Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Camphin-en-Pévèle (Nord) le 14 août 1999

Une tornade d'intensité modérée (EF2) traverse le Mélantois et la Pévèle (département du Nord) le 14 août 1999 vers 20h45 locales. Le phénomène, qui produit des dégâts matériels importants à Camphin-en-Pévèle, s'est peut-être poursuivi au-delà, jusque dans la région de Tournai (Belgique) où une tornade EF2 est également observée dans le centre-ville. En effet, la tornade de Camphin-en-Pévèle et celle de Tournai sont alignées, mais il demeure une incertitude sur la continuité des dégâts, faute d'enquête de terrain réalisée à l'époque.

La tornade de Camphin-en-Pévèle s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise au moins 2 cas en France pour la journée du 14 août 1999, dont la tornade EF1 de Phalempin (Nord).
 

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 6 kilomètres (distance minimale reconnue pour la seule partie française)
* largeur moyenne : 100 mètres

* communes traversées : ANSTAING (le Marichon), GRUSON (le Bas de Chéreng, les Huit Bonniers), CAMPHIN-EN-PÉVÈLE (ferme de Calonne, rue du Quennelet, Créplaine)
* département : NORD (59)
* altitude moyenne du terrain : 45 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu, territoires agricoles

* principaux dégâts : pylônes téléphoniques couchés; arbres, parfois de grande taille (peupliers notamment) déracinés ou cassés net; toitures endommagées (>20%); hangars très fortement endommagés voire détruits

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.

 

Trajectoire de la tornade

La tornade de Camphin-en-Pévèle et celle de Tournai peuvent constituer un seul et même phénomène, mais la présence d'une zone sans dégâts identifiés empêche de confirmer cette hypothèse avec certitude. Il peut donc s'agir d'un seul et même phénomène, comme de deux tornades successives ou quasi simultanées.

© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
 
Il est à préciser que cette carte n'intègre pas les dégâts venteux survenus au-delà de Tournai (Warchin, Rumillies, Beclers), qui pourraient être liés à la tornade de Tournai, mais sans que nous puissions l'attester. 

Un axe de dégâts de 40 kilomètres entre France et Belgique

Les tornades de Camphin-en-Pévèle et de Phalempin se sont développées durant une journée particulièrement instable sur le Nord-Pas de Calais et la Belgique. De nombreux dégâts dus au vent sont reportés dans la région lilloise, ainsi que dans le Brabant Flamand et le Hainaut belge.
 
Plus particulièrement entre le sud-ouest de Lille (Nord, France) et l'est de Tournai (Hainaut, Belgique), un axe orageux destructeur est observé sur une longueur totale de 40 kilomètres. La nature tourbillonnaire des dégâts a pu être identifiée en plusieurs points. De fait, au moins deux tornades se sont développées en peu de temps sur le département du Nord, à Phalempin et à Camphin-en-Pévèle, cette dernière ayant probablement poursuivi sa route jusque dans la région de Tournai (Belgique), où des gâts importants et d'origine tourbillonnaire ont été observés.

 

Coupure de presse

Le quotidien régional La Voix du Nord fait mention des orages survenus dans la région, dans son édition du 17 août 1999. Voici un extrait d'article faisant référence à la tornade de Camphin-en-Pévèle:
 
Samedi soir, à Wavrin, Camphin-en-Pévèle, Gruson, Anstaing, Wattignies et Tournai, en cinq minutes, pluies et vents violents mais très localisés, ont emporté les toitures et jeté bas les arbres.

Ailleurs, on ne s’est aperçu de rien, sauf, parfois, qu’il pleuvait fort. Mais à Wavrin, Camphin-en-Pévèle, Gruson, Anstaing, Wattignies, suivant une sorte de couloir calqué sur le trajet de la course cycliste Paris-Roubaix, samedi soir, vers 21h, une tornade a tout pulvérisé : des toitures, des arbres, des pignons, des voitures. Et la tempête ne s’est pas arrêtée à la frontière puisque Tournai aussi a été sévèrement ravagée.


« Rien ne permettait de prévoir un tel phénomène », affirmait hier, Jean-Michel Golinski, prévisionniste à Météo-France, à Villeneuve-d’Ascq. La force du vent, relevée à la station Lille-Lesquin, n’était que de 90 km/h. Mais elle a pu atteindre, par endroits, 150 km/h. L’état des lieux, dans les communes touchées, en atteste. Le spécialiste préfère d’ailleurs parler de « tourbillon » que de mini-tornade. Le mot évoque mieux l’hyper-localisation du phénomène.


Les pompiers de Villeneuve-d’Ascq, Templemars, Cysoing, Marcq-en-Barœul, ont passé la nuit à bâcher des toitures, à dégager des pylônes téléphoniques couchés. Les gendarmes de Baisieux ont prévenu les services d’EDF pour faire rétablir au plus vite l’électricité et le téléphone coupés à certains endroits.
Partout, les habitants se sont entraidés, tronçonnant des arbres déracinés, ramassant des tuiles, réconfortant les blessés, rassurant les enfants choqués.

700 appels


Les pompiers de Roubaix, qui centralisent les appels venant du nord et de l’ouest de la Métropole Lilloise, ont reçu plus de 700 appels et ce n’est pas terminé car les vacanciers, au retour, découvrent l’état de leurs caves inondées.


A Anstaing


C’est au-dessus de ce village que le gros nuage, responsable du tourbillon, s’est formé. Les vents ont projeté au sol les tuiles d’une ferme, rue Camille Dufay.


A Gruson


Toitures soufflées, arbres déracinés. Le quartier Pasteur et le lotissement des Bouleaux, surtout, ont souffert.

 
A Camphin

Dans le quartier du Quennelet, à Camphin-en-Pévèle, le tourbillon a été particulièrement violent. Hier matin, la mairie avait recensé 70 sinistres en tout genre et déposé un dossier à la préfecture afin que le village soit déclaré « zone sinistrée ». Les jardins sont dévastés et les habitants déblaient les branches cassées et les plaques en fibrociment.

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