Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Moëlan-sur-Mer du 8 novembre 2022 se développe en périphérie sud d'une cellule convective assez active, qui trouve son origine en mer et qui entre dans les terres à 5h41 TU (6h41 locales). Il y a de fortes présomptions pour que cette tornade soit issue d'une trombe marine. 

D'après les témoignages recueillis, le phénomène se manifeste à 6h50 : "Vers 6h50 [...] J’étais à peine debout quand j’ai entendu un grand bang : c’est ma véranda qui venait d’exploser." [Ouest-France du 8 novembre 2022]. Selon un parcours de l'OSO vers l'ENE (240°), la tornade traverse successivement les quartiers de Malachap, Brigneau, Kermeurzac'h, Kerscoazec et Kercanet sur une bande de terrain large de 50 mètres. En l'absence d'enquête de terrain, il est vraisemblable que le phénomène se poursuive au-delà ; la trajectoire de 2 kilomètres apparaît donc comme un minimum.

D'après les illustrations de dommages disponibles, un axe de convergence apparaît en deux points : d'une part à l'ouest de Brigneau, où les branches de pin arrachées tombent principalement vers l'est ; d'autre part à Kerscoazec où les débris d'un appentis sont dirigés vers le NNE et des branches d'arbres vers le Nord ou le NNE. 

On note toutefois des dommages limités : branches de conifères arrachées (quelques arbres de faible dimension sectionnés à mi-hauteur), grosses branches de feuillus arrachées, un petit arbre déraciné, appentis détruit, palissade et portail arrachés, baies vitrées d'une véranda projetées à l'intérieur, ardoises délogées. Une table de jardin est également emportée à distance. Ce type de dommages relève d'une intensité EF0 (haut de l'échelon) sur l'échelle de Fujita améliorée. 

La tornade s’est formée dans un contexte fortement perturbé, dominé par un flux de sud-ouest rapide et cyclonique, piloté par un minimum d’altitude positionné au large de l’Irlande. Un front froid évolue sur la zone en fin de nuit, et c’est dans le début de traîne qu’un thalweg thermique marqué circule rapidement à l’étage moyen (-20°C à 500 hPa) :

Celui-ci évolue au-dessus de basses couches qui sont caractérisées par des thêta’w certes en baisse dans cette configuration de traîne, mais qui conservent encore des traces d’air tropical (ci-dessous à gauche). Dès lors, les profils verticaux sont instables en Bretagne, avec quelques centaines de J/kg de MUCAPE.