Tornade EF1 à Bourg-du-Bost (Dordogne) le 4 novembre 2013
Une tornade de faible intensité (EF1) frappe le Ribéracois (Dordogne), le 4 novembre 2013 vers 14h20 locales. Le phénomène, qui est vu par plusieurs témoins, est confirmé par une enquête de terrain. La commune de Bourg-du-Bost apparaît la plus éprouvée.
Fait inédit, cette tornade s'est produite presque simultanément avec celle de Douchapt, survenue 10 minutes plus tard à seulement 15 kilomètres à l'est. Cette configuration est rare et rappelle les deux tornades presque simultanées qui avaient frappé trois communes du Lauragais (Aude) le 18 mai 1999.
La tornade de Bourg-du-Bost s'inscrit donc dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 4 cas pour la journée du 4 novembre 2013, dont la tornade EF0 de Saint-Maigrin (Charente-Maritime), la tornade EF0 des Pins (Charente), et la tornade EF1 de Douchapt (Dordogne).
La tornade de Bourg-du-Bost s'inscrit donc dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 4 cas pour la journée du 4 novembre 2013, dont la tornade EF0 de Saint-Maigrin (Charente-Maritime), la tornade EF0 des Pins (Charente), et la tornade EF1 de Douchapt (Dordogne).
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF1, soit des vents estimés de 135 à 175 km/h
* distance parcourue : 2,1 kilomètres
* largeur moyenne : 50 mètres
* communes traversées : BOURG-DU-BOST (Reminsignac), VANXAINS (Leygonie), RIBERAC (la Belaudie, la Sarrazinie)
* département : DORDOGNE (24)
* distance parcourue : 2,1 kilomètres
* largeur moyenne : 50 mètres
* communes traversées : BOURG-DU-BOST (Reminsignac), VANXAINS (Leygonie), RIBERAC (la Belaudie, la Sarrazinie)
* département : DORDOGNE (24)
* altitude moyenne du terrain : 85 mètres
* type de terrain : systèmes culturaux et parcellaires complexes, terres arables hors périmètres d'irrigation, forêts de feuillus
* principaux dégâts : arbres feuillus adultes déracinés, toitures d'habitations endommagées, effondrement de plusieurs ballots de paille, projections de tôles à 300 mètres de distance, toiture d'un hangar (structure en bois) arrachée et chevrons portés à distance et plantés au sol, couverture d'un puits enlevée et déposée en l'état sur des piquets de clôture, objets emmenés dans les airs (certains ont survolé une haie)
* principaux dégâts : arbres feuillus adultes déracinés, toitures d'habitations endommagées, effondrement de plusieurs ballots de paille, projections de tôles à 300 mètres de distance, toiture d'un hangar (structure en bois) arrachée et chevrons portés à distance et plantés au sol, couverture d'un puits enlevée et déposée en l'état sur des piquets de clôture, objets emmenés dans les airs (certains ont survolé une haie)
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
Les dégâts sont représentés par les plages de couleur rouge, et les projections à distance par des pointillés jaunes.
Photographies des dommages
Une enquête de terrain menée par KERAUNOS a permis de retracer la trajectoire parcourue par cette tornade, confirmée par des témoignages et par l'organisation des dommages (axe de dégâts convergents au sein d'un couloir de 50 mètres de largeur en moyenne, trajectoire linéaire ONO - ESE).
