Tornade EF2 à Longchamp (Côte-d'Or) le 6 octobre 1892
Le 6 octobre 1892 en milieu de journée, une tornade d'intensité modérée (bas de l'échelon EF2) traverse la forêt domaniale de Longchamp (Côte-d'Or) et plusieurs communes environnantes, sur un parcours remarquable de près de 25 kilomètres. Le phénomène, qui a fait l'objet d'un compte-rendu très détaillé, ne blesse personne.
Fait inédit, il est à noter qu'une nouvelle tornade d'intensité EF3 frappera le même territoire le 7 août 1948. Ce fait exceptionnel ne se rencontre que très rarement parmi les tornades recensées en France.
Fait inédit, il est à noter qu'une nouvelle tornade d'intensité EF3 frappera le même territoire le 7 août 1948. Ce fait exceptionnel ne se rencontre que très rarement parmi les tornades recensées en France.
Principales caractéristiques de la tornade
* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 24 kilomètres
* largeur moyenne : 200 mètres
* communes traversées : TART-LE-HAUT, TART-LE-BAS (village, l'Ouche), GENLIS (la Norges), LONGEAULT (la Tille), BEIRE-LE-FORT (le Crosne, village), LONGCHAMP (l'Arnison, bois de Chardenois, forêt domaniale de Longchamp), CHAMBEIRE (forêt communale), LAMARCHE-SUR-SAÔNE (forêt communale), SAINT-LÉGER-TRIEY (le Grand Etang, la Bèze), DRAMBON (la Bèze), MAXILLY-SUR-SAÔNE, TALMAY (la Vingeanne)
* département : CÔTE-D'OR (21)
* altitude moyenne du terrain : 205 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés ; territoires agricoles ; forêts et milieux semi-naturels ; surfaces en eau
* principaux dégâts : parcelles de forêts endommagées (gros chênes brisés, fendus en lattes, brisés, houppiers arrachés et transportés à 10 mètres) ; meule de paille soulevée ; bottes de 10 kilogrammes soulevées à une hauteur évaluée à 30 mètres et projetées à 50 mètres ; toitures d'habitations (tuiles et chaume) partiellement arrachées ; un baraquement déplacé sur sa base
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
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Un bruit ininterrompu de machine à battre
Dans un compte-rendu détaillé rédigé par Etienne Picard, les Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon (1893-1894) reviennent sur une tornade survenue dans la journée du 6 octobre 1892 en Côte-d’Or, à 20 kilomètres à l’Est/Sud-Est de la capitale bourguignonne.
Après une matinée très belle et une température élevée, le ciel se couvre peu à peu de nuages et l'atmosphère devient suffocante. Vers midi et demi, un brigadier forestier aperçoit, en direction de l'Ouest, une bande de nuages noirs qui circule à grande vitesse dans la direction de Tart-le-Haut et de Beire-le-Fort. Il trouve alors refuge dans une baraque de bûcheron, car la pluie commence à tomber. Distant de quelques kilomètres de la bande nuageuse, le témoin entend toutefois pendant quelques instants un bruit ininterrompu qu'il compare au bruit d'une machine à battre.
Dès le lendemain, des rapports de préposés de Longchamp et de Lamarche-sur-Saône signalent que plusieurs parcelles du massif forestier sont fortement endommagées par le vent, sur un parcours parfaitement rectiligne. D’après les informations recueillies sur l’événement dans son ensemble, un axe de dégâts venteux et convergents est en réalité identifié sur un parcours de 24 kilomètres en ligne droite, entre Tart-le-Haut et Talmay et sous un angle de 43° (Sud-Ouest à Nord-Est).
L’analyse des dégâts et du phénomène tel qu’il a été décrit (giration rapide, mouvement ascendant imprimé à certains objets, dégâts observés lorsque la pointe d'un appendice nuageux touchait les toits des villages ou les arbres, succession d'oscillations verticales) permettent d’attester d’un phénomène tourbillonnaire d’intensité EF2, et dont la bande de terrain sinistrée varie entre 100 et 320 mètres de largeur.
La tornade prend naissance entre Tart-le-Haut et Tart-le-Bas où, dans cette dernière localité, une toiture est endommagée. En prenant la direction de la forêt domaniale de Longchamp, le tourbillon survole successivement l’Ouche, la Norges à Genlis, la Tille à Longeault, le Crosne et le village de Beire-le-Fort, le bois de Chardenois et la forêt domaniale de Longchamp, les forêts communales de Chambeire et de Lamarche, le Grand Etang à Saint-Léger-Triey, enfin la Bèze à Drambon et la Vingeanne à Talmay.
A Longchamp, la tornade circule entre les maisons forestières du Verdot et du Tertre. Un brigadier déclare : « Sur le passage de l'ouragan, on ne voyait absolument rien, c'était un nuage de poussière ou de fumée rasant le taillis en tourbillonnant, le bruit était si fort qu'on ne pouvait distinguer si le tonnerre grondait ; cela n'a pas duré plus de 3 à 4 minutes, pendant lesquelles il n'est tombé que quelques gouttes de pluie. »
Le nombre d’arbres brisés ou renversés reconnus par les gardes forestiers s’élève à 688, dont 284 dans la seule forêt domaniale de Longchamp. Ce sont de beaux arbres, dont la cime dépassait du massif. De gros chênes sont ainsi brisés en section nette ou fendus en lattes ; on cite également des houppiers de gros chênes (2 à 3 mètres de circonférence) arrachés et transportés jusqu’à 10 mètres de distance. L’examen du sens de chute des arbres permet d’identifier un axe de convergence et un sens de rotation qui apparaîtrait cyclonique.
