Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Landemont (Maine-et-Loire) le 27 février 1927

Le 27 février 1927 en cours de nuit, une tornade d'intensité modérée (EF2) frappe plusieurs hameaux des communes de Landemont et de Saint-Laurent-des-Autels (Maine-et-Loire). Des phénomènes d'aspiration sont notamment observés à l'intérieur des maisons.
 
La tornade de Landemont s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 2 cas pour la journée du 27 février 1927, dont la tornade EF3 de Chançay (Indre-et-Loire) survenue moins de deux heures plus tard.
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade de Landemont (49) du 27 février 1927intensité maximale : EF2, soit des vents estimés de 175 km/h à 220 km/h
* distance parcourue : 7,9 kilomètres (distance minimale certaine)
* largeur moyenne : 200 mètres

* communes traversées : LANDEMONT (le Bois, le Château, la Ferdinière), SAINT-LAURENT-DES-AUTELS (Malvoisine, le Barbotin, la Tournerie)
* département : MAINE-ET-LOIRE (49)
* altitude moyenne du terrain : 90 mètres
* type de terrain : territoires agricoles

* principaux dégâts : arbres déracinés (nature non précisée) ; toitures entières enlevées et projetées au loin ; murs de granges et d'écuries renversés ; portes et fenêtres enfoncées ; cloisons démolies à l'intérieur des maisons
 
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen. 
 

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
 

Des cloisons démolies à l'intérieur des maisons

La tornade de Landemont du 27 février 1927 produit des dommages sur une bande de terrain de près de 8 kilomètres de longueur et sur un front de 200 mètres, entre le nord de Landemont et l'extrême est de Saint-Denis-des-Autels. Les hameaux du Bois, du Château, de la Ferdinière, de Malvoisine, du Barbotin et de la Tournerie sont successivement touchés. Au total, six fermes sont sinistrées.
 
Le Petit Courrier, dans son édition du 2 mars 1927, énumère les principaux dégâts : "Les arbres ont été déracinés, des toitures entières enlevées et projetées au loin, des portes et des fenêtres ont été défoncées. A l'intérieur de plusieurs maisons, des cloisons ont été complètement démolies. Les murs de plusieurs granges, écuries et hangars ont été renversés." Ce type de dommages relève d'une intensité EF2 sur l'échelle améliorée de Fujita.

Les dommages sont évalués à 170 000 francs.

Analyse de la situation météorologique

La situation météorologique du 27 février 1927 a pu être reconstituée à partir des données du programme de réanalyses ERA-20C du Centre Européen de Prévision (résolution 125 km). Les données fournies par ce programme permettent de reconstruire par modèle les conditions météorologiques à tous les niveaux de l'atmosphère à partir d'un nombre restreint de données d'observations. Les résultats sont certes à considérer avec une certaine prudence compte tenu des périodes reculées auxquelles ils s'appliquent, mais ils présentent un degré de fiabilité élevé qui permet une reconstruction pertinente de la plupart des épisodes météorologiques majeurs des 150 dernières années.

En complément, afin d'analyser plus en détail le contexte de méso-échelle, le modèle WRF-ARW 3 km a été déployé en version « reforecast » et initialisé sur ERA-20C avec les conditions du 26.02.1927 00Z. Dans le cas présent, la simulation obtenue présente une forte cohérence avec les observations réalisées à l'époque et fournit donc un scénario sans doute très proche de la réalité.

Il ressort de ces analyses que la France est soumise, dans la nuit du 26 au 27 février 1927, à un flux zonal rapide et cyclonique. Une goutte froide assez marquée (-29°C à 500 hPa ; voir ci-dessous à droite) gagne l'ouest du pays en cours de nuit, en bordure nord du courant-jet (ci-dessous à gauche).



Au sol, un front froid actif s'enfonce en deuxième partie de nuit vers l'est et le sud-est de la France. Sa trace est bien identifiable sur le champ de thêta'w à 850 hPa (ci-dessous à gauche). A l'arrière, sur les régions de l'ouest, un ciel de traîne se déploie ; cette traîne s'avère bien instable, comme en témoignent les valeurs de MUCAPE, qui dépassent localement 500 J/kg, soit un niveau élevé pour une situation nocturne de février (ci-dessous à droite).



Le modèle simule d'ailleurs des noyaux convectifs actifs dans cette traîne, sur les côtes de la Manche ainsi que sur les départements du centre-ouest, parmi lesquels l'Indre-et-Loire (ci-dessous à gauche). A la faveur de cisaillements marqués dans les basses couches, le potentiel de tornade s'avère réel : le Significant Tornado Parameter réagit de manière non négligeable pour une situation hivernale dans le reforecast ARW3 (ci-dessous à droite).



En somme, les tornades de Chançay et de Landemont se sont formées selon toute vraisemblance dans un contexte de traîne active bien instable et cisaillé, en sortie gauche de jet, soit dans une configuration qui est connue pour être propice aux tornades hivernales en France.

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