Tornade EF3 à Cartignies (Nord) le 9 mai 1958
Le 9 mai 1958, une tornade de forte intensité (EF3) dévaste six communes de l'Avesnois, dont Cartignies (département du Nord). Le tourbillon, qui a été vu, endommage ou détruit une trentaine de fermes ou d'habitations. Aucune victime humaine n'est à déplorer.
L'analyse détaillée de la situation météorologique et du comportement de la cellule orageuse permet d'établir qu'il s'agit d'une tornade supercellulaire, avec une durée de contact au sol estimée entre 15 et 20 minutes.
L'analyse détaillée de la situation météorologique et du comportement de la cellule orageuse permet d'établir qu'il s'agit d'une tornade supercellulaire, avec une durée de contact au sol estimée entre 15 et 20 minutes.
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF3, soit des vents estimés entre 220 km/h et 270 km/h
* distance parcourue : 18 kilomètres
* largeur moyenne : 200 mètres
* distance parcourue : 18 kilomètres
* largeur moyenne : 200 mètres
* communes traversées : CARTIGNIES, BOULOGNE-SUR-HELPE, HAUT-LIEU, AVESNELLES, RAMOUSIES, LIESSIES
* département : NORD (59)
* altitude moyenne du terrain : 180 mètres
* type de terrain : territoires agricoles
* altitude moyenne du terrain : 180 mètres
* type de terrain : territoires agricoles
* principaux dégâts : pommiers déracinés; hangars de fermes entièrement détruits; toitures emportées sur plusieurs dizaines de mètres; habitations effondrées ou éventrées; vaches soulevées au-dessus des haies; multiples projectiles ou objets retrouvés à 5 kilomètres
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
Une tranchée dans la campagne avesnoise
La tornade de Cartignies du 9 mai 1958 fait l'objet d'une importante médiatisation dans la presse locale (La Voix du Nord y consacre plusieurs pages). A l'appui des zones sinistrées qui ont pu être explorées, nous pouvons retenir une trajectoire totale de 18 kilomètres et une largeur moyenne de 200 mètres, à travers six communes de l'Avesnois : Cartignies, Boulogne-sur-Helpe, Haut-Lieu, Avesnelles, Ramousies et Liessies : "Ce qu’il y a de plus étrange c’est que la trombe s’est abattue suivant une ligne droite et étroite de 200 mètres, dévastant comme d’un même souffle précis les six villages qui se trouvaient sur sa trajectoire. Or à quelques mètres de cette zone ravagée, de ces vergers et de ces maisons en ruines, la douceur de la campagne inattaquée éclate : tous les pommiers sont en fleurs, les tulipes et les lilas des jardins s’épanouissent… Ce contraste accroît le tragique du spectacle."
Le phénomène, qui provoque des dégâts considérables, a pu être vu : "J’étais allé chercher mes chèvres, j’étais près de l’étable lorsque j’ai vu du ciel une énorme boule noire fondre sur moi. Je me suis aplati contre le mur. En un instant, tout s’écroulait autour de moi. Les portes ont été arrachées, toutes les tôles des toits ont volé à plusieurs centaines de mètres. J’ai été suffoqué et je n’ai plus rien vu. Quand j’ai rouvert les yeux, la grange n’avait plus de toit, les murs étaient en ruines. Heureusement, ma femme et mes enfants étaient allés faire des achats. Ils sont arrivés cinq minutes après la catastrophe et ont été sauvés." [La Voix du Nord des 11 et 12 mai 1958].
Les dégâts, localement spectaculaires, relèvent d'une intensité EF3 : pommiers déracinés, habitations et corps de ferme éventrés ou effondrés, vaches soulevées au-dessus des haies, projectiles ou objets retrouvés à 5 kilomètres de distance.
Malgré la violence de la tornade, aucune victime humaine n'est à déplorer, même si une personne est blessée à la tête : "Devant la ferme saccagée de Mme Zurcher, gisent, violacés, cinq cochons. Ils sont restés étouffés sous une masse de luzerne jaillie de la grange lorsqu’elle s’est abattue. M. Zurcher, qui était dans l’étable, a réussi à dégager ses deux vaches des décombres mais il a reçu dans l’écurie deux briques sur la tête. Mme Zurcher pleure en songeant à son fils, soldat en Allemagne, à qui elle va devoir écrire qu’il n’a plus de maison."