Au-delà du massif forestier endommagé, les dégâts sont moins bien analysés. Dans les deux seules agglomérations parcourues par la tornade (Tart-le-Bas et Beire-le-Fort), des toitures d’habitations (tuiles et chaume) sont partiellement arrachées. A Beire-le-Fort, une meule de paille est soulevée, des bottes de 10 kilogrammes sont soulevées à une hauteur évaluée à 30 mètres et projetées à 50 mètres. A l'ouest de Talmay enfin, rive gauche de la Vingeanne, une baraque construite sur un bâtis rectangulaire en bois reposant lui-même sur un bâtis rectangulaire en maçonnerie, est déplacée sur sa base.
Malgré les dégâts occasionnés, la tornade EF2 de Longchamp du 6 octobre 1892 n’a blessé personne.
Après une matinée très belle et une température élevée, le ciel se couvre peu à peu de nuages et l'atmosphère devient suffocante. Vers midi et demi, un brigadier forestier aperçoit, en direction de l'Ouest, une bande de nuages noirs qui circule à grande vitesse dans la direction de Tart-le-Haut et de Beire-le-Fort. Il trouve alors refuge dans une baraque de bûcheron, car la pluie commence à tomber. Distant de quelques kilomètres de la bande nuageuse, le témoin entend toutefois pendant quelques instants un bruit ininterrompu qu'il compare au bruit d'une machine à battre.
Dès le lendemain, des rapports de préposés de Longchamp et de Lamarche-sur-Saône signalent que plusieurs parcelles du massif forestier sont fortement endommagées par le vent, sur un parcours parfaitement rectiligne. D’après les informations recueillies sur l’événement dans son ensemble, un axe de dégâts venteux et convergents est en réalité identifié sur un parcours de 24 kilomètres en ligne droite, entre Tart-le-Haut et Talmay et sous un angle de 43° (Sud-Ouest à Nord-Est).
L’analyse des dégâts et du phénomène tel qu’il a été décrit (giration rapide, mouvement ascendant imprimé à certains objets, dégâts observés lorsque la pointe d'un appendice nuageux touchait les toits des villages ou les arbres, succession d'oscillations verticales) permettent d’attester d’un phénomène tourbillonnaire d’intensité EF2, et dont la bande de terrain sinistrée varie entre 100 et 320 mètres de largeur.
La tornade prend naissance entre Tart-le-Haut et Tart-le-Bas où, dans cette dernière localité, une toiture est endommagée. En prenant la direction de la forêt domaniale de Longchamp, le tourbillon survole successivement l’Ouche, la Norges à Genlis, la Tille à Longeault, le Crosne et le village de Beire-le-Fort, le bois de Chardenois et la forêt domaniale de Longchamp, les forêts communales de Chambeire et de Lamarche, le Grand Etang à Saint-Léger-Triey, enfin la Bèze à Drambon et la Vingeanne à Talmay.
A Longchamp, la tornade circule entre les maisons forestières du Verdot et du Tertre. Un brigadier déclare : « Sur le passage de l'ouragan, on ne voyait absolument rien, c'était un nuage de poussière ou de fumée rasant le taillis en tourbillonnant, le bruit était si fort qu'on ne pouvait distinguer si le tonnerre grondait ; cela n'a pas duré plus de 3 à 4 minutes, pendant lesquelles il n'est tombé que quelques gouttes de pluie. »
Le nombre d’arbres brisés ou renversés reconnus par les gardes forestiers s’élève à 688, dont 284 dans la seule forêt domaniale de Longchamp. Ce sont de beaux arbres, dont la cime dépassait du massif. De gros chênes sont ainsi brisés en section nette ou fendus en lattes ; on cite également des houppiers de gros chênes (2 à 3 mètres de circonférence) arrachés et transportés jusqu’à 10 mètres de distance. L’examen du sens de chute des arbres permet d’identifier un axe de convergence et un sens de rotation qui apparaîtrait cyclonique.
Au-delà du massif forestier endommagé, les dégâts sont moins bien analysés. Dans les deux seules agglomérations parcourues par la tornade (Tart-le-Bas et Beire-le-Fort), des toitures d’habitations (tuiles et chaume) sont partiellement arrachées. A Beire-le-Fort, une meule de paille est soulevée, des bottes de 10 kilogrammes sont soulevées à une hauteur évaluée à 30 mètres et projetées à 50 mètres. A l'ouest de Talmay enfin, rive gauche de la Vingeanne, une baraque construite sur un bâtis rectangulaire en bois reposant lui-même sur un bâtis rectangulaire en maçonnerie, est déplacée sur sa base.
Malgré les dégâts occasionnés, la tornade EF2 de Longchamp du 6 octobre 1892 n’a blessé personne.
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Une tornade EF3 traverse de nouveau Longchamp en 1948
Longchamp fait partie de l'une des rares localités françaises à avoir été touchée par une tornade à plusieurs reprises : le 6 octobre 1892 (intensité EF2) et le 7 août 1948 (intensité EF3).
Ce fait, qui n'est pas exceptionnel en soit et qui se vérifie dans plusieurs communes françaises (une vingtaine en tout), est plus remarquable dans le cas de Longchamp, car la trajectoire empruntée est, à quelques centaines de mètres près, rigoureusement identique. On note toutefois qu'en 1892, le phénomène avait parcouru une distance supérieure et épargné le centre du village.
Les causes de ce double événement restent indéterminées, car rien ne permet de prouver que la nature du terrain ou la topographie (massif forestier dans le cas de Longchamp) peuvent avoir entièrement favorisé la formation d'une tornade à deux reprises et dans les mêmes circonstances. Nous notons toutefois que d'autres lieux ont déjà été frappés de la même manière : la vallée de Joux (Jura) probablement favorable à un cisaillement local, ou la ville de Sète (Hérault) dont l'environnement immédiat pourrait être influencé par le Mont Saint-Clair.
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