Tornade EF0 aux Pins (Charente) le 4 novembre 2013
Une tornade de très faible intensité (EF0) frappe les communes des Pins et de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente), le 4 novembre 2013 vers 13h50 locales. Le phénomène, qui a été vu par plusieurs témoins, a fait l'objet d'une enquête de terrain.
La tornade des Pins s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 4 cas pour la journée du 4 novembre 2013, dont la tornade EF0 de Saint-Maigrin (Charente-Maritime), la tornade EF1 de Bourg-du-Bost (Dordogne) et la tornade EF1 de Douchapt (Dordogne).
A noter que la commune des Pins, touchée par cette tornade, est distincte de la commune du Pin, en Charente-Maritime, frappée par une microrafale le 18 juillet 2013. Ces deux événements venteux n'ont donc pas concerné la même commune.
La tornade des Pins s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 4 cas pour la journée du 4 novembre 2013, dont la tornade EF0 de Saint-Maigrin (Charente-Maritime), la tornade EF1 de Bourg-du-Bost (Dordogne) et la tornade EF1 de Douchapt (Dordogne).
A noter que la commune des Pins, touchée par cette tornade, est distincte de la commune du Pin, en Charente-Maritime, frappée par une microrafale le 18 juillet 2013. Ces deux événements venteux n'ont donc pas concerné la même commune.
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF0, soit des vents estimés de 105 à 135 km/h
* distance parcourue : 8 kilomètres
* largeur moyenne : 30 mètres
* communes traversées : LES PINS (Chez Mouchet, Quatre Vaux, forêt de Quatre Vaux), CHASSENEUIL-SUR-BONNIEURE (Araines, la Bonnieure, les Viviers)
* département : CHARENTE (16)
* distance parcourue : 8 kilomètres
* largeur moyenne : 30 mètres
* communes traversées : LES PINS (Chez Mouchet, Quatre Vaux, forêt de Quatre Vaux), CHASSENEUIL-SUR-BONNIEURE (Araines, la Bonnieure, les Viviers)
* département : CHARENTE (16)
* altitude moyenne du terrain : 115 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu, systèmes culturaux et parcellaires complexes, terres arables hors périmètres d'irrigation, forêts de feuillus, prairies
* principaux dégâts : arbres feuillus ébranchés, quelques arbres couchés (mais sols gorgés d'eau), habitations détuilées, une portion de toiture d'une dépendance agricole arrachée (bâtiment ancien)
* principaux dégâts : arbres feuillus ébranchés, quelques arbres couchés (mais sols gorgés d'eau), habitations détuilées, une portion de toiture d'une dépendance agricole arrachée (bâtiment ancien)
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
Discussion sur la trajectoire et l'intensité retenues
Une enquête de terrain menée par KERAUNOS a permis de retracer la trajectoire parcourue par cette tornade, confirmée par des témoignages et par l'organisation des dommages (axe de dégâts convergents au sein d'un couloir de 30 mètres de largeur sur une trajectoire linéaire ONO - ESE).
Les premiers dommages sont observés à l'ouest de Chez Mouchet (commune des Pins). C'est sur une bande de terrain d'une trentaine de mètres de largeur que les principaux dégâts sont observés : habitations faiblement endommagées, arbres couchés, et projection à faible distance de branches. Une portion de toit d'une construction ancienne (bien que construite en dur) a été enlevée, mais la structure présentait une certaine vétusté.
Un peu plus loin (hameau de Quatre Vaux), les dégâts sont moindres et affectent quelques habitations, tout comme à Araines (commune de Chasseneuil-sur-Bonnieure) où des tuiles sont enlevées des toits. Quelques bâtiments agricoles (faible maçonnerie, supports en tôles) sont également touchés. Le phénomène se dissipe dans le vallon formé par la rivière de la Bonnieure, où il provoque d'ultimes dégâts au hameau des Viviers (noyers couchés mais leurs racines étaient peu adhérentes, mobilier de jardin détruit). Au moment de la dissipation de la tornade, la trajectoire dévie légèrement du flux principal.
Enfin, il est à noter de faibles dégâts à la végétation dans la forêt de Quatre Vaux.
Compte-tenu des dégâts observés, cette tornade est classée en intensité EF0.
Témoignages
Une habitante de la commune des Pins nous livre le récit d'une voisine: "La tornade est arrivée devant sa fenêtre à 13h50. Elle était assise à sa table. Il ne pleuvait pas et tout s'est mis à se soulever d'un coup avec des amas de poussière. Elle n'a pas eu le temps d'aller se rasseoir que tout était terminé; cela a duré une quinzaine de secondes."
* * *
L'adjoint au maire des Pins complète:
"Il ne pleuvait pas lorsque tout à coup, entre 13h45 et 13h50, un grondement sourd s'est fait entendre de l'autre côté de ma maison. J'entendais les tuiles se briser au sol. Le temps que je sorte, tout était terminé. Une personne à Quatre-Vaux fait état d'un soulèvement de débris et de poussière."