Le phénomène, qui provoque des dégâts considérables, a pu être vu : "J’étais allé chercher mes chèvres, j’étais près de l’étable lorsque j’ai vu du ciel une énorme boule noire fondre sur moi. Je me suis aplati contre le mur. En un instant, tout s’écroulait autour de moi. Les portes ont été arrachées, toutes les tôles des toits ont volé à plusieurs centaines de mètres. J’ai été suffoqué et je n’ai plus rien vu. Quand j’ai rouvert les yeux, la grange n’avait plus de toit, les murs étaient en ruines. Heureusement, ma femme et mes enfants étaient allés faire des achats. Ils sont arrivés cinq minutes après la catastrophe et ont été sauvés." [La Voix du Nord des 11 et 12 mai 1958].
Les dégâts, localement spectaculaires, relèvent d'une intensité EF3 : pommiers déracinés, habitations et corps de ferme éventrés ou effondrés, vaches soulevées au-dessus des haies, projectiles ou objets retrouvés à 5 kilomètres de distance.
Malgré la violence de la tornade, aucune victime humaine n'est à déplorer, même si une personne est blessée à la tête : "Devant la ferme saccagée de Mme Zurcher, gisent, violacés, cinq cochons. Ils sont restés étouffés sous une masse de luzerne jaillie de la grange lorsqu’elle s’est abattue. M. Zurcher, qui était dans l’étable, a réussi à dégager ses deux vaches des décombres mais il a reçu dans l’écurie deux briques sur la tête. Mme Zurcher pleure en songeant à son fils, soldat en Allemagne, à qui elle va devoir écrire qu’il n’a plus de maison."
Photographies des principaux dommages qui illustrent la puissance de la tornade :
1 Cartignies - Habitation soufflée et débris en tout genre
2 Cartignies - Habitation éventrée
3 Haut-Lieu - Toiture d'une grange arrachée d'un seul bloc, route d'Etroeungt
4 Ce qu'il reste d'une grange, dont les tôles du toit ont été retrouvées à 1 kilomètre
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Analyse de la situation météorologique
Les données issues du programme de réanalyse par méthode ensembliste de la NOAA (CIRES-DOE) permettent de reconstituer les grandes lignes de la situation météorologique qui prévalait le vendredi 9 mai 1958, à l'heure de la tornade. On note que la France est soumise ce jour-là un flux de sud-ouest rapide, entre d'une part des hauts géopotentiels positionnés entre Corse, Sardaigne et Latium, et d'autre part un axe de thalweg étiré des îles Féroé jusqu'à l'est des Açores :X
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Cette configuration génère un très fort flux de sud-ouest en altitude : une branche de courant-jet vient en effet s'étirer des latitudes tropicales jusqu'à l'Europe du Nord, avec des vents moyens supérieurs à 150 km/h à 250 hPa (vers 10.000 mètres d'altitude, ci-dessous à gauche). A l'étage moyen, on note également la présence d'un jet étiré selon le même axe, avec des vents moyens qui excèdent 80 km/h à 700 hPa (vers 3.000 mètres d'altitude, ci-dessous à droite) :
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Au sol, une dépression se creuse lentement au fil de la journée au sud de l'Irlande. Elle est bien identifiable ci-dessous à gauche avec une pression minimale estimée proche de 1007 hPa. Elle contribue à l'accentuation du flux de sud à sud-ouest sur la France. Celui-ci va s'alimenter très loin en Afrique du Nord et advecte sur l'ensemble du pays une masse d'air très douce et humide, caractérisée par des thêta'w proches de 15°C à 850 hPa. Les profils verticaux deviennent instables, avec plusieurs centaines de J/kg de CAPE et un Lifted Index qui devient négatif. On note par ailleurs qu'un thalweg de surface se dessine sur la Bretagne en fin de matinée, puis migre vers la Normandie et le Nord - Pas de Calais en cours d'après-midi ; celui-ci va forcer la convection tout en accentuant l'hélicité relative en basses couches.
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De fait, la situation devient propice aux tornades sur le nord du pays dans le courant de l'après-midi. En témoigne un début de réaction du Significant Tornado Parameter entre Ile-de-France, sud du département du Nord et Ardennes (ci-dessous à gauche). La valeur en elle-même reste faible (0,1), mais elle doit être considérée en regard de la faible résolution des réanalyses (100 km) et de l'effet de lissage induit par la méthode ensembliste ici utilisée. Lorsque l'on injecte les observations réelles au sol au sein du profil vertical réanalysé, la valeur de STP est nettement supérieure pour la zone touchée par la tornade (1,4). Il est intéressant de noter par ailleurs que la réanalyse suggère bien la constitution de forts orages sur le nord de la France et la Belgique en fin d'après-midi du 9 mai 1958 (ci-dessous à droite).
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