Tornade EF1 à Evron (Mayenne) le 1er février 1930
La tornade d'Evron s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 2 cas pour la journée du 1er février 1930, dont la tornade EF2 de Tours (Indre-et-Loire).
Principales caractéristiques de la tornade
* largeur moyenne : indéterminée
* communes traversées : ÉVRON (bois des Rougeries, bois du Montil, les Petits Champs, les Guyonnières)
* type de terrain : territoires agricoles ; forêts et milieux semi-naturels
Trajectoire de la tornade
Un tonneau transporté à plus de 300 mètres
La tornade d'Evron du 1er février 1930 est résumée dans un article du quotidien "La Mayenne" du 12 février 1930. Entre les bois des Rougeries et les Guyonnières, il est fait mention d'une "colonne de vent", arrivant à une vitesse vertigineuse, et accompagnée d'un "ronflement intense imitant le bruit des rapides des chemins de fer." D'après les informations recueillies sur ce cas, la distance minimale certaine parcourue par la tornade est de 3,5 kilomètres au sud d'Evron.
Le tourbillon, qui évolue de l'Ouest/Sud-Ouest vers l'Est/Nord-Est, décapite ou tord des arbres dans les bois des Rougeries et du Montil. Après avoir couché un attelage de chevaux, la tornade traverse la cour de la ferme des Petits Champs, où elle brise toutes les vitres et endommage un hangar de 10 mètres de longeur. Les machines et les outils agricoles présents à l'intérieur du bâtiment sont détruits. Des fermiers aperçoivent également un gros tonneau "tournoyer dans les airs" et être transporté à plus de 300 mètres.
Ce type de dommages relève d'une intensité EF1 sur l'échelle de Fujita améliorée.
Analyse de la situation météorologique
La situation météorologique du 1er février 1930 a pu être reconstituée à partir des données du programme de réanalyses ERA-20C du Centre Européen de Prévision (résolution 125 km) et du programme "20th Century Reanalysis" mené par la NOAA, l'ESRL et le PSD (résolution 100 km). Les données fournies par ces programmes permettent de reconstruire par modèle les conditions météorologiques à tous les niveaux de l'atmosphère à partir d'un nombre restreint de données d'observations. Les résultats sont certes à considérer avec une certaine prudence compte tenu des périodes reculées auxquelles ils s'appliquent, mais ils présentent un degré de fiabilité élevé qui permet une reconstruction pertinente de la plupart des épisodes météorologiques majeurs des 150 dernières années.En complément, afin d'analyser plus en détail le contexte de méso-échelle, le modèle WRF-ARW 3 km a été déployé en version « reforecast » et initialisé sur NCEP-20CR avec les conditions du 31.01.1930 18Z.
De fait, l'instabilité s'accentue nettement dès la fin de matinée sur tout l'ouest du pays. Le reforecast ARW3 réalisé dans le cadre de cette étude met ainsi en évidence des valeurs de MUCAPE qui excèdent 500 J/kg des Charentes à l'Indre-et-Loire et à la Bretagne à la mi-journée, soit un niveau d'instabilité marqué pour une situation hivernale. Le modèle produit d'ailleurs une traîne bien active sur ces régions (ci-dessous à droite), ce qui est corroboré par les observations de l'époque, qui témoignent de fortes averses mêlées de grêle et de rafales de vent.
Le reforecast suggère par ailleurs la présence d'une hélicité relative marquée dans les basses couches (0-1 km), notamment en début d'après-midi le long d'un axe qui va de la Gironde au Centre et à la Haute-Normandie (ci-dessous à gauche). Associée à la forte instabilité présente en même temps sur ces régions, le potentiel de phénomènes tourbillonnaires était non négligeable de la Gironde à la région de Tours notamment en milieu de journée (voir ci-dessous à droite).
On trouve ainsi ici les ingrédients propices à la formation de tornades dans un contexte de traîne active hivernale.