Photographies des dommages
1 Les Pins - Premiers dommages identifiés dans un bois à l'ouest de Chez Mouchet
2 Les Pins - Chez Mouchet - Tuiles délogées à l'ouest du hameau
3 Les Pins - Chez Mouchet - Tôles de hangar aspirées vers le Sud-Est (la tornade circule de gauche à droite)
4 Les Pins - Chez Mouchet - Axe de convergence identifié dans le sens de chute des branches (la tornade circule de gauche à droite)
5 Les Pins - Chez Mouchet - Arbre de faible dimension sectionné
6 Chasseneuil-sur-Bonnieure - Noyer déraciné à l'est d'Araines
Analyse de la situation météorologique
La tornade des Pins s'est développée au sein d'un orage de type monocellulaire, de petite dimension mais actif, qui a transité sur la moitié nord du département de la Charente entre 13h00 et 14h15 locales. C'est au moment de sa maturité et de son activité la plus marquée que la cellule a produit la tornade, soit vers 13h45 locales.
Un rapide flux d’ouest/nord-ouest à nord-ouest était alors en position sur l’ouest de la France. Le nord de l’Aquitaine et la région Poitou-Charentes se situent en début d’après-midi de ce 4 novembre en sortie gauche d’un violent courant-jet qui pointe en direction des Cantabriques. Le flux d’altitude est dès lors rapide et fortement divergent, avec un soulèvement dynamique induit particulièrement propice à un entretien de la convection.
Dans ce flux rapide circule un thalweg dont l’axe principal se présente sur la façade Atlantique en milieu de journée. C’est juste à l’avant de cet axe de thalweg que l’activité convective la plus profonde et active a été observée, entre Gironde, Charente, Dordogne et Haute-Vienne. Elle a été favorisée par des advections d’air froid marquées à l’étage moyen (jusqu’à -22°C à 500 hPa).
Ces intrusions froides en altitude ont instabilisé les profils verticaux et activé la traîne, grâce à des valeurs de MUCAPE qui ont localement dépassé 500 J/kg, avec MULI jusqu’à -2. De forts cisaillements de basses couches ont accompagné cette situation. Le modèle WRF 16 km Europe simule ainsi une hélicité relative (SRH) qui avoisine 200 m²/s² sur l’épaisseur 0-1 km sur la zone frappée par la tornade.
Le radiosondage effectué à Bordeaux à 13 heures locales est le plus proche, géographiquement et temporellement, de la tornade des Pins. Son analyse est instructive dans la mesure où le profil thermique et hygrométrique est bien représentatif de l’environnement dans lequel s’est développée cette tornade. La position géographique de Bordeaux rend toutefois les conditions de cisaillements moins représentatives de celles qui prévalaient en Charente au même moment.
L'analyse de celui-ci permet d'établir les valeurs suivantes :
* MUCAPE de 648 J/kg
Un rapide flux d’ouest/nord-ouest à nord-ouest était alors en position sur l’ouest de la France. Le nord de l’Aquitaine et la région Poitou-Charentes se situent en début d’après-midi de ce 4 novembre en sortie gauche d’un violent courant-jet qui pointe en direction des Cantabriques. Le flux d’altitude est dès lors rapide et fortement divergent, avec un soulèvement dynamique induit particulièrement propice à un entretien de la convection.
Dans ce flux rapide circule un thalweg dont l’axe principal se présente sur la façade Atlantique en milieu de journée. C’est juste à l’avant de cet axe de thalweg que l’activité convective la plus profonde et active a été observée, entre Gironde, Charente, Dordogne et Haute-Vienne. Elle a été favorisée par des advections d’air froid marquées à l’étage moyen (jusqu’à -22°C à 500 hPa).
Ces intrusions froides en altitude ont instabilisé les profils verticaux et activé la traîne, grâce à des valeurs de MUCAPE qui ont localement dépassé 500 J/kg, avec MULI jusqu’à -2. De forts cisaillements de basses couches ont accompagné cette situation. Le modèle WRF 16 km Europe simule ainsi une hélicité relative (SRH) qui avoisine 200 m²/s² sur l’épaisseur 0-1 km sur la zone frappée par la tornade.
Le radiosondage effectué à Bordeaux à 13 heures locales est le plus proche, géographiquement et temporellement, de la tornade des Pins. Son analyse est instructive dans la mesure où le profil thermique et hygrométrique est bien représentatif de l’environnement dans lequel s’est développée cette tornade. La position géographique de Bordeaux rend toutefois les conditions de cisaillements moins représentatives de celles qui prévalaient en Charente au même moment.
L'analyse de celui-ci permet d'établir les valeurs suivantes :
* MUCAPE de 648 J/kg
* MLCAPE de 199 J/kg
* MULI de -2 K
* MLLI de +1 K
* LCL très abaissés à 63 mètres
* EL situés à proximité de la tropopause à 7.960 mètres
* cisaillements 0-6 km de 22 m/s
* SRH 0-1 km de 9 m²/s²
* SRH 0-3 km de 72 m²/s²
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