Tornade EF1 à Landouzy-la-Cour (Aisne) le 20 octobre 2013
Une tornade de faible intensité (EF1) parcourt le nord de la Thiérache (Aisne) le 20 octobre 2013, vers 19h20 locales. Le phénomène, confirmé par une enquête de terrain, a plus particulièrement touché la vallée de la rivière de Landouzy, avant de se dissiper sur un plateau situé à plus de cinq kilomètres de son point de départ.
La tornade de Landouzy-la-Cour s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 6 cas pour la journée du 20 octobre 2013, dont la tornade EF1 de Neuilly-sur-Eure (Orne), la tornade EF0 de Quittebeuf (Eure), la tornade EF0 de Bray-sur-Somme (Somme), la tornade EF1 d'Azincourt (Pas-de-Calais) et la tornade EF2 de Bailleul-Heuvelland (département du Nord et Belgique).
De nombreux autres cas de tornades sont également observés en Angleterre et au Bénélux, ce qui rend cet outbreak européen d'une ampleur exceptionnelle.
La tornade de Landouzy-la-Cour s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 6 cas pour la journée du 20 octobre 2013, dont la tornade EF1 de Neuilly-sur-Eure (Orne), la tornade EF0 de Quittebeuf (Eure), la tornade EF0 de Bray-sur-Somme (Somme), la tornade EF1 d'Azincourt (Pas-de-Calais) et la tornade EF2 de Bailleul-Heuvelland (département du Nord et Belgique).
De nombreux autres cas de tornades sont également observés en Angleterre et au Bénélux, ce qui rend cet outbreak européen d'une ampleur exceptionnelle.
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF1, soit des vents estimés de 135 à 175 km/h
* distance parcourue : 5,4 kilomètres
* largeur moyenne : 90 mètres (largeur observée en deux points distincts)
* communes traversées : THENAILLES (la Petite Denteuse, les Ninelles, le Landouzy), LANDOUZY-LA-COUR (le Landouzy, la rue des Rois, le Grand Champ)
* département : AISNE (02)
* altitude moyenne du terrain : 175 mètres
* type de terrain : terres arables hors périmètres d'irrigation, prairies
* principaux dégâts : arbres feuillus adultes de bonne taille (hêtres, aulnes, saules, frênes) déracinés ou brisés dans leur chute ; gros peupliers sectionnés à mi hauteur ; pan de toiture d'une habitation enlevé (50% du toit) et débris portés à 100 mètres de distance ; laine de verre et morceaux de gouttière retrouvés à près de 3 kilomètres de distance ; cimes des arbres portées à faible distance
* distance parcourue : 5,4 kilomètres
* largeur moyenne : 90 mètres (largeur observée en deux points distincts)
* communes traversées : THENAILLES (la Petite Denteuse, les Ninelles, le Landouzy), LANDOUZY-LA-COUR (le Landouzy, la rue des Rois, le Grand Champ)
* département : AISNE (02)
* altitude moyenne du terrain : 175 mètres
* type de terrain : terres arables hors périmètres d'irrigation, prairies
* principaux dégâts : arbres feuillus adultes de bonne taille (hêtres, aulnes, saules, frênes) déracinés ou brisés dans leur chute ; gros peupliers sectionnés à mi hauteur ; pan de toiture d'une habitation enlevé (50% du toit) et débris portés à 100 mètres de distance ; laine de verre et morceaux de gouttière retrouvés à près de 3 kilomètres de distance ; cimes des arbres portées à faible distance
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
Les cartes ci-dessous présentent la trajectoire suivie par la tornade.
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
Les dégâts sont représentés par les plages de couleur rouge, et les projections à distance par des pointillés jaunes.
Enquête de terrain et photographies des dommages
Une enquête de terrain a été menée par Keraunos. Les analyses effectuées sur place permettent d'attester du passage d'une tornade le long de la rivière de Landouzy. La vallée dans laquelle se trouve la rivière semble d'ailleurs avoir joué un rôle non négligeable dans la trajectoire suivie par le tourbillon.
Au-delà de la rue des Rois (Landouzy-la-Cour), des débris de laine de verre sont retrouvés à près de 3 kilomètres. Faute de dégâts identifiables à cet endroit, nous considérons toutefois que la tornade s'est dissipée avant cette zone, soit au niveau d'un coteau situé au nord-est du village.
1 Thenailles - La Petite Denteuse - Premier impact identifié de la tornade, avec petites branches cassées
2 Thenailles - Arbres cassés le long de la rivière de Landouzy
3 Thenailles - Arbres cassés le long de la rivière de Landouzy
4 Thenailles - Arbres cassés le long de la rivière de Landouzy
5 Landouzy-la-Cour - Arbres et branches cassées le long du Landouzy
6 Landouzy-la-Cour - Grosse branche cassée et projetée à faible distance le long du Landouzy
7 Landouzy-la-Cour - Arbres cassés et déracinés le long du Landouzy
8 Landouzy-la-Cour - Arbre abattu (cercle en pointillés) et, au loin, les maisons endommagées par la tornade
9 Landouzy-la-Cour - Toitures fortement endommagées
10 Landouzy-la-Cour - Matériaux de toitures projetés à 100 mètres de distance
Analyse des conditions météorologiques
Les 6 tornades du 20 octobre 2013 se sont formées dans un contexte à la fois instable et très dynamique, au sein d'un ciel de traîne active.
