Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Drancy (Seine-Saint-Denis) le 17 mars 1950

Le 17 mars 1950, en fin de soirée, une tornade d'intensité modérée (bas de l'échelon EF2) traverse trois communes de la banlieue nord de Paris, dont le quartier de l'Economie à Drancy (actuel département de la Seine-Saint-Denis). Le phénomène endommage de nombreuses toitures et blesse légèrement 2 personnes.
  

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 6,5 kilomètres
* largeur moyenne : 150 mètres

* communes traversées : LA COURNEUVE ; DRANCY (l'Economie) ; LE BLANC-MESNIL (Nouvelle Mairie)
* département : SEINE-SAINT-DENIS (93)
* altitude moyenne du terrain : 42 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles

* principaux dégâts : arbres couchés dans les jardins ; nombreuses toitures d'immeubles en dur, détériorées, ou partiellement arrachées, voire soulevées ; cheminées écroulées ; baraquements du quartier Nouvelle Mairie endommagés ; murs de clôture effondrés ; une fenêtre et son châssis arrachés d'un mur et écrasés dans une cheminée ; deux personnes blessées dans l'effondrement de tuiles ou de tôles

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée
(English version) . Cette version de l'échelle EF, élaborée et mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen et permet ainsi une notation précise des tornades, valable autant pour les tornades contemporaines que pour les tornades du passé, et homogène internationalement.
  

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : IGN 1950) 

"J'ai cru à un tremblement de terre"

La tornade de Drancy du 17 mars 1950 se produit vers 20 heures entre les territoires de la Courneuve et du Blanc-Mesnil, en passant par le quartier de l'Economie à Drancy. D'après les investigations menées par les journalistes de Ce Soir, le phénomène parcourt une distance comprise entre 6 et 7 kilomètres, pour une largeur moyenne de 150 mètres. Selon les propos recueillis, "la pression a été absolument formidable" dans le "corridor" emprunté par la tornade. Une habitante sinistrée de la rue Victor-Hugo à Drancy indique par ailleurs : "j'ai cru à un tremblement de terre". 

Après avoir traversé la Courneuve, où les dégâts ne sont pas détaillés, le tourbillon couche des arbres dans les jardins, abat des murs de clôture, puis atteint le quartier de l'Economie à Drancy. Les rues du Onze-Novembre, Victor-Hugo et René-Defilippi sont particulièrement sinistrées. Dans la rue du Onze-Novembre, deux toitures de pavillons en bois sont arrachées. Dans la rue Victor-Hugo, une fenêtre et son châssis sont arrachés du mur d'une maison et viennent s'écraser dans la cheminée avec un bruit terrible, endommageant les meubles. On retrouve là les caractéristiques d'un phénomène d'aspiration fréquemment observé dans des tornades urbaines d'intensité significative, où des objets situés à l'intérieur d'un domicile sont aspirés par le conduit de cheminée. D'autres toitures sont emportées dans le même quartier.

Au Blanc-Mesnil, une quinzaine de toitures du centre-ville sont littéralement soulevées et des cheminées tombent sur la voie publique, blessant légèrement deux personnes. Les lignes électriques et téléphoniques sont complètement arrachées. On signale enfin que des baraquements du quartier de Nouvelle Mairie subissent d'importants dégâts, sans plus de précisions.

Compte tenu des dommages infligés aux toitures, et de phénomènes d'aspiration significatifs, la tornade de Drancy du 17 mars 1950 est classée en intensité EF2 (bas de l'échelon) sur l'échelle de Fujita améliorée.

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Analyse de la situation météorologique

La tornade de Drancy s'est formée au sein d'un rapide flux océanique à dominante OSO, plus particulièrement dynamique en région parisienne en fin d'après-midi et en soirée, sous l'influence d'une entrée droite d'un jet-streak mobile (ci-dessous à gauche). Celle-ci est associée au transit d'un thalweg thermique à l'étage moyen (ci-dessous à droite), qui accentue temporairement l'instabilité latente sur ce secteur.



La configuration générale dans les basses couches témoigne d'une situation de traîne active, qui se propage sur l'Ile-de-France à l'arrière d'un front froid qui est alors situé plus à l'est, sur la Lorraine. Le contexte est par ailleurs fortement cisaillé dans les basses couches, assurant un environnement propice à la formation isolée de phénomènes tourbillonnaires.




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