction du Significant Tornado Parameter (STP), avec des valeurs comprises entre 1,5 et 2 sur les Bouches-du-Rhône (ci-dessous à droite).