Observatoire français des tornades et orages violents

Supercellules entre Alsace et Bade-Wurtemberg le 13 mai 2015

Le chasseur d'orages Guillaume Scheib était positionné entre Alsace et Bade-Wurtemberg en Allemagne, le 13 mai 2015. Il a pu saisir les orages supercellulaires et la foudre et nous livre son récit.

Depuis plusieurs jours les prévisions laissaient apparaître une franche dégradation orageuse sur la façade est du pays. En effet après plusieurs jours sous de chaudes températures (25-30°C) la situation allait rapidement se déstabiliser et évoluer jusqu’à l’orage.?? Au fil des runs, le potentiel orageux remontait sur le nord-est, plaçant en ligne de mire la Lorraine, l’Alsace et la Franche-Comté.?? Dans la matinée du mercredi 13 mai 2015 la décision fut prise de rejoindre dans un premier temps le centre Alsace puis de se replacer en conséquence suivant l’évolution de la situation

Nous (moi et  mon collègue Alexandre Nicolle) arrivons sur place en milieu d’après-midi aux environs de la commune d’Heidolsheim (67), le ciel montre déjà de francs signes d’instabilité laissant présager une évolution orageuse dans les heures suivantes.

 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 

Vers 18h, la situation orageuse s’initie dans les régions ouest du Nord-Est, comme prévu. Nous allons chercher à gagner un point de vue sur les collines de la Forêt-Noire qui donne sur la plaine alsacienne. Malgré la faible distance nous séparant du pays voisin la situation est extrêmement dynamique, le temps de trouver un point de vue acceptable dans le vignoble allemand que l’orage aborde déjà la plaine d’Alsace. L’enclume nous recouvre déjà avec de splendides mammatus très bien dessinés.

La situation évolue rapidement, le tonnerre devient très présent mais la foudre est rarement visible. Sur les 3 chutes de foudre aperçues j’arrive tout de même à capturer l’une d’entre elle tombant en air sec sur l’une des parties hautes d’un manège du célèbre parc d’attraction allemand. On commence à distinguer au loin sur la gauche une base laminaire au-dessus des Vosges, nous sommes fixés nous allons avoir affaire à un orage rotatif.

 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
Après maintes décharges inter-intra nuageuses le mésocyclone se rapproche de nous et malgré quelques gouttes de pluie nous restons actifs, mais ne tarderons pas à partir car de la grêle est signalée sous l’orage.
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
Avant de prendre la fuite j’en profite pour faire une dernière prise de vue à l’ultra grand angle pour mettre en évidence toute la structure de l’orage. Le vent commence à souffler, nous partons en vitesse …

 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
 La chance nous sourit, nous trouvons rapidement abri sous un garage automobile, la grêle se met alors à tomber, les grêlons sont de taille respectable, 3 cm pour les plus gros, mais sont très souvent de formes très inhabituelles :
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
Une fois la grêle passée, nous n’avons pas de temps à perdre nous rejoignons rapidement l’A5 pour descendre vers Fribourg (DE). En effet un autre orage semble suivre le premier plus au sud cette fois-ci. Durant le trajet nous remarquons qu’une nouvelle base rotative se rapproche, arrivés au sud de Fribourg nous sortons de l’autoroute car l’orage arrive rapidement. Nous avons face à nous un orage en pleine maturité avec une base très développée, un spectacle rarissime dans la région (vraisemblablement celui qui aura causé le phénomène venteux dans les Vosges et les tornades en Allemagne) :
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 

Son passage est violent, la poussière est soulevée, on entend les débris frapper le véhicule. Nous trouvons refuge sous une station-essence, le temps devient violent. Le vent se déchaine il se met à grêler sérieusement, la végétation se fait hacher, les grêlons atteignent les 4 cm (plus gros encore sur d’autres secteurs de la ville). La cohue fut brève mais très intense.
A l’arrière le calme revient, une petite photo d’ambiance montrant l’arrière de l’orage :

Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB

 

Il est alors plus de 21h, alors que nous croyons que l’énergie est insuffisante pour créer d’autres orages, la convection reprend de plus belle au sud de cet orage. Nous nous replaçons pour admirer les premières électrisations de cet orage naissant à l’heure bleue.
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 
Orages supercellulaires le 13 mai 2015. © Guillaume SCHEIB
 
 

Le ciel se couvrira et nous empêchera de poursuivre notre quête photographique, il est temps pour nous d’amorcer le retour. Merci pour votre lecture !