Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF4 à Châtenay-en-France (Val-d'Oise) le 18 juin 1839

Le 18 juin 1839, une tornade de très forte intensité (EF4) touche la plaine de France (Val-d'Oise), où elle produit des dégâts spectaculaires sur la végétation, notamment à Châtenay-en-France. Le phénomène, qui a été vu, a fait l'objet de très nombreuses publications scientifiques.

A l'heure actuelle, la tornade de Châtenay-en-France fait partie des cas les plus célèbres du XIXe siècle en France
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade de Châtenay-en-France (95) du 18 juin 1839intensité maximale : EF4, soit des vents estimés entre 270 km/h et 320 km/h
* distance parcourue : 3,7 kilomètres
* largeur moyenne : 150 mètres

* communes traversées : FONTENAY-EN-PARISIS (les Petits Genêts, la Frette, le Pré Mary), CHÂTENAY-EN-FRANCE (château et bois de Châtenay)
* département : VAL-D'OISE (95)
* altitude moyenne du terrain : 135 mètres
* type de terrain : territoires agricoles, forêts et milieux semi-naturels

* principaux dégâts : murs de clôture renversés ; cheminées enlevées ; toitures, dont celle du château, enlevées avec pannes, chevrons, tuiles qui ont été projetés jusqu'à 500 mètres et plus ; toiture de la ferme du château détruite aux trois-quarts ; arbres de tous âges et de toute grosseurs (mixtes) déracinés, brisés, clivés et transportés à plusieurs centaines de mètres ; un pommier déposé à 200 mètres de distance sur un monticule de chênes et d'ormes ; une jeune fille entraînée par la tornade à dix mètres environ, avant de se cramponner à un tronc d'arbre ; murs de 50 cm d'épaisseur effondrés

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Parcours de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : carte de l'Etat-Major de 1820-1866)
 

Arbres emportés à plusieurs centaines de mètres

La tornade de Châtenay-en-France a fait l'objet de très nombreuses publications dans des ouvrages scientifiques. M. Peltier - à l'origine du premier recensement de tornades publié en 1840 - s'est rendu lui-même sur les lieux afin de déterminer les circonstances et les effets produits par la tornade. A l'appui de témoignages et d'une enquête de terrain minutieuse, il apparaît que la tornade a parcouru une trajectoire de 3,7 kilomètres sur une bande de terrain large de 150 mètres en moyenne, entre le Sud/Sud-Ouest de Fontenay-en-Parisis et le Nord de Châtenay-en-France.
 
Le phénomène, vu de nombreux témoins, s'est constitué sur une parcelle de terrain nommée Les Petits Genêts. Un berger, positionné au niveau de l'avenue de Pontoise, décrit la tornade comme suit : « L’orage est descendu et s'est rapproché de la terre ; quelques uns des nuages se sont détachés des autres et ont formé un tourbillon. Parmi les nuages il y en avait un petit qui ne suivait pas la marche des autres et qui vint directement vers moi ; puis, tout à coup, il se retourna d'un autre côté, s'éleva et disparut. Le nuage inférieur de l'orage était très bas, presque sur ma tête et tellement épais, que je ne pouvais voir à quelques pas ; au moment de sa descente et de son approche du sol, j'ai entendu un grand coup de tonnerre, et ce fut le dernier, car après ce n'était plus qu'un roulement, un frémissement continu et considérable. »

En continuant sa route en direction de Châtenay-en-France, la tornade circule à l'extrême Ouest de Fontenay-en-Parisis. Tous les témoins décrivent un cône renversé bien constitué, animé d'un mouvement oscillatoire caractéristique et accompagné d'un bruit de roulement continu. Après avoir renversé des arbres le long d'un ruisseau, la tornade survole deux fermes dont les toitures sont détruites et emportées, les murs de clôture renversés et les enclos dévastés. Ces dégâts démontrent que la tornade atteint déjà un niveau d'intensité élevé, probablement EF2 voire EF3.
 
Le tourbillon prend ensuite la direction de la colline de Châtenay. Un témoin compare, à tort, l'extrémité de la tornade à la forge d'un maréchal, en ayant l'impression de voir de la matière ignée enroulée à la base du cône. En traversant la route de Mareil (aujourd'hui rue Honoré de Mirabeau), la tornade renverse des peupliers et endommage des maisons : les toitures sont enlevées et les vitres brisées. Dans une habitation, du linge est même aspiré par la cheminée et transporté au loin.
 
Dans le parc du château, la tornade déploie toute son intensité en dévastant une grande quantité d'arbres, dont certains de grande dimension. Ces derniers sont déracinés, brisés, clivés et transportés à plusieurs centaines de mètres. Un pommier est même déposé à 200 mètres de distance sur un monticule de chênes et d'ormes. Un axe de convergence est par ailleurs identifié lors du passage de la tornade dans le parc. Les toitures, dont celles du château et d'une ferme attenante, sont enlevées avec les pannes, les chevrons et les tuiles qui sont projetés jusqu'à 500 mètres, voire davantage.
 
Le puissant mur de clôture, qui sépare la ferme du château, est renversé en cinq portions presque égales de 7 à 8 mètres chacune, mais dans des sens différents. L'analyse effectuée par M. Lalanne, en tenant compte d'un coefficient qui dépendrait de la nature de la maçonnerie, conclut sur un effort de renversement exercé contre certaines parties de murailles d'au moins 456 kilogrammes par mètre carré, ce qui donnerait lieu à une vitesse de vent de 72,5 mètres par seconde, soit 261 km/h, soit encore une intensité EF3 sur l'échelle améliorée de Fujita. Ce calcul est proche de la réalité puisque la tornade de Châtenay-en-France peut être classée EF4, à l'appui des projections d'arbres à une distance supérieure à 150 mètres.
 
En poursuivant sa route vers le Nord/Nord-Est, la tornade traverse un étang en contrebas du parc du château, brise encore quelques arbres, et entraîne une petite fille à une dizaine de mètres, qui parvient ensuite à s'agripper à un tronc d'arbre. Enfin, la tornade se dissipe à 1 kilomètre de Châtenay-en-France en se rompant par le milieu, après s'être considérablement rétrécie.
 

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