A
A
1 Saint-Aunès - La Crouzette - moissonneuse-batteuse de 6 tonnes déplacée de 5 mètres
2 Saint-Aunès - ZAC Saint-Antoine - clôtures pliées ou tordues
3 Saint-Aunès - ZAC Saint-Antoine - panneau publicitaire tordu et partiellement détruit
4 Saint-Aunès - ZAC Saint-Antoine - colonne en Inox détériorée par des projectiles
5 Saint-Aunès - ZAC Saint-Antoine - mobil-home entièrement détruit (seul subsiste un emplacement vide) - Vue en direction de Vendargues
6 Vendargues - Dégâts sur le stade - grillages pliés
7 Pylônes électriques (bois) rompus
8 Pylônes électriques (béton) rompus
Synthèse des deux phénomènes de Bourg-du-Bost et de Douchapt
La carte ci-dessous synthétise les deux cas de tornades survenus dans le Ribéracois le 4 novembre 2013, entre 14h22 et 14h34 locales:
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
En première analyse, il est rapidement apparu peu probable que les tornades de Bourg-du-Bost et de Douchapt aient pu être produites par une seule et même cellule. D'une part, compte-tenu d'une circulation de flux à environ 55 km/h, il aurait fallu 10 minutes à la cellule qui a produit la tornade de Bourg-du-Bost pour rejoindre Saint-Méard-de-Drône. Or, cette même commune est touchée à 14h27 et non à 14h34. D'autre part, les communes ne présentent pas le même alignement par rapport au flux principal ; s'il ne s'agissait que d'un seul et même phénomène, celui-ci aurait dû subitement dévier du flux sans explication.
Ce premier constat a été confirmé par l'analyse des échos radar. Ceux-ci montrent deux cellules distinctes qui balaient simultanément le secteur entre 14h15 et 14h30 locales. Evoluant de manière parallèle, la première circule sur Bourg-du-Bost, et la seconde un peu plus à l'est, sur Douchapt. Ces deux tornades se sont donc bien formées distinctement, sous deux cellules bien différenciées mais quasi simultanées.
Coupures de presse
Le quotidien Sud-Ouest s'est fait l'écho de cet événement dans ces colonnes :
Dordogne : un gros coup de vent arrache des toitures en Ribéracois
C’était une « mini-tornade », selon les termes des pompiers et des habitants qui ont assisté au phénomène, lundi sur les coups de 14 heures. Un très gros coup de vent a fait tomber des tuiles et a arraché des bouts de toitures à Vanxains, Bourg-du-Bost, Ribérac et Chassaignes, dans le Ribéracois, en Dordogne.
Philippe Vasseur, agriculteur à La Belaudie, à Ribérac (carte ci-dessous), a quasiment vu le toit au-dessus de lui s’envoler, alors qu’il était occupé à aider, avec le vétérinaire, une de ses vaches à mettre bas. « J’ai entendu un grand souffle de vent. J’ai vu une bâche s’envoler, comme aspirée. Et puis des débris ont commencé à tomber », raconte l’agriculteur, qui s’est retrouvé en quelques secondes presque à l’air libre : une partie du toit en tôle de l’étable s’est envolée.
De même, la toiture d’une réserve de foin n’a pas résisté à la bourrasque. « J’ai retrouvé des poutres dans la cour. Le portail de l’une de mes stabulations a atterri 200 mètres plus loin », explique l'agriculteur, stupéfait. Mais «l’essentiel, c’est que les bêtes n’ont pas été affolées et blessées par des chutes de débris ». Quant au vêlage, « il s’est bien passé. Mais le véto a dû se débrouiller tout seul ! ». Au total, près de 400 plaques de tôles se sont envolées. Les services municipaux de Ribérac et des sapeurs-pompiers étaient sur les lieux en fin d’après midi pour bâcher les toitures et les silos à ensilage.
À Bourg-du-Bost, au lieu dit Reminsignac (carte ci-dessous), cinq toitures d’habitations ont été touchées. Un morceau de toit d’une maison appartenant à des ressortissants britanniques, actuellement inoccupée, a été littéralement retourné et un morceau s'est retrouvé à une quarantaine de mètres. Une grange entièrement décoiffée menaçait de tomber. Un pigeonnier a aussi été touché. Sans compter les nombreux arbres arrachés par la force du vent. La ligne électrique a également été endommagée ; le courant a été coupé. Il a été rétabli dans la soirée de lundi, vers 21h30, comme dans le secteur de Ribérac.
Analyse de la situation météorologique
La tornade de Bourg-du-Bost s'est développée au sein d'un orage de type monocellulaire, de petite dimension mais actif, qui a transité sur l'ouest puis le centre du département de la Dordogne peu après 14 heures locales.