On note la présence sur la nord de la France d'un très rapide flux zone en haute altitude, lié au positionnement du courant-jet le long d'un axe étiré du sud de l'Irlande et de la Bretagne jusqu'à la Pologne et à la Russie. En fin d'après-midi et début de soirée, le nord de la France est positionné dans une configuration de sortie gauche fortement divergente d'un jet-streak en cours de transit sur la Manche. Ceci est lié à la circulation d'un thalweg de haute altitude de courte longueur d'onde mais très dynamique, associé à une anomalie basse de la tropopause dynamique.
Ce fort dynamisme atmosphérique s'applique sur des profils verticaux qui sont rendus instables par de fortes advections froides en altitude (jusqu'à -21°C à 500 hPa), qui balaient alors la Manche et le nord de la France, en surplomb d'une circulation d'air doux et humide qui se maintient dans les basses couches (thêta'w de 12 à 13°C à 850 hPa, soit vers 1.500 mètres d'altitude).
De fait, les valeurs de MUCAPE dépassent fréquemment 500 J/kg sur le nord du pays, avec des indices de soulèvement (MULI) de -1 à -2 K. On note en outre la circulation d'un jet de basses couches sur le nord du pays. Ce dernier a contribué à accentuer l'hélicité relative jusqu'à un niveau critique en très basses couches.
Ce fort dynamisme atmosphérique s'applique sur des profils verticaux qui sont rendus instables par de fortes advections froides en altitude (jusqu'à -21°C à 500 hPa), qui balaient alors la Manche et le nord de la France, en surplomb d'une circulation d'air doux et humide qui se maintient dans les basses couches (thêta'w de 12 à 13°C à 850 hPa, soit vers 1.500 mètres d'altitude).
De fait, les valeurs de MUCAPE dépassent fréquemment 500 J/kg sur le nord du pays, avec des indices de soulèvement (MULI) de -1 à -2 K. On note en outre la circulation d'un jet de basses couches sur le nord du pays. Ce dernier a contribué à accentuer l'hélicité relative jusqu'à un niveau critique en très basses couches.
Cette instabilité marquée et ces forts cisaillements, particulièrement propices à la formation de tornades, sont confirmés par le radiosondage effectué à Trappes à 14h locales. Ce radiosondage est le plus proche, géographiquement et temporellement, des formations de tornades observées ce 20 octobre.
L'analyse de celui-ci permet d'établir les valeurs suivantes :
* MUCAPE de 619 J/kg
* MULI de -2 K
* LCL bien abaissés à 140 mètres
* EL à 10.324 mètres, soit à l'altitude de la tropopause
* cisaillements 0-6 km de 30 m/s
* SRH 0-1 km de 162 m²/s²
* SRH 0-3 km de 230 m²/s²
Analyse des cellules orageuses
Les images des satellites défilants et géostationnaires montrent explicitement que les orages qui ont donné naissance aux multiples tornades de ce 20 octobre ont circulé au sein d'une limite secondaire active. Celle-ci se présente dès le matin par la Bretagne puis gagne sensiblement en activité en seconde partie d'après-midi, lors de sa progression sur la Normandie, l'Ile-de-France, la Picardie puis le Nord - Pas de Calais.
Le canal visible montre notamment la présence d'une multitude de sommets convectifs profonds au sein de cet axe secondaire, sous la forme de bouillonnements nuageux proéminents :
Les images réalisées dans le canal infrarouge, une fois colorisées, permettent de mettre en évidence la température des sommets nuageux. On note des sous-structures relativement anarchiques au sein de cet axe secondaire, avec des zones plus actives, identifiées par des sommets nuageux inférieurs à -55°C.
Ces éléments sont confirmés par les images radars, qui montrent de nombreuses cellules orageuses de petite dimension, incluses au sein d'un vaste cordon pluvieux à composante convective, ou le précédant de quelques dizaines de kilomètres. Ce système à dominante linéaire tend à s'enrouler sur lui-même en soirée, entre le nord de la Picardie et le Nord - Pas de Calais, donnant naissance à une variante originale de LEWP, à la fois morcelée et anarchique. Le coeur de ce dernier est associé à un thalweg de surface (minimum de 1008,2 hPa mesuré à Lille à 19h11 locales), au sein duquel évoluent des cellules dont les trajectoires dévient fortement du flux moyen.
Les très forts cisaillements générés par cette organisation ont donné naissance à au moins deux supercellules de type LT :
* l'une s'est formée au large d'Abbeville, avant de parcourir le Pas-de-Calais puis le Nord ; les tornades d'Azincourt (Pas-de-Calais) et de Bailleul (Nord), lui sont imputables.
* la seconde s'est formée dans le Val-d'Oise, avant de parcourir l'Oise puis l'Aisne ; la tornade de Landouzy-la-Cour (Aisne) a été produite par cette supercellule juste avant sa dissipation.
D'autres probables supercellules de même type sont par ailleurs répertoriées le même jour, mais en liste secondaire.
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