Observatoire français des tornades et orages violents

Violents orages le 27 juillet 2013 et macrorafales destructrices

Dans la journée et soirée du 27 juillet 2013, une dégradation orageuse parfois sévère balaie plusieurs régions de France, avec une série de macrorafales destructrices. Les dégâts matériels sont localement très importants.

Résumé de l'épisode orageux

Faisant suite à une offensive orageuse exceptionnellement venteuse dans la nuit du 26 au 27 juillet (derecho généré par un MCC), la journée du 27 juillet commence par des orages déjà virulents dès 9h00 locales en Loire-Atlantique et en Vendée. Ceux-ci progressent en direction de la Normandie, où ils produisent déjà des pluies localement fortes à la mi-journée.
 
A partir de 14h00 locales, un front orageux se constitue rapidement dans les Pays-de-la-Loire et gagne de nouveau la Normandie. Entre 17 heures et 20 heures, cette ligne orageuse balaie l'ensemble de la Normandie, sous la forme d'un MCS en arc ("bow echo"). Il provoque sur son passage un série de macrorafales localement exceptionnelles (voir paragraphe suivant) et développe un arcus impressionnant, avant de poursuivre sa route vers le Nord - Pas de Calais. Une violente microrafale s'abat d'ailleurs dans le département du Nord, près du Cateau-Cambrésis. En périphérie sud du système, d'autres cellules orageuses se forment en début de soirée sur la Picardie. Elles se décalent vers les Ardennes en début de nuit.
 
Dans le même temps, à partir de 15h30, d'autres cellules orageuses se forment dans la Corrèze et le Puy-de-Dôme. Un axe orageux très actif se constitue alors en moins d'une heure de la région Midi-Pyrénées à l'Auvergne. Sa partie nord constitue un MCS en gagnant la Bourgogne puis Champagne-Ardenne ; il balaie ces deux régions du sud vers le nord, en développant une forme arquée et en générant de violentes rafales de vent. Sa partie sud développe pour sa part plusieurs supercellules qui circulent entre Haute-Garonne et Aveyron jusqu'en milieu de nuit. Les chutes de grêle et les rafales de vent sont localement violentes. Dans l'ouest de l'Aveyron, une macrorafale D3 est enquêtée par KERAUNOS.
 
En fin de nuit du 27 au 28 juillet, de nouvelles cellules à comportement supercellulaire éclosent en Aveyron et balaient le Cantal et le Puy-de-Dôme. L'une d'elles donne naissance à une tornade d'intensité EF2 à Saint-Alyre-d'Arlanc.

Macrorafales destructrices en Normandie

Les départements traversés par le bow-echo (MayenneOrneCalvadosEure, Seine-Maritime) sont les plus sévèrement touchés. Les rafales de vent mesurées par les stations au sol ont atteint jusqu'à 130 km/h. Compte tenu des dommages observés en plusieurs points de la Normandie, les rafales sont estimées proches de 180 km/h notamment dans le pays de Caux (macrorafale D3). Le clocher de l'église de Greuville est littéralement décapité, et un bâtiment agricole est éventré à Belleville-en-Caux, où une soixantaine de maisons sont endommagées. De fortes rafales de vent sont également signalées au passage de ces orages sur le littoral du Pas-de-Calais.
 
Les illustrations qui suivent présentent l'allure visuelle de l'arcus associé à ce système orageux extrêmement venteux :


Deux vidéos particulièrement impressionnantes illustrent la violence des rafales descendantes : à gauche dans le secteur de Belleville-en-Caux (Seine-Maritime), à droite à Vassy (Calvados) où un chasseur est contraint de trouver refuge chez un particulier


Illustration des dommages les plus sérieux à Greuville (clocher décapité) et Belleville-en-Caux (hangar effondré) :
 
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Les dommages à proximité de ces deux communes sont également importants, avec des arbres arrachés par dizaines. Une vidéo réalisée par drone au-dessus de Greuville par Guillaume ADAM permet d'évaluer l'étendue des dégâts.


Une violente microrafale s'abat également dans le département du Nord vers 22h10 locales. Les communes de Honnechy et du Cateau-Cambrésis sont touchées. Une partie d'un corps de ferme est entièrement soufflée, avec des morceaux de toiture projetés à plusieurs dizaines de mètres de distance. Les plus fortes rafales sont estimées proches de 200 km/h.

Autres faits marquants

En matinée, un facteur est foudroyé à Nantes, en pleine rue.
 
Des orages supercellulaires très actifs se forment en soirée entre le Limousin et le nord de la région Midi-Pyrénées. Ces orages produisent des chutes de grêle de 5 à 7 cm dans le Lot-et-Garonne, des lames d'eau horaires de 50 à 80 mm (inondations à Eymoutiers) et des rafales convectives ponctuellement fortes (près de 100 km/h à Montauban, des dégâts venteux dans le Lot).
 
Grêle en Lot-et-Garonne (photo La Dépêche du Midi - Claudine VEYRAC)
 

Une macrorafale D3 frappe également l'Aveyron vers 20 heures locales et provoque des dommages sérieux dans l'ouest du département, à proximité de Villefranche-de-Rouergue
 
Un système orageux de méso-échelle (MCS) génère de puissantes macrorafales en soirée le long d'un axe qui s'étire de l'Allier aux Ardennes, en passant par la Nièvre, l'Yonne, l'Aube, la Haute-Marne et la Marne. Les rafales de vent atteignent 120 à 140 km/h dans plusieurs postes métérologiques. Vers 21 heures, à Joinville (Haute-Marne), 30 personnes sont blessées, dont 6 grièvement, par suite de l'effondrement d'un chapiteau.

Illustrations des structures convectives : à gauche, arcus à 30 km au nord de Moulins, direction Nevers - A droite, arcus venteux à 15 km de Reims :


Enfin, une tornade d'intensité EF2 se développe en tout début de journée du 28 juillet, dans le sud du département du Puy-de-Dôme. Les communes de Cistrières et de Saint-Alyre-d'Arlanc subissent de lourds dégâts en forêt.

Une configuration météorologique propice à des orages organisés et violents

Cet épisode orageux particulièrement virulent se développe au sein d'un flux de SSO très rapide et très dynamique. Ce flux était piloté par un minimum secondaire d'altitude positionné au nord-ouest du Portugal, avec un minimum principal au nord-ouest de l'Irlande.

Cette configuration a positionné le courant-jet sur un axe Espagne - Mer du Nord, induisant de très forts cisaillements sur une grande moitié ouest de la France, ainsi qu'une diffluence marquée en haute altitude, générée par des ondulations du jet. Le vent moyen près de la tropopause approchait 150 km/h sur l'ouest du pays.


La masse d'air en présence était d'origine tropicale, à la fois très humide, très chaude et très instable. On note une langue de thêta'w supérieures à 20°C à 850 hPa qui s'étire des Pyrénées à la Champagne et au Nord - Pas de Calais. Elle est associée à une instabilité latente très forte, avec MUCAPE souvent comprise entre 3.000 et 4.000 J/kg.
 
 

En savoir plus sur cet épisode orageux

+ dossier complet sur la tornade EF2 de Saint-Alyre-d'Arlanc