Un rapide flux d’ouest/nord-ouest à nord-ouest était alors en position sur l’ouest de la France. Le nord de l’Aquitaine et la région Poitou-Charentes se situent en début d’après-midi de ce 4 novembre en sortie gauche d’un violent courant-jet qui pointe en direction des Cantabriques. Le flux d’altitude est dès lors rapide et fortement divergent, avec un soulèvement dynamique induit particulièrement propice à un entretien de la convection.
Dans ce flux rapide circule un thalweg dont l’axe principal se présente sur la façade Atlantique en milieu de journée. C’est juste à l’avant de cet axe de thalweg que l’activité convective la plus profonde et active a été observée, entre Gironde, Charente, Dordogne et Haute-Vienne. Elle a été favorisée par des advections d’air froid marquées à l’étage moyen (jusqu’à -22°C à 500 hPa).
Ces intrusions froides en altitude ont instabilisé les profils verticaux et activé la traîne, grâce à des valeurs de MUCAPE qui ont localement dépassé 500 J/kg, avec MULI jusqu’à -2. De forts cisaillements de basses couches ont accompagné cette situation. Le modèle WRF 16 km Europe simule ainsi une hélicité relative (SRH) qui avoisine 200 m²/s² sur l’épaisseur 0-1 km sur la zone frappée par la tornade.
Le radiosondage effectué à Bordeaux à 13 heures locales est le plus proche, géographiquement et temporellement, de la tornade de Bourg-du-Bost. Son analyse est instructive dans la mesure où le profil thermique et hygrométrique est bien représentatif de l’environnement dans lequel s’est développée cette tornade. La position géographique de Bordeaux rend toutefois les conditions de cisaillements moins représentatives de celles qui prévalaient en Dordogne au même moment.
L'analyse de celui-ci permet d'établir les valeurs suivantes :
* MUCAPE de 648 J/kg
Un rapide flux d’ouest/nord-ouest à nord-ouest était alors en position sur l’ouest de la France. Le nord de l’Aquitaine et la région Poitou-Charentes se situent en début d’après-midi de ce 4 novembre en sortie gauche d’un violent courant-jet qui pointe en direction des Cantabriques. Le flux d’altitude est dès lors rapide et fortement divergent, avec un soulèvement dynamique induit particulièrement propice à un entretien de la convection.
Dans ce flux rapide circule un thalweg dont l’axe principal se présente sur la façade Atlantique en milieu de journée. C’est juste à l’avant de cet axe de thalweg que l’activité convective la plus profonde et active a été observée, entre Gironde, Charente, Dordogne et Haute-Vienne. Elle a été favorisée par des advections d’air froid marquées à l’étage moyen (jusqu’à -22°C à 500 hPa).
Ces intrusions froides en altitude ont instabilisé les profils verticaux et activé la traîne, grâce à des valeurs de MUCAPE qui ont localement dépassé 500 J/kg, avec MULI jusqu’à -2. De forts cisaillements de basses couches ont accompagné cette situation. Le modèle WRF 16 km Europe simule ainsi une hélicité relative (SRH) qui avoisine 200 m²/s² sur l’épaisseur 0-1 km sur la zone frappée par la tornade.
Le radiosondage effectué à Bordeaux à 13 heures locales est le plus proche, géographiquement et temporellement, de la tornade de Bourg-du-Bost. Son analyse est instructive dans la mesure où le profil thermique et hygrométrique est bien représentatif de l’environnement dans lequel s’est développée cette tornade. La position géographique de Bordeaux rend toutefois les conditions de cisaillements moins représentatives de celles qui prévalaient en Dordogne au même moment.
L'analyse de celui-ci permet d'établir les valeurs suivantes :
* MUCAPE de 648 J/kg
* MLCAPE de 199 J/kg
* MULI de -2 K
* MLLI de +1 K
* LCL très abaissés à 63 mètres
* EL situés à proximité de la tropopause à 7.960 mètres
* cisaillements 0-6 km de 22 m/s
* SRH 0-1 km de 9 m²/s²
* SRH 0-3 km de 72 m²/s²
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