Tornade EF1 à la Seyne-sur-Mer (Var) le 24 septembre 1920
Fait exceptionnel, une seconde trombe marine s'échoue à la même heure dans la ville voisine de Toulon, en provoquant des dommages similaires dans l'intérieur des terres. Classées toutes deux en intensité EF1, ces tornades simultanées constituent de fait un outbreak inédit pour cette journée du 24 septembre 1920.
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF1, soit des vents estimés entre 135 km/h et 175 km/h
* distance parcourue : 4 kilomètres
* largeur moyenne : indéterminée (probablement plusieurs centaines de mètres)
* commune traversée : LA SEYNE-SUR-MER (la Verne, l'Oïde, les Plaines, Coste Chaude, le Rouquier, Donicarde, Daniel, Saint-Jean)
* département touché : VAR (83)
* altitude moyenne du terrain : 40 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés ; territoires agricoles ; forêts et milieux semi-naturels ; surfaces en eau
* principaux dégâts : arbres d'un bon diamètre brisés ; platanes et cyprès déracinés ; barques de pêche détruites ou projetées comme fétus de paille à 40 mètres ; toitures d'habitations endommagées, portes et fenêtres arrachées ; toiture d'un bâtiment de porcherie arrachée
Parcours de la tornade
X
Deux trombes marines simultanées
Concernant la Seyne-sur-Mer, la trombe marine aborde le littoral au niveau de la plage de la Verne. Selon le descriptif des témoins et la répartition géographique des différents lieux touchés, il semble que le tourbillon atteigne une largeur significative de plusieurs centaines de mètres : "On put voir en effet une énorme trombe en forme de pyramide prolongée tournoyant à une vertigineuse allure dans un ciel rougeâtre." [Le Petit Var du 25 septembre 1920].
Successivement, la tornade traverse les quartiers de la Verne, de l'Oïde, des Plaines, de Coste Chaude, du Rouquier, de Donicarde, de Daniel et de Saint-Jean, au terme d'un parcours terrestre total de 4 kilomètres.
En bord de mer, le tourbillon réduit des barques de pêche en miettes, ou les projette comme fétus de paille à 40 mètres de distance dans les terres. Ensuite, les mêmes dégâts se reproduisent dans plusieurs propriétés : arbres de bon diamètre brisés, platanes et cyprès déracinés, toitures d'habitations endommagées ou en partie arrachées, portes et fenêtres enlevées. Au Rouquier, une porcherie a sa toiture entièrement arrachée, et ses occupants affolés se répandent dans la campagne.
On ne signale aucun accident de personne à la suite de cette tornade.
Analyse de la situation météorologique
La situation météorologique du 24 septembre 1920 a pu être reconstituée à partir des archives météorologiques de l'époque, complétées par les données du programme de réanalyses "20th Century Reanalysis" mené par la NOAA, l'ESRL et le PSD. L'approche ensembliste développée par ce programme permet de reconstruire par modèle les conditions météorologiques à tous les niveaux de l'atmosphère à partir d'un nombre restreint de données d'observations. Les résultats sont certes à considérer avec une certaine prudence compte tenu des périodes reculées auxquelles ils s'appliquent, mais ils présentent un degré de fiabilité élevé qui permet une reconstruction pertinente de la plupart des épisodes météorologiques majeurs des 150 dernières années.Il ressort de ces analyses que les tornades de Toulon et de la Seyne-sur-Mer se sont développées dans un contexte que l'on retrouve classiquement lors des dégradations orageuses sur le littoral méditerranéen en général, et sur le département du Var en particulier.
On note ainsi la présence d'un minimum d'altitude bien creusé sur l'Aquitaine ; celui-ci pilote un flux de sud/sud-ouest à l'étage moyen, rapide et fortement cyclonique (voir ci-dessous à gauche). Au sol, un creux dépressionnaire concerne l'est de la France et l'ouest de la Méditerranée (ci-dessous à droite). Le Var se trouve ainsi sous l'influence d'un vent de sud/sud-est bien humide en basses couches.