Observatoire français des tornades et orages violents

Orage et foudre ramifiée en Alsace, le 18 juin 2021

Guillaume Scheib était positionné dans le Bas-Rhin le 18 juin. Il nous livre son récit et ses clichés.

Pour introduire ce petit récit j’aimerais juste souligner qu’il n’est pas issu d’une véritable chasse orageuse mais plutôt de la saisie d’une opportunité kéraunique autour de la petite ville où je réside.

L’ensemble des clichés présentés ci-après ont été pris avec 2 reflex plein format. Le premier était équipé d’un objectif de 50mm et le second d’un zoom grand angle 15-30mm.

Ce vendredi 18 juin 2021 est en Alsace du nord une journée pleinement estivale dans la continuité des précédentes, très chaude avec des températures dépassant les 30°C. L’après-midi est calme et l'instabilité est limitée aux massifs environnants avec simplement quelques cumulus évoluant timidement jusqu’à l’averse.

À l’heure du dîner un rapide coup d’oeil par la fenêtre m’intrigue, le ciel qui jusque là était limpide semble devenir instable avec la présence d’une belle bande d’altocumulus déjà ponctuée de convection plus franche. Je prends donc la décision de me rentre à la sortie du village pour observer l’évolution du ciel.

Le premier cumulus atteint vite le stade de cumulonimbus mais les rideaux de pluie restent discret et disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. On sent que la convection manque un peu de pep’s. Malgré tout cet orage encore monocellulaire se rapproche des Vosges du Nord et va sans doute bénéficier d’une poussée convective plus franche grâce au massif. ?


 

La base nuageuse s’épaissit et les premiers coups de foudre tombent au sol. Ils sont généralement de faible intensité lumineuse et baignent dans une lumière de fin de journée, la « golden hour » bat son plein.


 

En arrivant sur le massif l’orage gagne en puissance et quelques coups de foudre plus lumineux se mettent à tomber à l’avant des rideaux de précipitation.


 

La situation s’accélère très vite et la convection s’enclenche sur une longue bande étroite. J’hésite à me replacer plus à l’avant mais je choisi finalement de me faire dépasser par la ligne et de photographier par l’arrière en espérant que le soleil couchant vienne provoquer de belles lumières. Je vais juste me replacer 2km vers l’est pour me dégager la vue.

Arrivé sur ce nouveau spot, un coup de foudre sort très haut du cumulonimbus et tombe à seulement 2km d’ici et va toucher un peuplier de plein fouet, la mise à feu est bien visible. Le lendemain je me suis rendu sur place pour constater les dégâts, l’arbre est fissuré de haut en bas et des morceaux de bois d’un mètre se sont retrouvés projetés à plus de 20m.




L’orage s’éloigne vers l’Allemagne et la lumière devient impressionnante (aucun ajout de saturation). Plusieurs décharges nuage-sol sont capturées depuis l’arrière de l’orage, une situation peu fréquente généralement.






Une nouvelle cellule vient se greffer sur le sud du système orageux, celle-ci se trouve juste devant moi, la convection est franche et le rideau de pluie semble très intense. L’activité électrique se montre rapidement. Un coup de foudre bien ramifié décide de se montrer, encore une fois dans une ambiance crépusculaire remarquable.


 

Superposition de 2 clichés presque consécutifs mettant en avant l’activité électrique nuage-sol particulièrement présente sous cette nouvelle cellule.




Il s’en suit d’autres décharges dans une lumière typique de l’heure bleue, la nuit s’apprête à tomber.






L’orage s’éloigne vers l’Allemagne et reste très actif, toute la structure nuageuse se dévoile juste au-dessus. Plusieurs décharges simultanées se manifestent par moment sous la base.




 

Dans sa fuite le système orageux balance plusieurs éclairs extranuageux partiellement masqués par les nuages parasites. Seul celui-ci sera relativement parlant et mettra un terme à plusieurs heures d’admiration d’un orage hautement esthétique à 2 minutes de mon domicile.