Observatoire français des tornades et orages violents

Rafales meurtrières à Chevilly (Loiret) le 24 juillet 1911

La journée du 24 juillet 1911 est orageuse sur une bonne partie de la France. A la ferme de Chameul, commune de Chevilly (Loiret), cinq ouvriers réfugiés dans une grange sont tués par l'effondrement de la toiture causé par des rafales destructrices. Au total, dix personnes succombent en France à cause des orages durant les journées des 24 et 25 juillet.

Nombreux orages et dégâts importants

Après plusieurs jours de temps caniculaire sur la France, des orages se développent dans la journée du 24 juillet 1911. Ces derniers affectent en particulier la région Centre.

Dans le Loir-et-Cher, à Ouzouer-le-Marché, la grêle et le vent causent d'importants dégâts. Un ouvrier agricole surpris par l'effondrement d'une muraille est tué sur le coup.

Dans l'Orléanais, des rafales destructrices sous orages sont observées dans le secteur d'Artenay et d'Aschères-le-Marché:  

Au hameau de Mamonville, commune d'Oison, une grange est détruite par le vent. Un charretier est mort enseveli sous les décombres, ainsi que trois chevaux.

A la ferme de Chameul, ancienne commune de Creuzy (aujourd'hui Chevilly), six ouvriers agricoles réfugiés sous une grange sont victimes de l'effondrement de la toiture. Cinq d'entre eux sont tués, ainsi qu'un cheval. Le sixième individu est dans un état désespéré.

A Artenay, un peu plus au nord, le toit de l'église est arraché. Enfin, à Trinay, deux fermes sont fortement endommagées.

Il s'agit de l'un des phénomènes météorologiques les plus meurtriers que le département du Loiret ait connu.

A ce jour, la nature exacte de ces phénomènes venteux n'a pas pu être déterminée.

Victimes de la foudre

D'autres orages affectent la France les 24 et 25 juillet 1911, notamment dans le Cher, le Loir-et-Cher, l'Yonne, l'Aube, la Loire, la Haute-Loire et la Meurthe-et-Moselle. L'intense activité électrique est responsable d'un nombre important de foudroiements meurtriers:

- près de Toul (Meurthe-et-Moselle), un caporal est tué dans une tente,
- à Perrigny-sur-Armançon (Yonne), un homme réfugié sous un arbre succombe à un coup de foudre,
- à Souligny (Aube), une vieille femme qui travaillait dans les champs est tuée sur le coup.

De nombreux autres blessés sont à déplorer.

Illustration

La grange effondrée dans la ferme de Chameul (Loiret) a été photographiée. On y aperçoit la voiture des ouvriers qui crurent trouver refuge sous le toit effondré: 
 
 

Contexte météorologique du 24 juillet 1911

Après plusieurs jours de conditions anticycloniques et de températures caniculaires, un vaste thalweg, présent sur le proche Atlantique, finit par s'enfoncer jusqu'au Portugal en gagnant la France. A l'avant, une dépression de surface se forme sur le sud-ouest et remonte jusqu'en Ile-de-France. Cette situation est propice à des développements d'orages relativement peu mobiles, producteurs d'abondantes chutes de grêle, de lames d'eau remarquables et de très fortes rafales de vent.

Cette dégradation intervient dans une masse d'air tropical exceptionnellement chaude. La veille, les températures maximales atteignent 35,2°C à Nantes*, 36,5°C à Besançon*, 37,1°C à Toulouse*, 38,3°C à Lyon* (observatoire de Saint-Genis-Laval) et 38,5°C à Châteauroux*.

Coupure de presse

Le Journal des Débats Politiques et littéraires du 27 juillet 1911 fait un point sur la vague orageuse qui a touché la France durant cette période. Voici l'extrait qui évoque le drame de Chevilly:

"Dans l'Orléanais, à la ferme de Chameul, commune de Creuzy et appartenant à M. Vilmorin-Andrieux, six ouvriers agricoles venaient, pour fuir l'orage, de se réfugier sous une grange, lorsqu'une bourrasque ouvrit subitement les larges ventaux de la porte. Les six hommes essayèrent en vain de refermer celle-ci. Des coups de vent furieux ébranlèrent la toiture, qui s'effondra, tuant net cinq d'entre eux le sixième est dans un état désespéré. Parmi les morts sont deux jeunes gens de quatorze à seize ans, les autres sont mariés et pères de famille."

Sources

Les données suivies d'un astérisque proviennent du Bureau Central Météorologique.